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FIGB recrute




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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 19:49

Partie 1

Partie 2

Partie 3

 

Les dés semblèrent rouler des heures, leurs faces iridescentes projetant leurs symboles aléatoires scintillants. Les spectateurs étaient comme hypnotisés et le silence régnait dans le cosmo-casino quand, enfin, un par un, les dés s’immobilisèrent. Le colonel Moutarde. Avec le cosmoslip. Dans le sas de décontamination.

– Hahaha ! Vous avez perdu ! Avec la famille Charcutier dans ma main, l’infirmerie l’emporte sur le sas ! Le cosmoslip ne suffira pas ! Et ce n’est pas votre silhouette sculpturale ciselée par la main d’un dieu de la luxure, ni votre odeur naturelle de croissant chaud qui y changeront quelque chose ! Je t’avais bien dit que c’était probabilistiquement impossible qu’il me batte, Zindy-Talia ! glapit joyeusement Patrick. Vous pouvez aller vous enfermer aux cabinets, monsieur le joli corps - cœur ! Je veux dire cœur !

– Le cosmoslip… murmura Dzzimmy-Dzohn. Eh bien, il ne m’aura pas porté bonheur ce soir, peut-être aurais-je dû faire confiance à mon spatiocalbute... Eh bien, tant pis ! Il lança d’une voix tonnante à l’attention du public : Turlubinotournée générale pour tout le monde ! Il ne sera pas dit que Dzzimmy-Dzohn McJohnny est mauvais joueur !

 

Une clameur retentit et des vivats furent poussés, car s’il est une chose commune sur toutes les planètes du multivers connu qui provoque clameur et vivats, ce sont bien les tournées générales, et une cohue se forma tandis que la foule hétéroclite se ruait en direction du turlubinopulsobar en courant sur deux, trois ou six pattes, ou en volant à faible altitude, emportant tout le monde sur son passage, avec, à sa tête, un Patrick-chan exultant et décidé à se faire payer par son rival le jus de glüte turlubinopulsé le plus cher dont disposait le Métabarman.

Dans la confusion, Dzzimmy-Dzohn vit passer Zindy-Talia près de lui, et, discrètement, lui attrapa le tentacule préhenseur antérieur dextre.

– J’ai perdu, lui souffla-t-il, et l’honneur de mon clan me dicte d’aller m’enfermer aux toilettes. Mais ma cellule parentale est (un frisson s’empara de lui, et il continua d’une voix étranglée), ÉTAIT de bons clients, et le système digestif de mon espèce fonctionne sur un rythme… Enfin, toujours est-il que je dispose ici de toilettes privatives, qui ne s’ouvre que sur présentation de mon empreinte génétique. Si le cœur vous en dit… vous pouvez me rejoindre. La porte est marquée McJ, pour MacJohnny, elle est entre les toilettes messieurs et la grille d’aération du compacteur à ordures. Elle est insonorisée…

– <Pour qui vous prenez-vous, espèce de rustre intergalactique ? Je n’ai de sentiments contractuels qu’envers mon mari !>

– Cet humain qui était prêt à vous céder à moi par arrogance ? Vous savez, probabilistiquement, il était possible que je gagne, et qu’auriez-vous fait alors ? Et où est-il, maintenant ? En train de se gaver de jus de glüte turlubinopulsée à mes frais ? Vous méritez mieux, Zindy-Talia.

 

Elle lui arracha son tentacule, et, lui lançant un dernier regard intense comme une supernova, s’en alla, l’épine dorsale sinuante, telle une mangloute tournant le dos au poulmar pour s’en aller rejoindre, d’une démarche impériale, son glornag de mari.

 

Poussant un soupir qui fit frémir doucement son deutérostome sphinctatique, Dzzimmy-Dzohn adressa un dernier coup d’œil au délicat pygeostome de la mangloute, puis se dirigea vers les toilettes. Arrivé devant la porte siglée McJ, il lécha avec morosité le lecteur d’empreintes et, lorsque la voix électronique lui eut souhaité la bienvenue et un joyeux astrocycle, il se dirigea vers le lit de vase tiède et luxuriant qui occupait la majeure partie de la pièce, dont une vaste baie vitrée donnait sur l’immensité de l’espace. Il ôta sa chemise et s’allongea dans la substance molle et accueillante. Il allait devoir attendre un moment…

 

Soudain, un grattement timide se fit entendre à la porte. Dzzimmy-Dzohn se leva d’un bond souple et avec un schlorrrrp sonore. Zindy-Talia ! Sans nul doute, elle s’était rendue à ses sens et avait décidé qu’il lui fallait savoir répondre à l’appel de son corps, et que Dzzimmy-Dzohn devait être son professeur sur le chemin de l’orgasme cosmique ! D’un geste vif, il ouvrit grand la porte.

 

– Excusez-moi, M. McJohnny, je me suis dit que… Enfin, je n’ai pas été très bath avec vous, je le reconnais, et, euh… vous avez soif ? Je vous ai pris un communard, c’est un short drink vin rouge – cassis, il symbolise la victoire éternelle du prolétariat sur les forces réactionnaires bourgeoises, et je me suis dit que...

– Oh. Euh… c’est très gentil, camarade Patrick, mais vous n’étiez pas obligé de...

– Oh mais c’est un plaisir ! Je… j’ai pris un verre pour vous accompagner, si ça vous tente… Vous ai-je dit à quel point vous sentez bon ?

– Ce… ce sont les phéromones à large spectre sécrétées par mon espèce, Patrick. Je ne pensais pas que votre espèce y était sensible.

– Ho, mon espèce est très sensible, camarade McJohnny… Mais je peux peut-être plutôt vous montrer ?

– Mais que va penser Zindy-Talia ?

– Elle en pensera ce qu’elle voudra, tout ceci est réglementaire, c’est dans les petites clauses de notre contrat nuptial. Mais trêve de bavardages, prenez-moi, Dzimmy ! Mon corps n’en peut plus !

 

Avec un petit sourire, Dzzimmy-Dzohn referma la porte. Finalement, peut-être le cosmoslip lui avait-il bien porté bonheur...

 

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4 mars 2021 4 04 /03 /mars /2021 10:19

épisode 1 : c'est là qu'il faut cliquer si vous avez la flemme de scroller.

épisode 2 : c'est ici.

 

 

L’épine dorsale engorgée d’une fureur vertueuse bien compréhensible, Zindy-Talia glissa jusqu’à Patrick-chan, lui tendit son turlubinogobelet de glüte fraîchement turlubinopressée, et posa au passage un cosmobaiser léger sur son front légèrement moite et salé, jetant par la même occasion à Dzzimmy-Dzohn un regard de braise courroucée, facilement décryptable à la teinte pourpre de ses iris ocellés. Comment cette créature manifestement futile, aussi esthétiquement plaisante fût-elle, osait-elle insinuer… ?

Cependant, si sa conscience rationnelle était très claire quant à l’affection matrimoniale qu’elle avait contractée vis-à-vis de Patrick, son corps semblait n’en avoir cure, et ses stigmatophores glougloupiaient encore sous sa robe au souvenir du contact du tagme préhensile de cet effronté sur sa chair. Ses capillaires faciaux se dilatèrent, lui faisant monter le vert au front. Cette sensation… elle ne l’avait encore jamais éprouvée. Se pouvait-il que… Non, elle était forte, et digne, et pure, et jamais, jamais l’inconcevable vice, l’irrationelle perversion du désir sexuel ne la souillerait.

 

Un souvenir remonta à la surface de son esprit enfiévré, celui de sa sœur-génitrice, la Révérende-Mère Zallif Al’Kame, sur son lit de mort, lui faisant réciter le mantra de son peuple : « Je ne connaitrai pas le désir charnel, car le désir charnel tue l’esprit. Le désir charnel est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai mon désir charnel. Je ne lui permettrai pas de passer sur moi, ni au travers de moi. La parthénogénèse est la seule voie de la pureté reproductive. » Et depuis ce temps, elle avait tenu parole, et si elle nourrissait envers Patrick une affection sincère, elle l’avait aussi épousé car le corps humain qui était le sien était la chose la plus à même de lui éviter toute pensée impure. Ces membres courtauds ridiculement disposés autour d’un tronc central trapu, cette absence de toute symétrie radiale ou même d’une parcelle de squelette externe, ces fines excroissances kératineuses disposées en touffes aléatoires sur cette chair molle, tout cela était la garantie que jamais ne naîtraient en elle les affres de la passion amoureuse qui la mèneraient, c’était sûr, directement dans les limbes du Grand Rien où les impurs sont dévorés par les impitoyables Wolochs. Patrick-chan la traitait avec bonté, mais son enveloppe physique n’éveillait heureusement en elle nulle passion, et elle avait pris soin de ne rien lui révéler des secrets de son appareil reproducteur, et c’était donc avec patience qu’elle subissait ses vaines tentatives d’accouplement, auxquelles il avait droit selon l’article 18b de leur contrat nuptial. Il s’agitait avec un certain entrain autour de sa cavité vestibulaire auditive, qu’il confondait sans doute avec un organe procréateur, farfouillait avec ce qu’il appelait « son petit robinet d’amour » son canal cochléaire (ce qui provoquait chez elle un vague inconfort, mais en plissant ses cartilages internes, elle parvenait à réduire de quelques décibels le vacarme provoqué), puis, avec un petit glapissement, contractait dans un spasme ses glandes sous-ventrales et projetait un filet de glaires blanches, qu’elle avait appris à identifier comme l’expression de sa satisfaction amoureuse. Elle le remerciait pour ce don de ses fluides, qu’en tant que créature essentiellement aquatique, elle savait reconnaître à leur juste valeur, puis allait dans sa cabine de décontamination faire ses ablutions tandis qu’il s’assoupissait, son système ventilatoire laissant échapper un vrombissement épuisé d’avoir soutenu cet effort mensuel.

 

Elle mit ces idées lubriques de côté dans son bazardocortex, et concentra son flux de conscience sur la partie en cours. Avec trois familles sur les sept en mains, il ne manquait à Patrick qu’un triple combo pour faire tapis. Sans se retourner, il lui tendit son cornet à holodés afin qu’elle le gloupiote pour lui porter bonheur. Elle effleura du bout de ses pseudochélicères veloutées le cornet en cuir de cylon, et le lui tendit. Il secoua le petit pot avec énergie, et projeta mollement les holo-dés sur la table. Le colonel Moutarde, dans l’infirmerie, avec une clé laxienne. Patrick poussa un petit soupir satisfait. Une excellente combinaison, battue seulement par un tiercé ColMou-Inf-CoSlp. Il se retourna et vit un tétrapode multitétonné, au derme ferme et luisant comme une céramique aliphatique, à l’œil luisant, et le méprisa dans l’instant, sans se douter que c’était la jalousie qui aiguillait ce sentiment, et cette créature d’une perfection telle que la Nature n’en offrait qu’à une planète sur mille, dévorait sa femme du regard. Patrick avait toute confiance en Zindy-Talia, sa Zinounette, qu’il savait tenir par les sens. Combien de fois ne lui avait-elle pas déclaré qu’elle ne < pourrait formuler le vœu d’avoir à sa disposition consentante un amant/mari plus en phase avec ses pulsions conscientes > ? Au moins trois, dont une par acte notarié. Il décida donc de s’amuser un peu avec ce jeune spatio-zazou arrogant.

 

Il abaissa son diaphragme interne et ouvrit grand ses cavités nasales, emplissant ainsi ses poumons d’air afin de se donner une stature plus imposante, puis, satisfait de l’opulence de sa poitrine, s’adressa au jeune homme :

– Eh bien, mon cher camarade citoyen…

– McJohnny, du clan McJohnny, progé primaire de Belinda et Nausicäa McJohnny, fruit des entrailles de Périclès McJohnny par l’entremise de la seringue de Salimata McJohnny et des fluides de papa Gégé McJohnny, nourri à la mamelle de Rolf, grand loup des vertes plaines de Gwinnrüh. Pour vous servir, bien sûr.

– Mon cher camarade McJohnny, je vois que vous reluquez ma femme depuis tout à l’heure ?

 

Zindy-Talia faillit expulser sa boisson par son évent dorsal. À quoi Patrick jouait-il ? Le jus de glüte lui avait-il désemberlifugé les synapses ?

 

– C’est incorrect, camarade-kun. Je ne reluque pas votre épouse, ce serait lui faire injure, non, je la turbo-reluque. Vos pauvres spécifications sensitives humaines ne vous permettent de la reluquer que dans un spectre compris entre 400 et 800 nm, les plus fades nanomètres qui soient, mais mon espèce possède des capacités de reluquage qui vont jusque dans l’infrarouge et l’ultraviolet, et je les ai doublées grâce à un implant cochléaire ad hoc et hic et nunc. Et je vous garantis qu’il faut bien de telles capacités pour rendre à votre femme l’hommage qu’elle mérite. Votre épouse, camarade, n’est pas que la mignonne petite bombinette conventionnelle que vous percevez, c’est une torpille stellaire à antimatière de douze pétatonnes bannie par la convention de Novi-Zenéva, et c’est bien du gâchis qu’elle soit contractuellement vôtre.

Cette répartie technique désarçonna quelque peu Patrick, qui n’était qu’un artiste graphico-séquentiel de son métier. Il se reprit néanmoins et poursuivit sa tirade.

 

– Alors j’imagine que vous ne seriez pas contre l’idée de faire un petit pari avec moi ? Si vous battez mon score, ma charmante épouse – qui n’a rien d’une arme de destruction massive, merci bien, elle est douce et ne ferait pas de mal à un kowakien – peut vous rejoindre si elle le souhaite. En revanche, si la victoire est mienne, vous vous engagez à aller vous enfermer dans les toilettes qui conviennent le mieux à votre physiologie jusqu’à ce que nous soyons partis, ma femme et moi. Mais je lis dans votre œil que vous n’avez pas la win, camarade. J’espère que vous aimez l’odeur du Fulguro-Clean WC-salle de bains, la marque de nettoyant WC qui sponsorise ce casino. Avec Fulguro-Clean, la crasse décline !

Tous les regards et autres sens disponibles du casino s’étaient tournés vers leur table. Zindy-Talia se pencha vers Patrick, l’agitation palpable de ses capillospinelles symbiotiques reflétant celle de leur hôte.

 

– <Mais enfin, Patrick-chan chou, qu’est-ce qui te prend ? Qu’est-ce que ça veut dire ?> lui transmit-elle d’un télépathoton angoissé.

– Ne t’en fais pas, ma chérie. J’ai fait un tiercé ColMou-Inf-CLax, c’est probabilistiquement impossible qu’il fasse mieux, sauf à sortir un tiercé ColMou-Inf-CoSlp ! Et je n’ai pas à douter de la force de ton amour, je le sais ! répondit-il à voix basse.

<Tu aurais pu m’en parler avant ! Et je n’aime pas cette façon que tu as de prendre mon amour pour acquis !>

 

– J’accepte le pari ! déclara d’une voix forte Dzzimmy-Dzohn, interrompant leur conciliabule.

Et, s’emparant du cornet à holodés, il le porta à sa mandibule, ainsi que l’avait fait Zindy-Talia pour porter bonheur à Patrick. Il la chercha du regard et, quand il vit qu’elle le regardait, sans la quitter de l’œil, il palpouilla ostensiblement les bords du cornet de ses palpouillopalpes humides, avant d’y insérer la troisième phalange de son gloupiopalpe masticateur, faisant cliqueter les holodés au rythme des rotations impudiques qu’il leur imprimait. Zindy-Talia était comme hypnotisée. Patrick le contemplait avec dans l’œil une lueur étrange. Au bout d’une minute standard, Dzzimmy-Dzohn rompit le sortilège et, du geste auguste du semeur tatooinien, cracha avec force les holodés sur la table.

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27 février 2021 6 27 /02 /février /2021 14:15

Cet épisode est dédié à Oryphan, dont j'espère qu'il n'a pas dit de mal de moi.

Rappel : l'épisode 1 est accessible ici (il faut cliquer).

 

À son apparition, tous les regards se levèrent comme un seul homme des tables de mah-jong tridi et des bandits manchots quantiques pour le suivre qui du regard, qui d’un appareil auditif visiosonique, qui d’un organe olfactovisuel, tandis que les visages des droïdes croupiers s’éclairaient d’un sourire radieux, car c’était pour eux le signe d’un gros pourboire ce soir. Dzzimmy-Dzohn était réputé pour la générosité de ses tips, jamais moins d’un demi-gallon d’huile spéciale circuits positroniques de première qualité. Une serveuse transneptunienne lui apporta sur un plateau son breuvage favori, un astrogin-70nixx avec une olive terranne, mégasecoué mais pas centrifugofu. Il lui tira les langues en signe de remerciement, et lui tendit avec un hochement d’oreille une bourse de bloutoks, qu’elle accepta en laissant échapper un petit nuage rose de confusion ravie par son évent nucal.

 

Sirotant son gobelet de blüth fermenté, Dzzimmy-Dzohn se laissa lentement porter à l’étage inférieur par la plateforme antigrav, tout en inspectant du regard les différentes tables de jeu où s’amassait une foule bigarrée de citoyens issus de toutes les planètes du Réseau. Son jeu préféré, celui où les mises étaient les plus importantes, et qui lui faisait jaillir l’adrénaline par tous les stigmatophores, la roulette d’Arcturus (un désintégrateur chargé, deux joueurs, et on tirait à pile ou face celui qui allait en premier se placer l’arme contre la tempe ou un autre organe similairement vital et appuyer sur la gâchette), n’était plus à l’ordre du jour. Il disposait peut-être de sept clones en hibernation dans autant de coffres sécurisés de sept planètes bancaires, mais il n’avait pas effectué de sauvegarde mnémonique depuis plusieurs mois, et n’avait aucune intention de perdre le souvenir de la recette de la flecquemaouche lozhairienne qu’il avait passé tous ses derniers week-ends à maîtriser parfaitement.

 

Il se mit à lorgner du côté des tables de crapette capricane. Les joueurs, concentrés sur leur jeu, débraquaient leurs croupetons comme si leur vie en dépendait. L’ambiance n’était pas des plus accueillantes. Il se retourna vers la table de RouletteTraditionTM 1.0, et se figea soudain.

 

Debout près d’un humain vêtu de manière traditionnelle, en combinaison intégrale rouge moulante, se trouvait une créature d’une beauté stupéfiante. Ses tentacules céphalaires phosphorescents ondulaient, comme animés d’une vie propre, autour d’une colonne médullaire d’albâtre fin, et il les envia soudain de pouvoir ainsi caresser le mucus protecteur de son derme délicat, que recouvrait sur les portions non articulées de son pseudothorax une fine robe fourreau en satin nanobrossé. Son regard parcourut les longs tentacules locomoteurs aux courbes douces, prolongés par des pédipalpes rosés emboîtés dans des chausse-pédipalpes luxueux, puis remonta vers les globes d’une blancheur aveuglante de ses doudounes lactophores gonflées, qui semblaient prêtes, telles trois porgs apeurés, à s’échapper à tout instant d’un tasse-doudounes trop serré, puis redescendit vers son pygidium rebondi et moulé dans l’encolure fendue de sa robe, avant de remonter de nouveau vers sa nuque fine et translucide, aux articulations imparipennées, qui semblait appeler les caresses de son orifice proboscidien.

 

Les yeux à facettes de la déesse, harmonieusement disposés sur tout le pourtour de sa capsule céphalaire, semblaient s’ennuyer. Il décida de tenter sa chance et enclencha son traducteur universel, un BabelFishTM dernier cri.

 

– Salutations, <mademoiselle ou terme respectueux équivalent, niveau de déférence : B+>. Puis-je me présenter ? Mon identifiant stellaire en base π est Exkzrrk69, mais mes relations socioaffectives cooptées d’ordre N<3 m’appellent dʒimiʒɔɲ, ou Dzzimmy-Dzohn en Common Standard. Puis-je me joindre à vous ?

 

Surprise, la jeune créature fit pivoter de 180° sa couronne oculaire, et glissa un regard effarouché sur le corps de l’étranger qui l’interpellait avec une assurance digne d’un chef de clan ligonien. Quel cosmotoupet ! Elle fit frémir ses pédoncules de transmission vocale à courte portée.

– <Faites comme vous bon vous semble, nous sommes en zone diplomatique neutre...>

Mais quoi que puisse suggérer le ton cliquetant de ses vocalisations infrasoniques, elle était troublée. Cet inconnu dégageait un je-ne-sais-quoi d’attirant sur un plan paraconscient, qui ne tenait pas qu’à son déodorant aux phéromones à large spectre, auxquelles son espèce était immunisée.

– Il y a quelque chose qui ne va pas, mon chabichou des étoiles ? demanda soudain son mari, l’humain en combinaison penché sur la table de jeu, sur une fréquence qui fit grimacer Jimmy-John, peu sensible à ces pépiements suraigus.

– <Je vais au bar me faire turlubinopulser un rafraîchissement, darling. Mon tube protostomien a besoin de lubrification dans cette atmosphère>, répondit-elle avec souplesse.

– Ah, très bien ! Peux-tu me faire turlubinopulser un jus de glüte, tu seras mignonne ?

– <Mais enfin, Patrick-chan, tu sais que tu ne digères pas les protéines exoterrestres non-azotées ! Tu risques de refaire une crise d’astrodyspepsie flatulaire !>

– Mes intolérances exoalimentaires peuvent aller se faire <incompréhensible> sur Pluton, <femme-première-épouse> ! Prends-moi un jus de glüte, avec des spatioglaçons, cuvée Hale-Bopp de préférence, <formule conventionnelle de remerciement provisionnel, [niveau emphase = -1], [degré de correction = 1,2]>

– <Qu’il en soit ainsi, mon amour, ta requête a été perçue et validée>, déclara-t-elle d’un ton dégagé, avant de s’engager sur le chemin du TPBar, au fond de la salle, laissant derrière elle une traînée de mucus irisé à l’odeur envoûtante.

 

Dzzimmy-Dzohn se glissa souplement dans ce sillage lustré.

– J’ai cru percevoir que vous alliez vous faire turlubinopulser un rafraîchissement, <mademoiselle>. Puis-je vous accompagner au turlubinopulsobar ? Je suis très seul ce soir, et c’est la célébration de mon astrocycle…

– <Vous êtes libre de faire comme bon vous semble, ce spatiocasino est dans le district diplomatique, je ne peux pas vous l’interdire…>

– C’est très vrai, puis-je donc prendre la liberté de vous demander votre StellarID ? Vous connaissez déjà le mien, glissa-t-il avec l’habileté d’un ambassadeur neimoidien en mission de lobbying au Sénat de la Fédération.

Prise de court, elle hésita.

– <Je… Je m’intitule X-k1z-123. <Zindy-Talia>, en Common Standard. Mais je suis [contractuellement liée sous régime monogame selon le rite judiciaire de Las VegasTM], je vous préviens !>

– Avec cette forme de vie carbonée bipède que j’ai vue à la table de belote flasque ? Permettez-moi de vous présenter mes plus sincères spatiocondoles…

– <Veuillez faire preuve de [respect et sollicitude] quand vous invoquez la personne de [mon époux n° 0001], s’il vous plait ! Et d’ailleurs, veuillez me laisser tranquille !>

– Mais enfin Zindy-Talia, nous sommes dans un district diplomatique, je suis libre d’aller où bon me semble… Mais excusez-moi, et laissez-moi vous offrir à boire, je vois que la turlubinopulseuse est disponible… Holà, Méta-Barman! Un communard pour la beauté cosmique ici présente ! C’est un short drink vin rouge-cassis, dit-il en se retournant vers <Zindy-Talia>. Le vin rouge symbolise le sang versé par les combattants de la liberté, et se conjugue à l’amertume du cassis pour évoquer l’âpreté de la lutte contre les forces réactionnaires bourgeoises. Pour l’honneur de Louise Michel et Eugène Varlin ! Que périssent tous les Versaillais !

 

La jeune [femme], tentant de cacher son trouble, remuée qu’elle était par ce discours ardent qui frappait ses cœurs d’insoumise, s’empara du turlubinogobelet qu’il lui offrait et l’absorba d’un trait. La douceur entêtante de la mixture au goût de socialisme révolutionnaire lui fit luire les joues et palpiter quelque peu son endocœlome vibratile.

– <Je…> émit-elle. Elle s’interrompit. Dzzimmy-Dzohn avait posé délicatement son péréiocarpe antérieur sur son ganglion homéostatique, un reflet interrogatif dans l’œil.

– Vous avez froid, Zindy-Talia ? demanda-t-il avec douceur. Vous avez le ganglioderme qui bloblotte…

Ce n’était pas le froid, mais la chaleur picotante de ses pili-pili qui avait fait bloblotter la chair ferme du thoracoderme de à Zindy-Talia, mais elle n’allait pas le lui avouer. Son trouble était visible. Elle reprit le contrôle de ses ganglions indiscrets et dit d’un ton sec : < Merci pour le turlubinogobelet et la foi renouvelée en la puissance indomptable du prolétariat uni, mais je dois retourner auprès de mon mari, il a besoin de moi pour lui porter bonheur, et il est en train de tout rafler ce soir.>

– Vraiment ? Pauvre homme…

– <Quel est le sens de cette remarque, je vous prie ?>

– Eh bien, comme on dit chez moi, heureux au jeu…

– <Vos proverbes me paraissent laisser à désirer en matière de compréhensibilité.>

– Je n’avais pas fini, je laissais un blanc par souci rhétorique, réflexe d’espèce non-télépathe de nature. La citation complète est « Heureux au jeu, malheureux en amour ». L’implication est qu’on ne peut pas avoir de chance dans les deux domaines.

– <Sous-entendez-vous que mon mari n’a pas de chance de m’avoir pour épouse?>

– Non, ce n’est pas l’implication traditionnelle de cet adage, ma chère...

SPLIF. La claque, assénée avec toute la force que pouvait rassembler dans cette atmosphère les tentacules certes musclés et bien proportionnés, mais malencontreusement dépourvus de squelette interne, de Zindy-Talia, ne produisit pas un bruit suffisant à attirer l’attention du public, ni à faire plus que laisser une traînée de mucus doré sur le visage imperturbable de Dzzimmy-Dzohn.

– <Comment osez-vous insinuer… stridula Zindy-Talia. J’aime mon mari, monsieur !>

– Je n’en doute pas, Zindy-Talia. Veuillez me pardonner, l’humour de mon peuple n’est pas compris par toustes.

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30 décembre 2020 3 30 /12 /décembre /2020 22:25

Cintré dans un cosmoslip de velours rouge, boutonnant sa chemise brodée en poil d’ewok équitable devant son holomiroir, Dzzimmy-Dzohn contemplait son reflet, et ce qu’il y voyait lui procurait une intense satisfaction, qui diffusait depuis son emo-cortex et faisait luire doucement ses papilles oculaires. Le tissu aux reflets moirés de sa tunique était tendu par des pectoraux fuselés dont les douze tétons disposés en étoile parfaitement symétrique pointaient légèrement, sa mandibule soigneusement poncée arborait une paire de vibrisses scintillantes encadrant un sourire à la triple rangée de dents éclatantes qui ne demandaient qu’à mordre dans la vie et sentir son jus s’écouler, tiède et glumeux comme la sève du fruit de l’arbre-monde de Tranaï, dans les tubulures siliceuses de son gésier secondaire, et son œil d’un rose chatoyant lui renvoya un regard viril empreint de toute l’assurance d’un mâle de classe theta-prime.

 

Il s’adressa un clin d’œil, constata grâce au mode déphasage de son miroir qu’il lui donnait un air tout à fait canaille, attrapa sa tunique antigrav veloutée siglée Rhod & Ruby, la même qu’avait portée Ryan Gosling à la cérémonie des Oscars galactiques l’année précédente – exactement la même en fait, car Ryan lui en avait fait cadeau pour célébrer la victoire que Dzzimmy-Dzohn lui avait offerte dans son procès pour la garde de la portée lors de son divorce d’avec l’Emperox Grayland II. Le tissu glissa soyeusement sur la membrane lisse de ses zeugopodes chitineux, frôla sensuellement la boutonnière de son pince-sexe tendu par un protopénis légèrement rétracté dans sa poche protectrice sous l’effet inhibiteur de la douceur du cachemire, puis il clipsa la fermeture sous son similombilic, en caressant la peau globuleuse et la chair fibreuse de ses abdominaux, qu’il entretenait régulièrement à la salle de sport que tenait son ami Bob le Predator sur un satellite cossu d’Endymion.

 

D’un geste aussi souple et félin que le lui permettaient ses articulations pseudosiliceuses bien huilées, il enfila son veston trois boutons en nanoparticules de carbone pailletées, l’ajusta avec désinvolture sur ses épaules avant de leur imprimer une vibration haute fréquence de faible intensité. Une habitude qu’il gardait d’un traumatisme adolescent, un passé qui l’avait vu lutter contre une infestation de pälliküls, de petits parasite persistants qui grouillaient sur ses excroissances céphaliques et qui lui avaient valu les quolibets de ses camarades de dortoir du très chic pensionnat arcturien où l’avaient envoyé ses parents, à l’âge de 13 cycles, pour ses études en droit des affaires intergalactiques (bouclées en deux mois grâce à l’apprentissage par hypnointégration selon la méthode Scharze-Metterklume). Dix galactocycles de thérapie neuroreconstructrice lui avaient permis, enfin, d’aller de l’avant et d’oublier. De pardonner, jamais.

 

À l’évocation de ses parents, une larme acide, sécrétée par l’une des nombreuses glandes lacrymopsy de son cartilage suborbital, vint lui rafraîchir le prisme oculaire, avant de glisser mollement sur le derme libophobe de sa joue musclée tendue par l’effort de retenir son émostat mélancole. Ses parents… Pour la première fois de sa vie, ils ne seraient pas avec lui ce soir, le soir de son anniversaire. Ils étaient morts lors d’un accident d’hovercraft qui les menait au deuxième match de leur tournoi de bouzkachi glapum’tien, deux mois plus tôt. Depuis, il n’avait plus pu poser la main sur une cornifluge. Chienne de vie… Toute sa cellule parentale y était passée : ses deux mères primaires, leur consort-porteur, son inséminatrice-cheffe, son mâle symbiote secondaire, papa Gégé, et jusqu’à Rolf, qui l’avait allaité jusqu’à ses 5 cycles et sa première réversion sexuelle.

 

Il se ressaisit. Aujourd’hui, c’était SA célébration de cycle stellaire, il n’allait pas se laisser abattre par des souvenirs, quelque douloureux fussent-ils pour les tissus mnémoniques de son émo-cortex. Et pour rendre néanmoins hommage à la mémoire de ses parents disparus, il allait fêter sa cent-vingt-cinquième révolution orbitale dans le lieu qu’ils avaient aimé entre tous : le cosmo-casino de Dôvville, dans le secteur humano-jovéen de Point Central, la station diplomatique du Conclave Intergalactique (les deux races provenaient du même système stellaire et avaient joint leurs maigres moyens pour créer leur cellule sur cette base située à la confluence des plus grandes autoroutes galactiques).

 

D’un mouvement opalin, il enfila ses glapiotes en pure soie d’arachnide de Klendathu, tira un peu sur le bout, avec douceur, d’un geste similaire à celui qu’il avait vu un humain mâle employer pour rajuster son prépuce après l’acte copulatoire (dans un documentaire animalier diffusé sur la chaîne du Sideral Geographic), afin d’assurer le confort de ses péréiopodes soigneusement taillés, puis il glissa ses tagmes locomoteurs musclés dans le cocon enveloppant de ses babouches en cuir de gungan.

 

Il se dirigea ensuite d’un pas viril vers l’estrade circulaire métallique qui s’élevait au centre de son luxueux loft du quartier le plus huppé de Ghwinnrhuu (elle-même la cité la plus chic de Khaih-hpi, la planète la plus inabordable du système Vödrkhap-Öm) posa deux doigts sur ses tempes, obtura son œil de deux papilles protectrices, puis ouvrit grand sa glande pinéale et envoya une pensée dans l’éther. Un instant plus tard, un rai de lumière bleutée surgit de nulle part et l’enveloppa avec une tendresse toute photonique, et avant qu’il ait eu le temps de dire « glp », il se rematérialisa dans l’habitacle de son astronef privé piloté par Van, une intelligence artificielle qu’il avait tirée de la rue (comment une conscience désincarnée constituée uniquement de 1 et de 0 s’était retrouvée là, c’était une histoire qu’un holoroman ne suffirait à conter) quelques cycles plus tôt, et à qui il avait ainsi sauvé la vie. Van lui était dévouée comme seule une IA à qui vous avez sauvé la pseudovie et qui avait en conséquence réglé son plug-in de loyauté sur « dévotion maximale-SAMWISE GAMGEE LEVEL » peut vous être dévouée, et ferait tout pour son patron, qui, en créature généreuse, n’en abusait cependant pas, quoiqu’il aurait pu, sans que cela n’eûsse dérangé Van, qui lui devait la vie et avait activé ce plug-in de loyauté évoqué plus haut, qui n’aurait de toute façon pas été nécessaire car Dzzimmy-Dzohn savait inspirer naturellement amour et dévouement à toutes les formes de vie, synthétiques comme organiques ou minérales.

 

Moins de douze parsecs plus tard, frais et dispos, l’astronef se posait sur l’astroport attenant au cosmo-casino de Dôvville. Dzzimmy-Dzohn bondit d’un bond sur le tapis de son télépod à courte portée, donna d’une pensée congé à Van, puis se désintégra pour se rematérialiser dans la grande salle du casino.

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15 juillet 2020 3 15 /07 /juillet /2020 11:12

Camarades lecteurices, 

suite à la détresse des membres d'un podcast à thématique aléatoire forcés de lire une nouvelle érotique se déroulant dans un casino et n'ayant à leur disposition qu'un texte intitulé "Prise par 4 hommes à Las Vegas", j'ai empoigné toute ma bonne volonté pour tenter de pondre une alternative car mon cœur est bon. J'ai commencé par écrire trois pages, au bout desquelles j'avais eu du mal à faire arriver mes personnages à une scène érotique puis, quelques jours plus tard, confronté à une deadline soudaine, j'ai fini cette histoire d'amour contrarié. Là voilà donc pour vous.

Vous pouvez aussi l'écouter là : https://soundcloud.com/calvinball-radio/hobbesball-4-peau-de-chamelon

Alors par contre, c'est un peu long, hein.

 

 

En slip, boutonnant sa chemise de soie devant son miroir, Jimmy-John contemplait son reflet, et ce qu’il y voyait lui procurait une intense satisfaction. Le tissu moiré était tendu par des pectoraux musclés dont les tétons pointaient légèrement, sa mâchoire rasée de près arborait une paire de fossettes encadrant un sourire aux dents éclatantes qui ne demandaient qu’à mordre dans la vie et sentir son jus s’écouler, tiède et sucré comme la sève d’une pastèque fraîchement cueillie, dans sa gorge à la pomme d’Adam triomphante comme la balle de golf de Tiger Woods, et ses yeux d’un bleu électrique lui renvoyèrent un regard viril empreint d’une mâle assurance.

Il s’envoya un clin d’œil, attrapa son pantalon de flanelle veloutée Dolce & Gabana, le même qu’avait porté Ryan Gosling à la cérémonie des Oscars, exactement le même en fait, car Ryan lui en avait fait cadeau pour célébrer la victoire que Jimmy-John lui avait offerte dans son procès pour la garde de ses enfants avec Scarlett Johannson. Le tissu glissa soyeusement sur la peau veloutée de ses cuisses rasées, frôla sensuellement la boutonnière de son caleçon tendue par un sexe légèrement gonflé par la douceur du cachemire , puis il boutonna la fermeture sous son nombril, en caressant la peau glabre et la chair ferme de ses abdominaux, qu’il entretenait régulièrement à la salle de sport que tenait son ami Mike Tyson sur la Cinquième Avenue.

D’un geste souple et félin, il enfila son veston trois boutons en peau de chamelon, qu’il ajusta sur ses larges épaules qu’il épousseta d’un revers de main, une habitude qu’il gardait d’un traumatisme adolescent, un passé qui l’avait vu lutter contre des pellicules persistantes qui lui avaient valu les quolibets de ses camarades de dortoir du pensionnat anglais où l’avaient envoyé ses parents, à l’âge de 13 ans, pour ses études en droit des affaires. Dix ans de thérapie lui avaient permis, enfin, d’aller de l’avant et d’oublier. De pardonner, jamais.

 

À l’évocation de ses parents, une larme lui humecta le globe oculaire, avant de rouler sur sa joue musclée tendue par l’effort de retenir son chagrin. Ses parents… Pour la première fois de sa vie, ils ne seraient pas avec lui ce soir, le soir de son anniversaire. Ils étaient morts lors d’un accident d’hélicoptère, entre le douzième et le treizième trou du golf de Saint-Andrews, deux mois plus tôt. Depuis, il n’avait plus pu poser la main sur un fer 7. Chienne de vie…

 

Il se reprit. Aujourd’hui, c’était SA soirée, il n’allait pas se laisser abattre par des souvenirs, aussi douloureux fussent-ils. Et pour rendre néanmoins hommage à la mémoire de ses parents disparus, il allait fêter son anniversaire dans l’endroit qu’ils avaient aimé entre tous : le casino de Deauville, Normandi, France.

 

D’un geste souple et félin, il enfila ses chaussettes en pur fil d’Écosse, tira un peu sur le bout, avec douceur, comme on rajuste son prépuce après l’amour, afin d’assurer le confort de ses orteils soigneusement pédicurés, puis glissa ses pieds musclés dans le cocon enveloppant de ses Air Jordan 1978 acquises à prix d’or à la vente aux enchère chez Sotheby’s.

 

Il passa la tête par la fenêtre de son loft au dernier étage d’un immeuble cossu de Los Angeles, inséra deux doigts impeccablement manucurés entre ses lèvres et émit une trille harmonieuse et perçante. Un instant plus tard, une échelle de corde tombait du ciel dans un vrombissement de rotor, dont il s’emparait avant de grimper, d’un geste souple et félin, dans la cabine de son hélicoptère privé, piloté par Van, un vétéran du Viet-Nam qu’il avait tiré de la rue quelques années plus tôt, et à qui il avait ainsi sauvé la vie. Van lui était dévoué comme seul un homme à qui vous avez sauvé la vie peut vous être dévoué, et ferait tout pour son patron, qui, en homme généreux, n’en abusait cependant pas, quoiqu’il aurait pu, sans que cela n’eûsse dérangé Van, qui lui devait la vie.

 

Deux heures plus tard, frais et dispos, il atterrissait sur le toit du casino de Deauville. Il descendit d’un bond de son hélicoptère, donna d’un geste congé à Van, puis descendit dans la grande salle du casino.

 

À son arrivée, tous les regards se levèrent des tables de black-jack et des bandits manchots pour le suivre du regard, tandis que les visages des croupiers s’éclairaient d’un sourire radieux, car c’était pour eux le signe d’un gros pourboire ce soir. Jimmy-John était réputé pour la générosité de ses tips. Une serveuse accorte lui apporta sur un plateau son breuvage favori, un gin-tonic où ondulait gracieusement une huître crue, shaken mais pas stirred. Il la remercia d’un hochement de la tête accompagné d’un sourire en coin, et lui tendit avec un clin d’œil une liasse de dollars, qu’elle accepta en rosissant.

 

Sirotant son verre de bloody-mary, Jimmy-John descendit lentement l’escalier monumental en inspectant du regard les différentes tables de jeu où s’amassait une foule endimanchée. Son jeu préféré, celui où les mises étaient les plus importantes, et qui lui faisait jaillir l’adrénaline par tous les pores, la roulette russe, n’était plus à l’ordre du jour. Orphelin de la famille McJohnny, il lui revenait maintenant de transmettre le nom et la fortune de la famille, et il ne pouvait plus prendre de risques inconsidérés, sauf, évidemment, au nom de la République, si la Reine décidait une fois de plus de faire appel à ses compétences.

 

Il se mit à lorgner du côté des tables de gin-rummy. Les joueurs, concentrés sur leur jeu, lançaient leurs dés comme si leur vie en dépendait. L’ambiance n’était pas des plus accueillantes. Il se retourna vers la table de la roulette, et se figea soudain.

 

Debout près d’un homme en costume queue-de-pie, se trouvait une femme, d’une beauté extraordinaire. Ses cheveux bruns lui cascadaient le long des reins, et il les envia soudain de pouvoir ainsi caresser la peau d’albâtre de son dos couverte par une fine robe fourreau en satin brossé. Son regard parcourut les longues jambes au galbe parfaitement épilé, prolongées par des pieds emboîtés dans des ballerines à talon de 15 centimètres, puis remonta vers les globes d’une blancheur aveuglante de ses seins, qui semblaient prêts, tels deux lapins apeurés, à s’échapper à tout instant d’un corsage trop serré, puis redescendit vers ses hanches pleines et moulées dans la coupe italienne fendue de sa robe, avant de remonter de nouveau vers son cou fin et blanc, un cou de sirène, un cou de reine, qui donnait envie de croquer dedans comme dans le fruit interdit.

 

Les yeux chocolat de la déesse, harmonieusement écartés l’un de l’autre par la base d’un nez aquilin parfaitement symétrique, semblaient s’ennuyer. Il décida de tenter sa chance.

 

– Bonjour, mademoiselle. Puis-je me présenter ? Je m’appelle Robert Esteban Jeosaphat McJohnny III, mais mes amis m’appellent Jimmy-John. Puis-je me joindre à vous ?

 

Surprise, la jeune femme se retourna, et parcourut d’un regard timide le corps de l’homme qui l’interpellait avec une telle assurance. Quel toupet !

– Faites comme vous voulez, nous sommes dans un pays libre...

Mais quoi que puisse suggérer le ton froid de sa voix, elle était troublée. Cet inconnu dégageait un je-ne-sais-quoi d’animal, qui ne tenait pas qu’à son odeur musquée.

– Chérie ? Quelque chose ne va pas ? Demanda soudain son mari, l’homme en queue-de-pie penché sur la table de jeu.

– Je vais me quérir un rafraîchissement, darling, dit-elle.

– Ah, très bien ! Peux-tu me ramener un lait-fraise ?

– Mais enfin, Patrick, tu sais que tu ne digères pas le lactose ! Tu dois mieux surveiller ton alimentation !

– Au diable mes intolérances alimentaires, femme ! Prends-moi un lait-fraise on the rocks !

– Oui, mon amour, comme tu voudras, déclara-t-elle d’un ton dégagé, avant de s’engager sur le chemin du bar, au fond de la salle.

 

Jimmy-John se glissa souplement sur ses talons.

– J’ai cru entendre que vous alliez quérir un rafraîchissement, mademoiselle. Puis-je vous accompagner ? Je suis très seul ce soir, et c’est mon anniversaire…

– Faites comme vous voulez, nous sommes dans un pays libre…

– C’est très vrai, puis-je donc prendre la liberté de vous demander votre prénom ? Vous connaissez déjà le mien, glissa-t-il habilement.

Prise de court, elle hésita.

– Je… Je m’apelle Cindy-Talia. Mais je suis mariée, je vous préviens !

– Avec ce goujat rougeaud que j’ai vu à la table de craps ? Vous m’en voyez désolé…

– Parlez un peu mieux de mon époux, s’il vous plait ! Et d’ailleurs, allez-vous-en, laissez-moi tranquille !

– Mais enfin Cindy-Talia, nous sommes dans un pays libre… Mais excusez-moi, et laissez-moi vous offrir à boire… Eugène ! Un fond de culotte pour madame ! C’est un Suze-cassis, dit-il en se retournant vers la jeune femme. Car un fond de culotte ne s’use qu’assis, vous l’avez ?

La jeune femme, désemparée par ce revirement, s’empara du verre qu’il lui offrait et le dégusta d’un trait. L’alcool de gentiane lui fit rosir les joues et s’emballer quelque peu son cœur.

– Je… dit-elle. Elle s’interrompit. Jimmy-John avait posé délicatement sa main sur sa cuisse, un air interrogatif dans le regard.

– Vous avez froid, mademoiselle ? demanda-t-il avec douceur. Vous avez la chair de poule…

Ce n’était pas le froid, mais la chaleur de sa main qui avait fait dresser les poils de sa cuisse à Cindy-Talia, mais elle n’allait pas le lui avouer. Son trouble était visible. Elle se reprit et dit d’un ton sec : « Merci pour le verre, mais je dois retourner auprès de mon mari, il a besoin de moi pour lui porter bonheur, et il est en train de tout rafler ce soir.

– Vraiment ? Pauvre homme…

– Comment ça ?

– Eh bien, comme on dit, heureux au jeu…

CLAC. La claque retentit dans la salle, sans attirer l’attention du public, heureusement.

– Comment osez-vous insinuer… grinça Cindy-Talia. J’aime mon mari, monsieur !

– Je n’en doute pas, Cindy-Talia. Veuillez me pardonner, je suis allé trop loin.

 

Le dos raide, Cindy-Talia rejoignit son époux, lui tendant son lait-fraise et déposant un baiser sur son front au passage, jetant un regard de braise courroucée à Jimmy-John par la même occasion. Comment osait-il insinuer… ?

Cependant, si son esprit était très clair sur la question de son attachement à Patrick, son corps semblait n’en avoir cure, et frémissait encore au souvenir de la main de cet effronté sur sa cuisse. Le rouge lui monta au front. Cette sensation… elle ne l’avait encore jamais éprouvée. Se pouvait-il que… Non, elle était forte, et digne, et pure, et jamais, jamais l’abominable vice, l’innommable perversion du désir sexuel ne la souillerait.

 

Un souvenir remonta à son esprit enfiévré, celui de son père, le pasteur Samuel Bishop, sur son lit de mort, lui faisant jurer, alors qu’elle n’avait que 17 ans, de ne jamais se laisser toucher par la concupiscence, qui était péché mortel, et, en pleurant, en serrant les mains décharnées du seul homme qu’elle avait véritablement aimé, elle avait juré de ne jamais se laisser corrompre par la chair. Et depuis ce temps, elle avait tenu parole, et si elle avait une affection sincère pour Patrick, elle lui était reconnaissante de ne pas faire monter en elle les affres de la passion amoureuse qui la mèneraient, c’était sûr, directement en enfer. Il la traitait avec bonté, mais son corps n’éveillait en elle nulle passion, et c’était avec résignation qu’elle lui accordait, une fois par semaine, le don du sien. Il prenait son plaisir en ahanant, lui farfouillait frénétiquement le vestibule de ce qu'elle appelait sa nounoute de son petit pénis fébrile, avec l'énergie erratique d'un enfant en train de gribouiller au feutre sur un tableau blanc, sans lui causer trop d’inconfort, puis, arrivé au pic de ses frétillements, poussait un petit toussotement, puis roulait de sur son corps avec un soupir satisfait, la laissant aller se rincer seule à la salle de bains pendant qu’il ronflait paisiblement.

 

Elle arracha ses pensées de ces idées lubriques, et se concentra sur la partie en cours. Avec sa main d’atouts, il ne manquait à Patrick qu’un double six pour faire tapis. Sans se retourner, il lui tendit son cornet de dés afin qu’elle l’embrasse pour lui porter bonheur. Elle effleura du bout de ses lèvres satinées le cornet en cuir de libellule, et le lui tendit. Il secoua le petit pot avec énergie, et projeta mollement les dés sur la table. Un cinq et un six. Patrick poussa un petit soupir satisfait, ce n’était pas un mauvais lancer. Il se retourna et vit un homme, élégant, bien fait savamment décoiffé, tout ce qu’il ne serait jamais et qu’il méprisait sans se douter que c’était la jalousie qui aiguillait ce sentiment, un homme qui, comme tous les hommes, déshabillait sa femme de son regard. Il avait toute confiance en Cindy-Talia, qu’il savait tenir par les sens. Combien de fois ne lui avait-elle pas dit qu’elle ne pourrait rêver de meilleur amant ? Au moins trois. Il décida donc de jouer un peu avec le jeune gandin.

 

Il bomba le torse et s’adressa au jeune homme :

– Eh bien, mon cher monsieur…

– McJohnny.

– Mon cher McJohnny, je vois que vous reluquez ma femme depuis tout à l’heure ?

 

Cindy-Talia faillit recracher sa Suze. À quoi jouait-il ? Le lait-fraise lui était-il monté à la tête ?

 

– C’est exact, monsieur. Il faudrait être aveugle pour ne pas la reluquer. Et j’ai 10 à chaque œil. Mon ophtalmo m’a dit n’avoir jamais vu d’aussi bons yeux qui ne soient pas dans les orbites d’un vautour percnoptère, et ces oiseaux sont capables de repérer un cadavre de lapin à 1000 mètres d’altitude.

Cette répartie désarçonna quelque peu Patrick. Il se reprit néanmoins.

 

– Alors j’imagine que ça vous tenterait de faire un petit pari avec moi ? Si vous battez mon score, ma femme peut vous rejoindre si elle le souhaite. En revanche, si je gagne, vous allez vous enfermer aux toilettes jusqu’à ce qu’on soit partis, ma femme et moi. Mais je lis dans vos yeux que vous n’avez pas la win, McJohnny. J’espère que vous aimez l’odeur du Canard WC.

Tous les regards du casino s’étaient tournés vers leur table. Cindy-Talia se pencha vers Patrick, l’air agité.

 

– Mais enfin, Patrick chou, qu’est-ce que tu fabriques ? qu’est-ce que ça veut dire ? Lui murmura-t-elle à l’oreille d’un ton angoissé.

– Ne t’en fais pas, ma chérie. J’ai fait un onze, c’est mathématiquement impossible qu’il fasse mieux ! Et je n’ai pas à douter de ton amour, je le sais ! répondit-il d’une même voix basse.

– Tu aurais pu m’en parler avant ! Et je n’aime pas cette façon que tu as de prendre mon amour pour acquis !

 

– J’accepte le pari ! déclara d’une voix forte Jimmy-John, interrompant leur conciliabule.

Et, se saisissant du cornet à dé, il le porta à sa bouche, ainsi que l’avait fait Cindy-Talia pour porter bonheur à Patrick. Il la chercha du regard et, quand il vit qu’elle le regardait, sans la quitter des yeux, il lécha ostensiblement les bords du cornet à dés avant d’y insérer la langue, faisant cliqueter les dés au rythme des rotations impudiques qu’il leur imprimait. Cindy-Talia était comme hypnotisée. Au bout d’une minute, Jimmy-John rompit le sortilège et, d’un geste souple et félin, envoya avec force les dés sur la table.

 

Ils semblèrent rouler des heures, leurs faces mouillées de salive projetant des lueurs irisées à chaque rebond. Les spectateurs étaient comme hypnotisés et le silence régnait dans le casino quand, enfin, les dés s’immobilisèrent. 4 et 3.

– Hahaha ! Vous avez perdu ! 7 est en-dessous de 11 ! Je t’avais bien dit que c’était mathématiquement impossible qu’il me batte, Cindy-Talia ! aboya joyeusement Patrick. Vous pouvez aller vous enfermer aux cabinets, monsieur le joli cœur !

– Un 7… murmura Jimmy-John. Eh bien, peut-être ne m’a-t-il pas porté bonheur ce soir. Eh bien, tant pis ! Tournée générale pour tout le monde ! Il ne sera pas dit que Jimmy-John McJohnny est mauvais joueur !

 

Une clameur retentit et des vivats furent poussés, car s’il est une chose en ce bas monde qui provoque clameur et vivats, ce sont bien les tournées générales, et une cohue se forma tandis que la foule se ruait vers le bar, emportant tout le monde sur son passage, avec, à sa tête, un Patrick exultant et décidé à se faire payer par son rival le lait-fraise le plus cher dont disposait le casino.

Dans la confusion, Jimmy-John vit passer Cindy-Talia près de lui, et, discrètement, lui attrapa le bras.

– J’ai perdu, lui souffla-t-il, et l’honneur me dicte d’aller m’enfermer aux toilettes. Mais mes parents sont (un frisson s’empara de lui, et il continua d’une voix étranglée), mes parents ÉTAIENT de bons clients, et mon père était sujet aux hémorroïdes… enfin, toujours est-il que j’ai ici des toilettes privatives, dont je détiens seul la clé. Si le cœur vous en dit… vous pouvez me rejoindre. La porte est marquée McJ, pour MacJohnny, elle est entre les toilettes messieurs et le placard à balais. Elle est insonorisée…

– Pour qui vous prenez-vous ? Je n’aime que mon mari !

– Cet homme qui était prêt à vous céder à moi ? Vous savez, mathématiquement, il était possible que je gagne, et qu’auriez-vous fait alors ? Et où est-il, maintenant ? En train de se gaver de lait-fraise à mes frais ? Vous méritez mieux, Cindy-Talia.

 

Elle lui arracha sa main, et, lui lançant un dernier regard de braise, s’en alla, le dos droit, telle une gazelle tournant le dos au lion pour s’en aller rejoindre, d’une démarche impériale, son babouin de mari.

 

Poussant un soupir, Jimmy-John adressa un dernier regard à la croupe somptueuse de la gazelle, puis se dirigea vers les toilettes. Arrivé devant la porte siglée McJ, il posa la main sur le lecteur d’empreintes et, lorsque la voix électronique lui eut souhaité la bienvenue et un joyeux anniversaire, il alla s’allonger sur le matelas recouvert d’une peau de bison qui faisait face à la cuvette japonaise dernier cri. Il ôta sa chemise et s’allongea. Il allait devoir attendre un moment…

 

Soudain, un grattement timide se fit entendre à la porte. Jimmy-John se leva d’un bond souple et félin. Cindy-Talia ! Sans nul doute, elle s’était rendue à ses sens et avait décidé qu’il lui fallait savoir répondre à l’appel de son corps, et que Jimmy-John devait être son professeur sur le chemin du plaisir charnel ! D’un geste vif, il ouvrit grand la porte.

 

– Excusez-moi, M. McJohnny, je me suis dit que vous deviez avoir faim, alors je vous ai apporté un sandwich à la tapenade.

– Oh. Euh… Merci, Madeleine. Je… C’est très aimable à vous.

– Oh de rien M. McJohnny. Bonne soirée !

– Bonne soirée, Madeleine.

 

Ce n’était pas Cindy-Talia. C’était Madeleine la serveuse et un sandwich à la tapenade. Tant pis.

Il contempla la grande tranche de pain de mie recouverte de sa sauce à l’odeur musquée. Bon, puisqu’elle était là…

 

Il se masturba furieusement dans sa tartine.

 

PS : un peu plus tard Cindy-Talia et Patrick allaient recevoir un coupon de réduction pour un cours de tantrisme et Cindy-Talia allait enfin découvrir que les orgasmes en fait c’était bien et qu’elle pouvait en avoir tous les jours si elle avait envie et que ça ne faisait pas d’elle une traînée et tant pis pour ce que pouvait en penser son père mort et Patrick allait se faire poser des implants capillaires et ça lui redonnerait confiance en lui et du coup il abandonnerait son comportement machiste, qui prenait racine dans sa profonde insécurité liée à sa calvitie naissante, et tout irait pour le mieux pour eux.

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6 avril 2020 1 06 /04 /avril /2020 18:20

Bonjour. Nous sommes aujourd’hui dimanche, je pourrais être en train de regarder un épisode de l’excellente série Terriers que je viens de découvrir, ou aider ma sœur à nettoyer la peinture que son fils a renversée sur le parquet (je plaisante c’est fini je l’ai aidée on a eu de la chance on l’a repéré avant qu’il aille chercher la serpillière pour bien l’étaler, la tache a donc pu être circonscrite et éliminée comme un misérable virus de grippette) mais puisqu’on me le demande de manière, je dois le dire, un peu désagréable, je prends sur moi et de mon temps pour vous faire une note de blog de confinement qui risque de ne pas être bien intéressante vu que je n’ai pas la moindre idée de quoi raconter, sinon les frasques artistiques de mon neveu (le plus grand, l’autre se contente de passer son temps sur son téléphone et de hurler dès qu’on lui enlève, et il ne laisse jamais plus de douze secondes d’une chanson c’est particulièrement agaçant mais comme il est mignon on lui pardonne).

 

Alors donc. Je suis en confinement. J’aurais pu être seul et peinard et rattraper mon retard sur mes séries télé (pas du tout j’en aurais commencé et abandonné de nouvelles), mais, comme un benêt, dès mon retour en France de Mauritanie (le samedi 14 mars, je m’en souviens très bien, il faisait gris sur Roissy ce jour-là)(j’aurais dû rentrer avec ma vieille mère et ma vieille tante, mais ces lâches hexa et septuagénaires ont préféré passer leur confinement dans une villa avec piscine)(elles sont bien attrapées, même en Mauritanie le pisciniste ne vient plus)(je vous ai raconté comment,quand on est venus avec ma tante rendre visite à mes vieux parents, on a dû s’y reprendre à deux fois en faisant un aller-retour Paris-Conakry dans la journée ? Bonjour le bilan carbone. Mais j'ai mangé un bon sandwich au poulet à l'aéroport de Conakry), dès mon retour donc, ou presque, juste après un coup de fil de ma petite sœur m’y enjoignant, parce que ça ne l’engageait à rien, ELLE, mais je la reconnais bien là cette gauchiste (je plaisante, elle s’engage, elle s’engage plus que moi), juste après ce coup de fil, j’ai appelé ma grande sœur, mais je comptais déjà le faire, hein, parce que j’ai beau aimer ma tranquillité, j’aime encore plus qu’on me fasse des frites et des beignets de courgette, et donc, je lui ai proposé de quitter son appartement boulonnais et ses quelques misérables mètres carrés pour venir avec son mari et ses neveux s’installer chez moi dans ma maison de mes parents (et des siens) pour la durée du confinement et après mûre réflexion, elle s’est dit que pourquoi pas et hop, la voilà chez moi, ce qui aurait sans doute été le cas même si je n’avais pas demandé mais là je passe pour un grand seigneur et c’est bien ce qui est le plus important dans l’histoire.

 

Et donc depuis une grosse quinzaine de jours, HORREUR JE SUIS CONFINÉ AVEC MA SŒUR SON MARI ET MES NEVEUX DE 3 ET 6 ANS

 

et ça se passe

 

bien.

 

C’est très agaçant. Je n’ai rien à raconter. Pas d’engueulades (sauf à l’heure du coucher des petits, parfois, ou du repas des petits, parfois, parce que ce sont des mômes et qu’ils ne veulent pas se coucher ni manger ce qu’ils ont dans leur assiette. Personne ne s’enferme dans les toilettes (sauf ma sœur pour un peu de tranquillité, mais elle le faisait déjà avant le confinement, et ce n’est pas moi qui vais lui reprocher, de toute façon on a des chiottes à tous les étages, alors).

Pas de pénurie marquante (on est sortis trois fois faire des courses, on a du PQ, de la farine, des boîtes de concentré de tomates, des nouilles)(et surtout du ketchup, base de l’alimentation enfantine).

Le pire drame auquel on ait dû faire face, c’est la disparition régulière des tétines du marmot. Mais il s’endort sans, donc ça va quand même. Juste en-dessous, c’est le fait qu’ils ne veuillent rien écouter d’autre que la chanson des Super-pouvoirs pourris d’Aldebert, mais j’aime bien Aldebert donc c’est pas pire.

Entre adultes, ça va aussi. On bosse tous les trois, ma sœur et moi échangeons mon bureau quand je dois corriger des journaux, donc le soir, après qu’elle ait (je sais, je sais, je m’en fous, j’aime pas l’indicatif après « après que », suez-moi, comme disent les Anglais)(comme disaient les Anglais, pourra-t-on bientôt dire)(parce qu’ils vont TOUS MOURIR À CAUSE DE L’APOCALYPSE VIRALE) fait sa journée, on a un peu de temps de liberté à l’heure bénie de la sieste du petit, les tâches ménagères sont faites un peu par tous (sauf la cuisine par moi).

 

Tout ça est bien pénible.

J’ai voulu commencer, comme tout le monde, un journal de confinement le premier jour, mais en fait y’avait déjà rien à dire, halala c’est bien triste.

 

Bref. J’espère que vous galérez plus que nous, et que ça vous booste la créativité. Mais s’il vous plaît tombez pas malades et restez vivants, merci.

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4 mars 2018 7 04 /03 /mars /2018 19:01

Disclaimeur : je ne suis pas une fille et je ne l'ai jamais été. Je suis un vieux monsieur barbu de près de 34 ans. Néanmoins, j'ai plein de copains filles, des tas de sœurs, de tantes et de cousines, ce qui me donne toute la légitimité nécessaire pour écrire sur la puberté féminine pour le compte des éditions Milan, sans que ça paraisse le moins du monde glauque.
 

Voici donc un bref extrait destiné à inciter un éditeur à me contacter pour un juteux contrat, merci.

Disclaimeur 2 : ayant rédigé ce texte au cours d'un trajet de dix heures trente* en voiture avec deux marmots à l'arrière, il se peut que quelques erreurs factuelles se soient glissées dans le texte. J'ai également pu me rendre coupable de quelques généralisations balayantes, comme on dit en anglais. Je les assume. Sauf si elles vous paraissent horribles, auquel cas elles ne sont là que pour faire le buzz.

Il peut aussi y avoir quelques gros mots, mais rien qui ne soit courant dans les cours de récréation.

 

 


Alors comme ça, tu as chopé la puberté. Ou tu vas la choper. Une fois que quelqu'un l'a eue dans ta classe, ce n'est plus qu'une question de temps. En ce sens, la puberté, c'est comme une gastro avec une période d'incubation aléatoire. Entre quelques semaines et quelques années. Mais tu y passeras. Comme tout le monde. Un peu comme les dents. Il y a des bébés qui naissent avec des dents, d'autres qui attendent des mois et des mois, mais tout le monde finit par avoir des dents. Ben là c'est pareil. Donc même si ça traîne, ça arrivera. Désolé.


Alors donc, pendant cette fameuse puberté, que va-t-il se passer ?
Eh bien, pour faire court, un tas de trucs. Mais sache d'ores et déjà que si ça te parait affreux, ce sera encore bien pire pour ta famille. Parce que l'adolescence est un cauchemar pour tous ceux qui ont à subir les adolescents. J'espère que ça te permettra de relativiser un peu.

 

Ceci étant posé, commençons par le commencement : ce qui se verra.


Il va te pousser des seins. Entre 1 et 4 en moyenne. À moins qu'ils n'aient une petite bouche avec des dents pointues à la place du mamelon, qui hurle des chansons de Michel Sardou dès que tu essayes de t'endormir, ce seront des seins normaux.
Tu te demandes peut-être quelle est la taille idéale pour les seins. C'est très simple, c'est l'inverse des jambes. Si la longueur idéale pour les jambes, c'est quand les pieds touchent par terre, pour les seins, c'est quand ils ne touchent par par terre. Ça fait mal au dos. Enfin, à ce qu'on m'a dit.


Tu t'imagines peut-être, si tu as des lectures que nous ne recommandons pas, que ces seins te serviront à te faire remarquer du bel Ethan, dont tu es amoureuse depuis la maternelle, et que si tu te tiens plus droite, bim, Ethan tombera amoureux de toi et voudra te tenir la main dans la cour de récré. Désolé de te décevoir, ça ne fonctionnera pas. Ethan a d'autre trucs en tête. Le contrôle de maths de mardi, notamment. Et puis il préfère les garçons. Car en effet, il faut savoir que 100% des garçons sont gays à la puberté. Pourquoi crois-tu qu'il a un poster de Cristiano Ronaldo affiché dans sa chambre, en face de son lit ?

 

Mais bien sûr, c'est son talent de footballeur qu'il admire.


Ho, il essayera sans doute de donner le change en faisant des remarques généralement pas drôles sur tes seins. Tu as le droit de t'en foutre. Il t'en remerciera plus tard, s'il ne devient pas un gros con.
Si ses remarques te dérangent, il y a sûrement des moyens de faire en sorte qu'il fasse moins semblant de s'intéresser à tes seins. Un bon coup de genou dans les couilles redirigera toute son attention vers ses couilles, par exemple. (Il n'en faut pas beaucoup à un garçon pour ne penser qu'à ses couilles.)


Sinon, tu peux aussi mettre un costume d'Iron Man ou toute autre tenue dans laquelle tu te sentirais à l'aise.
Sache cependant que si tu essayes de t'habiller de manière à éviter de provoquer des pensées salaces chez certaines personnes, c'est peine perdue. Des pensées salaces peuvent naître chez certains à la vue d'un corps couvert d'une combinaison intégrale tricotée au point mousse. Alors autant t'habiller comme tu en as envie et laisser aux autres la responsabilité de leurs pensées.

 

Je sais pas vous mais moi, ça me donne chaud.


Ha, tant que j'y suis, encore une remarque sur ta tenue : si tu ne rentres plus dans ton jean, il y a peu de chances que tu aies le cul de Beyoncé (si c'est le cas, rends le lui, elle en a besoin pour faire caca). C'est juste qu'il est devenu trop petit (ton pantalon, je veux dire). Changes-en. Dans quelques années, tu t'émerveilleras d'être un jour rentrée dans ce nouveau pantalon. Parce que la vie, c'est comme ça : tout empire et à la fin on meurt.

 

Outre les seins et les fesses, il va également te pousser des poils. Du point de vue évolutif, ils sont là pour permettre la survie des fabricants de cire et de rasoirs. Fais-en ce que bon te semble. Tu as le droit de les aimer, de ne pas les aimer, et de t'en foutre. Tes camarades (et les inconnus) ont le droit de ne pas se mêler de ce que tu fais de tes poils, mais ils ne l'exerceront pas souvent si tu choisis de les aimer ou de t'en foutre. Tu as également le droit de ne rien avoir à foutre de leur avis. (c'est d'ailleurs également vrai pour tes seins et tes fesses. Hourra !)

 

Une autre chose qui t'arrivera sans doute : les règles. Bon, là, j'avoue ne pas être hyper-bien placé pour en parler**, je t'inviterai donc à consulter des ouvrages intéressants sur le sujet, comme celui d'Élise Thiébaut (Ceci est mon sang) ou celui de Jack Parker (Le Grand Mystère des règles). C'est d'ailleurs valable pour tout le monde, en fait. S'informer, ça ne fait jamais de mal.

Enfin, tant que c'est auprès de gens compétents et fiables, bien sûr. Ce qui n'est pas forcément mon cas.

 

 

 

Fin de l'extrait à destination des éditeurs.

 

* Non que j'y aie passé 10h30, hein. Peut-être une heure. Mais c'est pas facile de taper sur un téléphone portable, aussi.

** En plus, j'ai la flemme.

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3 novembre 2017 5 03 /11 /novembre /2017 23:55

Au cours d'une conversation décousue sur le mur facebook d'une amie aux fâcheuses tendances féminaziesnormales et génocidaires (conversation qui portait sur l'extermination par la vasectomie du peuple canadien), une question s'est posée à nous (nous étant essentiellement moi, l'amie en question et un dessinateur chevelu qui a été le premier (et l'unique) à soulever cette question) : pourquoi se faire vasectomiser lorsqu'on peut plus simplement s'obturer le méat avec un rondin d'érable (ce qui aurait en plus l'avantage d'éviter l'usage de Viagra) ?

Car, lorsqu'on est au Canada, on ne saurait utiliser une autre essence que l'érable pour se l'introduire dans l'urètre, ce serait tout à fait antipatriotique et froncé dessus (c'est une expression de là-bas)(ou du moins, ça le pourrait, avec leur manie de franciser les expressions anglophones).

 

Mais cette grave question en a soulevé une autre, tout aussi importante : quelle variété d'érable employer ?

Car si mon séjour linguistique dans l'université québecophone de Laval m'a apporté quelque chose (en plus de la fâcheuse tendance à répondre « Bienvenue » à tous les « merci » qu'on peut m'adresser)(et on m'en adresse beaucoup, parce que je suis poli et serviable), c'est bien à faire la distinction entre toutes les essences d'érables qui infestaient le campus de l'université. Et à utiliser un galipeur (il faut l'utiliser pas trop haut, mais pas trop bas non plus).

 

Il faut donc faire un choix entre, notamment, l'érable à sucre, l'érable rouge, l'érable argenté, l'érable de Norvège, l'érable noir et l'érable de lapin, ha ha ha, un peu d'humour ne fait jamais de mal.

 

L'érable noir est à prohiber, l'espèce étant menacée au Québec, il serait dommage (et infâme, n'ayons pas peur des mots) de couper ces beaux arbres juste parce qu'on préfère éviter la chirurgie.

 

Doit-on employer le noble érable à sucre ? Il aurait en plus l'avantage de sceller hermétiquement le passage des petits nageurs avec du caramel, garantie d'efficacité (sans compter qu'il ajouterait une touche gastronomique à certaines pratiques que la pudeur m'interdit de nommer ici, mais qui ressemblent à la clarinette baveuse)(je parle en fait très exactement de la clarinette baveuse). Mais c'est un peu salissant. Il ne faudrait pas rester collé. Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait idéal.

 

L'érable rouge, alors ? Pour être honnête, je ne saurais plus dire ce qui le distingue des autres érables. Qu'est-ce qui est rouge chez l'érable rouge ? Le tronc ? Les feuilles ? La sève ? Les convictions politiques ? Cet arbre n'est pas clair. Laissons-le de côté.

 

L'érable argenté, c'est simple, c'est le tronc, pour le coup. Puis il fait des grosses racines. Je crois. J'ai souvenir qu'il y en avait un sur le campus qui faisait de grosses racines, mais j'extrapole peut-être un peu. Ce n'était peut-être que lui.

 

Devons-nous alors employer (je dis nous, mais je parle pour les canadiens, en fait) opter pour l'érable de Norvège ?

Je vais faire simple : oui, nous (eux) le devons. Parce que l'érable de Norvège est, si j'en crois mes souvenirs du cours de foresterie urbaine (celui avec les galipeurs), une cochonnerie d'espèce invasive qui cherche à effectuer un Grand Remplacement (réel, celui-là) des érables au Canada. Du coup, plus on s'en fiche de bûtes dans la biche, moins on en laisse proliférer dans les forêts.

 

En plus, s'il m'en souvient bien, c'est un arbrisseau aux branches fines plutôt bien calibrées pour un méat standard. Pas besoin de trop amincir un rondin (au risque de créer un paquet d'échardes) pour le faire passer.

 

Et c'est ainsi qu'on fait d'une pierre deux coups : on fait baisser la natalité des Canadiens qui sont déjà bien assez comme ça à mon goût, et on protège la nature.

 

Ouf, cette question essentielle a été résolue en moins d'une page, je peux maintenant aller me coucher le coeur content.

 

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6 septembre 2017 3 06 /09 /septembre /2017 21:11

Je devrais aller acheter des sacs poubelle. Hier encore, il m'en restait un, mais j'ai dû le mettre dans la poubelle. Pour y jeter des restes de ce week-end qui commençaient à moisir dans la casserole abandonnée sur la plaque éteinte. Et maintenant, la poubelle est pleine de mouches, grasses et noires, qui s'échappent en vrombissant dès que je soulève le couvercle pour y déposer un sachet de thé ou un pot de pâté périmé. Je n'ai plus le choix. Je vais devoir changer de sac. Mais j'ai déjà fait des courses hier.

 

Que faire ? Est-ce que je peux vraiment aller à Casino acheter juste des sacs poubelles ? Que vont penser les gens ? Que va penser la caissière ? Je suis sûr qu'ils vont s'imaginer que j'ai un cadavre à faire disparaitre. C'est ce que je penserais, à leur place. Je n'en ai pas. De cadavre. Je n'ai tué personne, je n'ai même personne à tuer, je ne connais personne, je ne déteste personne. Mais les gens sont suspicieux, c'est la faute de la société et des médias. Il y a trop d'horreurs partout. Du coup, forcément, un type un peu crasseux (je suis chômeur, je n'ai pas vraiment besoin de me laver tous les jours) qui vient n'acheter que des sacs poubelles, ça va faire louche. À leurs yeux. Leurs sales petits yeux sournois de voyeurs paranoïaques.

 

Je pourrais acheter d'autres choses, pour faire illusion. Comme quand j'avais seize ans et que je devais acheter des capotes et que j'achetais des tomates et du shampoing et des tablettes de chocolat pour qu'on remarque pas la boîte de Durex XXL. (c'est faux. Jamais je n'aurais imaginé acheter des capotes à 16 ans. Encore moins avec du shampoing. Je n'aurais pas voulu passer pour un mec crade qui ne se lave les cheveux que parce qu'il va coucher avec quelqu'un). Mais je n'ai besoin de rien, j'ai déjà fait des courses hier pour au moins deux jours, et comme je suis au chômage (je l'ai déjà dit, non ?), je n'ai pas de sous à gâcher avec des machins inutiles.

 

Il me faut juste des sacs poubelle. Alors d'accord, je pourrais les commander sur Amazon, c'est très bien pour ça, mais ça n'arriverait au mieux que demain. Alors qu'il y a déjà des mouches, et qu'il y en aura plus encore demain, parce que c'est comme ça avec les mouches. Et qu'il y a des filles qui débarquent demain à la maison. Je ne veux pas qu'elles voient des mouches dans ma poubelle, et qu'elles aillent rapporter à ma maman. Parce qu'une des filles est ma cousine, et qu'elle rapporterait à ma mère, je le sais. Elles sont comme ça, dans la famille. Des collabos.

 

J'ai réfléchi au problème. Je l'ai retourné dans tous les sens. Je me suis dit que je pourrais acheter de l'insecticide avec mes sacs poubelle, pour ne pas acheter que des sacs poubelles, pour tuer les mouches. Mais si j'achète des sacs poubelles, je n'aurai qu'à changer de sac, et je n'aurai pas besoin de tuer les mouches. Je ne suis pas un homme cruel. Pas avec les mouches. Donc, pas d'insecticide. Donc, pas de sac poubelle.

 

Je ne sais plus quoi faire.

 

Je suis un peu perdu.

 

Mais j'ai réussi à faire une note de blog. Merci, les mouches.

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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 23:36

Une fois de plus, je reprends la plume pour ressusciter temporairement ce vieux blog qui traîne sur les internets depuis maintenant dix ans. Putain, dix ans. Ça en fait, des mois. On pourrait même les compter, si on voulait s'en donner la peine, mais le temps passe si vite, est-ce bien raisonnable de le dépenser à chercher à compter ce genre de choses ?

 

Je ne sais plus ce qui est raisonnable. Je sais ce qui serait raisonnable (chercher un emploi rémunéré des millions, afin d'avoir des millions d'argent à dépenser), mais entre ce qui serait raisonnable et ce qui est raisonnable, c'est à dire raisonnablement atteignable dans l'état de décrépitude intellectuelle et morale dans laquelle je me trouve, il y a un monde. Du coup, je donne dans le déraisonnable et j'écris une note de blog, au lieu de traduire un livre qui ferait un tabac dans le monde des amateurs de livres mal traduits (enfin, médiocrement traduits. J'en fais toujours trop dans l'autodépréciation, je le sais, c'est un travers qui m'a été insufflé par ma maman, qui m'a raté. C'est elle qui le dit. Mais en fait, je crois qu'elle était juste énervée à ce moment-là, et j'étais assez vieux pour comprendre ce qu'elle voulait dire et ne pas mal le prendre, mais je suis encore assez jeune pour essayer de la faire culpabiliser avec ça, elle est forte pour culpabiliser, c'est un autre travers qu'elle m'a refourgué, alors que mon papa, lui m'a fourgué un gros nez. Je ne sais pas à qui je dois en vouloir le plus. Fin de la parenthèse.)

 

Je ne sais plus où je voulais en venir, et j'ajoute donc cette phrase, qui n'a pour autre but que d'essayer de me donner une contenance en cherchant si je voulais vraiment dire quelque chose, ou si je voulais juste essayer de voir si j'arrivais encore à faire une note de blog parce que je ne me décide pas à laisser ce blog se périmer comme ça. Ne serait-ce qu'en souvenir du copain qui m'a encouragé à faire ce blog et qui n'est plus là pour le lire. Ça n'a pas beaucoup de sens, je m'en rends compte maintenant, mais bon. C'est comme ça.

 

Je ne sais plus quoi dire. C'est frustrant. Je n'ai même pas de bonne histoire de caca à vous raconter, on a racheté du pécu avant-hier avant de tomber en rade, c'était très bien organisé. Enfin, on, je veux dire mon coloc temporaire, un brave garçon malgré ses défauts, en premier lieu, celui d'être lactose-intolérant, ce qui m'empêche de faire mes bons veloutés poireaux-pomme de terre, parce que je mets du lait dedans. Mais il m'offre des distractions bienvenues, qui font d'excellentes anecdotes facebook, comme celle que je racontai il y a quelques jours, quand je lui ai appris qu'il y avait du beurre dans le lait. Hahaha, on a bien rigolé. (mais c'est un mec intelligent, à part ça, hein. Plus que moi. Le genre d'enfoiré qui reçoit des coups de fil pour lui offrir un job pendant qu'il est en entretien d'embauche au CNRS. 'foiré.)

 

Hélas, il repart tout bientôt, et ne suffira donc pas à fournir une note de blog en entier. Mondre de merdre. Où va-t-on. Je vous le demande. On peut plus faire confiance à personne.

 

Halala. Encore une note de blog qui n'aura eu ni queue ni tête ni sujet ni complément ni rien. Je crois que c'est tout ce que je sais faire. Et ça n'est même pas valorisable dans un CV. Si c'est pas malheureux. Si le monde n'est pas mal fait. Halala. J'en radote, encore et encore. Je me demande si je ferais pas mieux de ne pas publier cet article, vu que celui d'en dessous est meilleur, tiens. Ça gâche. J'aime pas gâcher. Mais bon, je le fais quand même, parce que je m'ennuie.

 

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