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15 juillet 2020 3 15 /07 /juillet /2020 11:12

Camarades lecteurices, 

suite à la détresse des membres d'un podcast à thématique aléatoire forcés de lire une nouvelle érotique se déroulant dans un casino et n'ayant à leur disposition qu'un texte intitulé "Prise par 4 hommes à Las Vegas", j'ai empoigné toute ma bonne volonté pour tenter de pondre une alternative car mon cœur est bon. J'ai commencé par écrire trois pages, au bout desquelles j'avais eu du mal à faire arriver mes personnages à une scène érotique puis, quelques jours plus tard, confronté à une deadline soudaine, j'ai fini cette histoire d'amour contrarié. Là voilà donc pour vous.

Vous pouvez aussi l'écouter là : https://soundcloud.com/calvinball-radio/hobbesball-4-peau-de-chamelon

Alors par contre, c'est un peu long, hein.

 

 

En slip, boutonnant sa chemise de soie devant son miroir, Jimmy-John contemplait son reflet, et ce qu’il y voyait lui procurait une intense satisfaction. Le tissu moiré était tendu par des pectoraux musclés dont les tétons pointaient légèrement, sa mâchoire rasée de près arborait une paire de fossettes encadrant un sourire aux dents éclatantes qui ne demandaient qu’à mordre dans la vie et sentir son jus s’écouler, tiède et sucré comme la sève d’une pastèque fraîchement cueillie, dans sa gorge à la pomme d’Adam triomphante comme la balle de golf de Tiger Woods, et ses yeux d’un bleu électrique lui renvoyèrent un regard viril empreint d’une mâle assurance.

Il s’envoya un clin d’œil, attrapa son pantalon de flanelle veloutée Dolce & Gabana, le même qu’avait porté Ryan Gosling à la cérémonie des Oscars, exactement le même en fait, car Ryan lui en avait fait cadeau pour célébrer la victoire que Jimmy-John lui avait offerte dans son procès pour la garde de ses enfants avec Scarlett Johannson. Le tissu glissa soyeusement sur la peau veloutée de ses cuisses rasées, frôla sensuellement la boutonnière de son caleçon tendue par un sexe légèrement gonflé par la douceur du cachemire , puis il boutonna la fermeture sous son nombril, en caressant la peau glabre et la chair ferme de ses abdominaux, qu’il entretenait régulièrement à la salle de sport que tenait son ami Mike Tyson sur la Cinquième Avenue.

D’un geste souple et félin, il enfila son veston trois boutons en peau de chamelon, qu’il ajusta sur ses larges épaules qu’il épousseta d’un revers de main, une habitude qu’il gardait d’un traumatisme adolescent, un passé qui l’avait vu lutter contre des pellicules persistantes qui lui avaient valu les quolibets de ses camarades de dortoir du pensionnat anglais où l’avaient envoyé ses parents, à l’âge de 13 ans, pour ses études en droit des affaires. Dix ans de thérapie lui avaient permis, enfin, d’aller de l’avant et d’oublier. De pardonner, jamais.

 

À l’évocation de ses parents, une larme lui humecta le globe oculaire, avant de rouler sur sa joue musclée tendue par l’effort de retenir son chagrin. Ses parents… Pour la première fois de sa vie, ils ne seraient pas avec lui ce soir, le soir de son anniversaire. Ils étaient morts lors d’un accident d’hélicoptère, entre le douzième et le treizième trou du golf de Saint-Andrews, deux mois plus tôt. Depuis, il n’avait plus pu poser la main sur un fer 7. Chienne de vie…

 

Il se reprit. Aujourd’hui, c’était SA soirée, il n’allait pas se laisser abattre par des souvenirs, aussi douloureux fussent-ils. Et pour rendre néanmoins hommage à la mémoire de ses parents disparus, il allait fêter son anniversaire dans l’endroit qu’ils avaient aimé entre tous : le casino de Deauville, Normandi, France.

 

D’un geste souple et félin, il enfila ses chaussettes en pur fil d’Écosse, tira un peu sur le bout, avec douceur, comme on rajuste son prépuce après l’amour, afin d’assurer le confort de ses orteils soigneusement pédicurés, puis glissa ses pieds musclés dans le cocon enveloppant de ses Air Jordan 1978 acquises à prix d’or à la vente aux enchère chez Sotheby’s.

 

Il passa la tête par la fenêtre de son loft au dernier étage d’un immeuble cossu de Los Angeles, inséra deux doigts impeccablement manucurés entre ses lèvres et émit une trille harmonieuse et perçante. Un instant plus tard, une échelle de corde tombait du ciel dans un vrombissement de rotor, dont il s’emparait avant de grimper, d’un geste souple et félin, dans la cabine de son hélicoptère privé, piloté par Van, un vétéran du Viet-Nam qu’il avait tiré de la rue quelques années plus tôt, et à qui il avait ainsi sauvé la vie. Van lui était dévoué comme seul un homme à qui vous avez sauvé la vie peut vous être dévoué, et ferait tout pour son patron, qui, en homme généreux, n’en abusait cependant pas, quoiqu’il aurait pu, sans que cela n’eûsse dérangé Van, qui lui devait la vie.

 

Deux heures plus tard, frais et dispos, il atterrissait sur le toit du casino de Deauville. Il descendit d’un bond de son hélicoptère, donna d’un geste congé à Van, puis descendit dans la grande salle du casino.

 

À son arrivée, tous les regards se levèrent des tables de black-jack et des bandits manchots pour le suivre du regard, tandis que les visages des croupiers s’éclairaient d’un sourire radieux, car c’était pour eux le signe d’un gros pourboire ce soir. Jimmy-John était réputé pour la générosité de ses tips. Une serveuse accorte lui apporta sur un plateau son breuvage favori, un gin-tonic où ondulait gracieusement une huître crue, shaken mais pas stirred. Il la remercia d’un hochement de la tête accompagné d’un sourire en coin, et lui tendit avec un clin d’œil une liasse de dollars, qu’elle accepta en rosissant.

 

Sirotant son verre de bloody-mary, Jimmy-John descendit lentement l’escalier monumental en inspectant du regard les différentes tables de jeu où s’amassait une foule endimanchée. Son jeu préféré, celui où les mises étaient les plus importantes, et qui lui faisait jaillir l’adrénaline par tous les pores, la roulette russe, n’était plus à l’ordre du jour. Orphelin de la famille McJohnny, il lui revenait maintenant de transmettre le nom et la fortune de la famille, et il ne pouvait plus prendre de risques inconsidérés, sauf, évidemment, au nom de la République, si la Reine décidait une fois de plus de faire appel à ses compétences.

 

Il se mit à lorgner du côté des tables de gin-rummy. Les joueurs, concentrés sur leur jeu, lançaient leurs dés comme si leur vie en dépendait. L’ambiance n’était pas des plus accueillantes. Il se retourna vers la table de la roulette, et se figea soudain.

 

Debout près d’un homme en costume queue-de-pie, se trouvait une femme, d’une beauté extraordinaire. Ses cheveux bruns lui cascadaient le long des reins, et il les envia soudain de pouvoir ainsi caresser la peau d’albâtre de son dos couverte par une fine robe fourreau en satin brossé. Son regard parcourut les longues jambes au galbe parfaitement épilé, prolongées par des pieds emboîtés dans des ballerines à talon de 15 centimètres, puis remonta vers les globes d’une blancheur aveuglante de ses seins, qui semblaient prêts, tels deux lapins apeurés, à s’échapper à tout instant d’un corsage trop serré, puis redescendit vers ses hanches pleines et moulées dans la coupe italienne fendue de sa robe, avant de remonter de nouveau vers son cou fin et blanc, un cou de sirène, un cou de reine, qui donnait envie de croquer dedans comme dans le fruit interdit.

 

Les yeux chocolat de la déesse, harmonieusement écartés l’un de l’autre par la base d’un nez aquilin parfaitement symétrique, semblaient s’ennuyer. Il décida de tenter sa chance.

 

– Bonjour, mademoiselle. Puis-je me présenter ? Je m’appelle Robert Esteban Jeosaphat McJohnny III, mais mes amis m’appellent Jimmy-John. Puis-je me joindre à vous ?

 

Surprise, la jeune femme se retourna, et parcourut d’un regard timide le corps de l’homme qui l’interpellait avec une telle assurance. Quel toupet !

– Faites comme vous voulez, nous sommes dans un pays libre...

Mais quoi que puisse suggérer le ton froid de sa voix, elle était troublée. Cet inconnu dégageait un je-ne-sais-quoi d’animal, qui ne tenait pas qu’à son odeur musquée.

– Chérie ? Quelque chose ne va pas ? Demanda soudain son mari, l’homme en queue-de-pie penché sur la table de jeu.

– Je vais me quérir un rafraîchissement, darling, dit-elle.

– Ah, très bien ! Peux-tu me ramener un lait-fraise ?

– Mais enfin, Patrick, tu sais que tu ne digères pas le lactose ! Tu dois mieux surveiller ton alimentation !

– Au diable mes intolérances alimentaires, femme ! Prends-moi un lait-fraise on the rocks !

– Oui, mon amour, comme tu voudras, déclara-t-elle d’un ton dégagé, avant de s’engager sur le chemin du bar, au fond de la salle.

 

Jimmy-John se glissa souplement sur ses talons.

– J’ai cru entendre que vous alliez quérir un rafraîchissement, mademoiselle. Puis-je vous accompagner ? Je suis très seul ce soir, et c’est mon anniversaire…

– Faites comme vous voulez, nous sommes dans un pays libre…

– C’est très vrai, puis-je donc prendre la liberté de vous demander votre prénom ? Vous connaissez déjà le mien, glissa-t-il habilement.

Prise de court, elle hésita.

– Je… Je m’apelle Cindy-Talia. Mais je suis mariée, je vous préviens !

– Avec ce goujat rougeaud que j’ai vu à la table de craps ? Vous m’en voyez désolé…

– Parlez un peu mieux de mon époux, s’il vous plait ! Et d’ailleurs, allez-vous-en, laissez-moi tranquille !

– Mais enfin Cindy-Talia, nous sommes dans un pays libre… Mais excusez-moi, et laissez-moi vous offrir à boire… Eugène ! Un fond de culotte pour madame ! C’est un Suze-cassis, dit-il en se retournant vers la jeune femme. Car un fond de culotte ne s’use qu’assis, vous l’avez ?

La jeune femme, désemparée par ce revirement, s’empara du verre qu’il lui offrait et le dégusta d’un trait. L’alcool de gentiane lui fit rosir les joues et s’emballer quelque peu son cœur.

– Je… dit-elle. Elle s’interrompit. Jimmy-John avait posé délicatement sa main sur sa cuisse, un air interrogatif dans le regard.

– Vous avez froid, mademoiselle ? demanda-t-il avec douceur. Vous avez la chair de poule…

Ce n’était pas le froid, mais la chaleur de sa main qui avait fait dresser les poils de sa cuisse à Cindy-Talia, mais elle n’allait pas le lui avouer. Son trouble était visible. Elle se reprit et dit d’un ton sec : « Merci pour le verre, mais je dois retourner auprès de mon mari, il a besoin de moi pour lui porter bonheur, et il est en train de tout rafler ce soir.

– Vraiment ? Pauvre homme…

– Comment ça ?

– Eh bien, comme on dit, heureux au jeu…

CLAC. La claque retentit dans la salle, sans attirer l’attention du public, heureusement.

– Comment osez-vous insinuer… grinça Cindy-Talia. J’aime mon mari, monsieur !

– Je n’en doute pas, Cindy-Talia. Veuillez me pardonner, je suis allé trop loin.

 

Le dos raide, Cindy-Talia rejoignit son époux, lui tendant son lait-fraise et déposant un baiser sur son front au passage, jetant un regard de braise courroucée à Jimmy-John par la même occasion. Comment osait-il insinuer… ?

Cependant, si son esprit était très clair sur la question de son attachement à Patrick, son corps semblait n’en avoir cure, et frémissait encore au souvenir de la main de cet effronté sur sa cuisse. Le rouge lui monta au front. Cette sensation… elle ne l’avait encore jamais éprouvée. Se pouvait-il que… Non, elle était forte, et digne, et pure, et jamais, jamais l’abominable vice, l’innommable perversion du désir sexuel ne la souillerait.

 

Un souvenir remonta à son esprit enfiévré, celui de son père, le pasteur Samuel Bishop, sur son lit de mort, lui faisant jurer, alors qu’elle n’avait que 17 ans, de ne jamais se laisser toucher par la concupiscence, qui était péché mortel, et, en pleurant, en serrant les mains décharnées du seul homme qu’elle avait véritablement aimé, elle avait juré de ne jamais se laisser corrompre par la chair. Et depuis ce temps, elle avait tenu parole, et si elle avait une affection sincère pour Patrick, elle lui était reconnaissante de ne pas faire monter en elle les affres de la passion amoureuse qui la mèneraient, c’était sûr, directement en enfer. Il la traitait avec bonté, mais son corps n’éveillait en elle nulle passion, et c’était avec résignation qu’elle lui accordait, une fois par semaine, le don du sien. Il prenait son plaisir en ahanant, lui farfouillait frénétiquement le vestibule de ce qu'elle appelait sa nounoute de son petit pénis fébrile, avec l'énergie erratique d'un enfant en train de gribouiller au feutre sur un tableau blanc, sans lui causer trop d’inconfort, puis, arrivé au pic de ses frétillements, poussait un petit toussotement, puis roulait de sur son corps avec un soupir satisfait, la laissant aller se rincer seule à la salle de bains pendant qu’il ronflait paisiblement.

 

Elle arracha ses pensées de ces idées lubriques, et se concentra sur la partie en cours. Avec sa main d’atouts, il ne manquait à Patrick qu’un double six pour faire tapis. Sans se retourner, il lui tendit son cornet de dés afin qu’elle l’embrasse pour lui porter bonheur. Elle effleura du bout de ses lèvres satinées le cornet en cuir de libellule, et le lui tendit. Il secoua le petit pot avec énergie, et projeta mollement les dés sur la table. Un cinq et un six. Patrick poussa un petit soupir satisfait, ce n’était pas un mauvais lancer. Il se retourna et vit un homme, élégant, bien fait savamment décoiffé, tout ce qu’il ne serait jamais et qu’il méprisait sans se douter que c’était la jalousie qui aiguillait ce sentiment, un homme qui, comme tous les hommes, déshabillait sa femme de son regard. Il avait toute confiance en Cindy-Talia, qu’il savait tenir par les sens. Combien de fois ne lui avait-elle pas dit qu’elle ne pourrait rêver de meilleur amant ? Au moins trois. Il décida donc de jouer un peu avec le jeune gandin.

 

Il bomba le torse et s’adressa au jeune homme :

– Eh bien, mon cher monsieur…

– McJohnny.

– Mon cher McJohnny, je vois que vous reluquez ma femme depuis tout à l’heure ?

 

Cindy-Talia faillit recracher sa Suze. À quoi jouait-il ? Le lait-fraise lui était-il monté à la tête ?

 

– C’est exact, monsieur. Il faudrait être aveugle pour ne pas la reluquer. Et j’ai 10 à chaque œil. Mon ophtalmo m’a dit n’avoir jamais vu d’aussi bons yeux qui ne soient pas dans les orbites d’un vautour percnoptère, et ces oiseaux sont capables de repérer un cadavre de lapin à 1000 mètres d’altitude.

Cette répartie désarçonna quelque peu Patrick. Il se reprit néanmoins.

 

– Alors j’imagine que ça vous tenterait de faire un petit pari avec moi ? Si vous battez mon score, ma femme peut vous rejoindre si elle le souhaite. En revanche, si je gagne, vous allez vous enfermer aux toilettes jusqu’à ce qu’on soit partis, ma femme et moi. Mais je lis dans vos yeux que vous n’avez pas la win, McJohnny. J’espère que vous aimez l’odeur du Canard WC.

Tous les regards du casino s’étaient tournés vers leur table. Cindy-Talia se pencha vers Patrick, l’air agité.

 

– Mais enfin, Patrick chou, qu’est-ce que tu fabriques ? qu’est-ce que ça veut dire ? Lui murmura-t-elle à l’oreille d’un ton angoissé.

– Ne t’en fais pas, ma chérie. J’ai fait un onze, c’est mathématiquement impossible qu’il fasse mieux ! Et je n’ai pas à douter de ton amour, je le sais ! répondit-il d’une même voix basse.

– Tu aurais pu m’en parler avant ! Et je n’aime pas cette façon que tu as de prendre mon amour pour acquis !

 

– J’accepte le pari ! déclara d’une voix forte Jimmy-John, interrompant leur conciliabule.

Et, se saisissant du cornet à dé, il le porta à sa bouche, ainsi que l’avait fait Cindy-Talia pour porter bonheur à Patrick. Il la chercha du regard et, quand il vit qu’elle le regardait, sans la quitter des yeux, il lécha ostensiblement les bords du cornet à dés avant d’y insérer la langue, faisant cliqueter les dés au rythme des rotations impudiques qu’il leur imprimait. Cindy-Talia était comme hypnotisée. Au bout d’une minute, Jimmy-John rompit le sortilège et, d’un geste souple et félin, envoya avec force les dés sur la table.

 

Ils semblèrent rouler des heures, leurs faces mouillées de salive projetant des lueurs irisées à chaque rebond. Les spectateurs étaient comme hypnotisés et le silence régnait dans le casino quand, enfin, les dés s’immobilisèrent. 4 et 3.

– Hahaha ! Vous avez perdu ! 7 est en-dessous de 11 ! Je t’avais bien dit que c’était mathématiquement impossible qu’il me batte, Cindy-Talia ! aboya joyeusement Patrick. Vous pouvez aller vous enfermer aux cabinets, monsieur le joli cœur !

– Un 7… murmura Jimmy-John. Eh bien, peut-être ne m’a-t-il pas porté bonheur ce soir. Eh bien, tant pis ! Tournée générale pour tout le monde ! Il ne sera pas dit que Jimmy-John McJohnny est mauvais joueur !

 

Une clameur retentit et des vivats furent poussés, car s’il est une chose en ce bas monde qui provoque clameur et vivats, ce sont bien les tournées générales, et une cohue se forma tandis que la foule se ruait vers le bar, emportant tout le monde sur son passage, avec, à sa tête, un Patrick exultant et décidé à se faire payer par son rival le lait-fraise le plus cher dont disposait le casino.

Dans la confusion, Jimmy-John vit passer Cindy-Talia près de lui, et, discrètement, lui attrapa le bras.

– J’ai perdu, lui souffla-t-il, et l’honneur me dicte d’aller m’enfermer aux toilettes. Mais mes parents sont (un frisson s’empara de lui, et il continua d’une voix étranglée), mes parents ÉTAIENT de bons clients, et mon père était sujet aux hémorroïdes… enfin, toujours est-il que j’ai ici des toilettes privatives, dont je détiens seul la clé. Si le cœur vous en dit… vous pouvez me rejoindre. La porte est marquée McJ, pour MacJohnny, elle est entre les toilettes messieurs et le placard à balais. Elle est insonorisée…

– Pour qui vous prenez-vous ? Je n’aime que mon mari !

– Cet homme qui était prêt à vous céder à moi ? Vous savez, mathématiquement, il était possible que je gagne, et qu’auriez-vous fait alors ? Et où est-il, maintenant ? En train de se gaver de lait-fraise à mes frais ? Vous méritez mieux, Cindy-Talia.

 

Elle lui arracha sa main, et, lui lançant un dernier regard de braise, s’en alla, le dos droit, telle une gazelle tournant le dos au lion pour s’en aller rejoindre, d’une démarche impériale, son babouin de mari.

 

Poussant un soupir, Jimmy-John adressa un dernier regard à la croupe somptueuse de la gazelle, puis se dirigea vers les toilettes. Arrivé devant la porte siglée McJ, il posa la main sur le lecteur d’empreintes et, lorsque la voix électronique lui eut souhaité la bienvenue et un joyeux anniversaire, il alla s’allonger sur le matelas recouvert d’une peau de bison qui faisait face à la cuvette japonaise dernier cri. Il ôta sa chemise et s’allongea. Il allait devoir attendre un moment…

 

Soudain, un grattement timide se fit entendre à la porte. Jimmy-John se leva d’un bond souple et félin. Cindy-Talia ! Sans nul doute, elle s’était rendue à ses sens et avait décidé qu’il lui fallait savoir répondre à l’appel de son corps, et que Jimmy-John devait être son professeur sur le chemin du plaisir charnel ! D’un geste vif, il ouvrit grand la porte.

 

– Excusez-moi, M. McJohnny, je me suis dit que vous deviez avoir faim, alors je vous ai apporté un sandwich à la tapenade.

– Oh. Euh… Merci, Madeleine. Je… C’est très aimable à vous.

– Oh de rien M. McJohnny. Bonne soirée !

– Bonne soirée, Madeleine.

 

Ce n’était pas Cindy-Talia. C’était Madeleine la serveuse et un sandwich à la tapenade. Tant pis.

Il contempla la grande tranche de pain de mie recouverte de sa sauce à l’odeur musquée. Bon, puisqu’elle était là…

 

Il se masturba furieusement dans sa tartine.

 

PS : un peu plus tard Cindy-Talia et Patrick allaient recevoir un coupon de réduction pour un cours de tantrisme et Cindy-Talia allait enfin découvrir que les orgasmes en fait c’était bien et qu’elle pouvait en avoir tous les jours si elle avait envie et que ça ne faisait pas d’elle une traînée et tant pis pour ce que pouvait en penser son père mort et Patrick allait se faire poser des implants capillaires et ça lui redonnerait confiance en lui et du coup il abandonnerait son comportement machiste, qui prenait racine dans sa profonde insécurité liée à sa calvitie naissante, et tout irait pour le mieux pour eux.

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