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FIGB recrute




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26 mai 2007 6 26 /05 /mai /2007 12:24
Je vous ai déjà dit que j'avais passé un semestre d'études au Québec ?
Il me semble que voui.

Mais ce que je ne vous ai pas dit, c'est que, durant des périodes de solitude glacée qui me brûlaient l'âme d'une langueur inspirée, je me suis dit, comme ça, que j'allais me fendre d'une histoire pour les enfants, un joli conte moral plein de tolérance et d'amour de son prochain.
Alors j'ai commencé à l'écrire.

Vu ce que ça donnait, j'ai vite arrêté.
Mais pour la postérité, puis parce que je viens de retrouver ledit manuscrit, voilà mon oeuvre inachevée, sans doute que c'est tant mieux.

***********Alors là j'ai pas trouvé de titre***********

Jean-Claude n’était pas comme ses petits camarades de classe. D’abord, il aimait aller à l’école. Ensuite, c’était un oursin.

 

Sa maman avait essayé de lui faire comprendre que l’école, ce n’était pas pour lui.

 

-L’école, ce n’est pas pour toi, lui disait-elle.

 

-Pourquoi ? demandait Jean-Claude. Moi aussi, j’ai envie d’apprendre comment vivaient nos ancêtres les Gaulois, et le nom des dents !

 

-Tes ancêtres se faisaient manger par les Gaulois, lui répondait sa mère. Et l’école, c’est bon pour les humains. Tu n’as pas besoin de ça pour apprendre à capturer ton plancton.

 

 

Mais Jean-Claude insista tant que sa maman finit par l’inscrire.

 

Jean-Claude était très content, mais il déchanta vite. Les élèves de la classe ne l’acceptaient pas.

 

-T’es pas comme nous ! disaient-ils. D’abord, tu piques !

 

Et ils se moquaient de lui en criant « il pique ! il pique ! »

 

 

Un seul élève ne se moquait pas de lui : il s’appelait Louis-Hubert, et il avait seize ans. Il avait redoublé huit fois et connaissait bien le problème de Jean-Claude. Tous les soirs en l’embrassant, sa maman lui disait : « Oh, mais tu piques »

***********


Bon, je suis pas allé plus loin, parce que j'avais trouvé des gens pour regarder la télé et faire du jeu de rôle et faire du patin à glace et aller dans la forêt chercher des crottes de caribou. Et perdu la feuille où j'avas écrit ça, heureusement.

Au moins, ça m'aura donné l'opportunité de faire une note de blog, hein. Toujours ça de pris.

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24 mai 2007 4 24 /05 /mai /2007 00:28

Cet après midi (ndla : bon, ça date. Et alors ?), en me promenant dans le jardin du Luxembourg, plusieurs choses m’ont frappé. La plus flagrante n’était pas, comme on pourrait le penser, les décolletés affriolants de gourgandines sans pudeur (que je salue au passage, merci mesdemoiselles), ni la multiplicité des couples présentant toutes les combinaisons possibles, sur les plans du sexe, de la couleur de l’âge ou  de la coupe de cheveux.

Non, ce qui m’a frappé, c’est l’omniprésence des mômes. Je ne savais même pas que Paris pouvait abriter autant de chiards entre 2 et 5 ans (avec des parents entre 20 et 65 ans).

 

Ce qui m’a amené à me poser la question : pourquoi fait-on les bébés ?

Je ne comprends pas. J’ai beau réfléchir (ce qui n’est pas facile par cette chaleur qui liquéfie les neurones et me fait suer à en noyer mon clavier, ça colle et c’est berk), je ne comprends pas.

Je me rends compte que ma question est mal formulée. Bon, d’accord, c’est agréable à faire, mais on est pas obligé d’en avoir, alors pourquoi certains le font ils ?

Enfin bon, regardons les choses en face : les bébés, c’est chiant. Leur conversation est très limitée, ils n’ont aucune conception de ce qui est une heure convenable pour dormir, ils sont sales, ils sont bruyants, et ils ne savent pas contrôler leurs sphincters (Merci Manu). Par ailleurs, ils rendent les parents hystériques : à peine essayez vous d’en soulever un par les bras qu’on vous hurle dessus, comme quoi c’est pas solide, que vous allez lui arracher les bras, que vous êtes un irresponsable, puis rendez moi Kevin, là mon pauvre pleure plus on va le faire partir le vilain monsieur barbu, ça va aller, là, là, oh mais c’est qu’il a fait popo le bébé allez on va le changer et lui mettre du talc sur ses petites fesses roses, il va être tout propre le bébé à son papa, hein. C’est pathétique.

Soyons réalistes : ils ne servent à rien, sinon à éviter des invitations de fâcheux en prétextant le manque de baby-sitter (et accessoirement à rencontrer des baby-sitters, même si généralement la maman peut mal le prendre).

Par ailleurs, quand il grandit, il peut toujours vous mettre dans des situations embarrassantes :

Oui mon chéri il est très beau ton caca, oui, bien moulé, oui les mouches sont très jolies aussi, maintenant, tu laisses papa discuter avec son patron ? C’est ça, va montrer à maman, elle sera très fière de son Kevin, comme papa.

En plus, plus tard viennent les questions pièges auxquelles les parents ne savent jamais répondre : Comment on fait les bébés ? Pourquoi mémé elle bouge plus et elle laisse les mouches lui marcher sur les yeux ? C’'est quoi une pourriture de communiste ? C’est qui le monsieur dans le lit de maman ?

Pas facile de répondre à tout ça. Alors pourquoi s’encombre-t-on de mômes qui posent ces questions ?

Puis ensuite, faut payer les fournitures scolaires, aider aux devoirs, consoler son gosse parce que les autres lui ont volé sa trousse et fait caca dedans, puis supporter la crise d’adolescence, puis l’ingratitude quand il vous envoie à la maison de retraite la plus pourrie du coin… Y’a rien à sauver chez les mômes (regardez nous, on en était y’a pas si longtemps) !

 

Alors pourquoi ? pourquoi ?

 

PS : Ne vous méprenez pas. J’aime les enfants, et pas seulement parce qu’ils sont nettement plus tendres et moins filandreux que les vieux. Mais j’aime bien les enfants des autres gens, ceux dont on peut se débarrasser sans craindre les foudres des services sociaux, en les rendant vite fait  leurs parents quand ils commencent à brailler.

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18 mai 2007 5 18 /05 /mai /2007 17:37

Les gogues, les chiottes, les cagoinsses, les lieux, les ouécés, le pipi-room, les cabinets, les waters...

Tous ces beaux termes pour parler de la pièce qui m'a toujours été le plus agréable à fréquenter, quelle que soit la maison qui les abrite.

Car ce n'est pas seulement pour uriner, pisser, caguer, faire pleurer le cyclope, poser une pêche, parachuter un congolais... que je rends volontiers visite à l'ami Jacob (Delafon, pour ceux qui connaissent pas déjà la blague). Bien que ce soit une raison première, je ne le nie pas, d'autant plus que soit j'ai une toute petite vessie, soit je suis enceint, car je suis enclin à pisser un nombre de fois par jour impressionnant.

Mais les toilettes sont aussi le meilleur lieu de lecture que je connaisse, en particulier de bédés. Quelle sensation plus jouissive que de lire une bédé posée par terre, penché en avant, le pantalon sur les chevilles, imperméable au monde extérieur, dans sa bulle cabinesque ? Ou, constipé, de savourer un bon gros roman en espérant que la crotte arrive, et en beuglant "Occupé !" à chaque fois qu'un intrus impatient fait trembler la porte sur ses gonds ?

Rien.

C'est pourquoi, me sentant redevable à ces pièces qui ont vu une bonne partie de ma vie, je leur rends aujourd'hui cet hommage.

Lorsque je fouille mes souvenirs, remontant à la lointaine époque où le trône m'arrivait à la taille, l'image qui me vient à l'esprit, ce sont les toilettes de l'ancienne maison de ma mamie. C'était un appartement dont on ne pouvait douter qu'il était à une mamie, du papier peint entre le pastel et l'ocre représentant des scènes de chasse ou je sais plus quoi, une table en formica dans la cuisine, un canapé vert cracra et un autre en cuir élimé, se dépliant en lit au matelas épais comme un hérisson après une tentative de traversée de l'autoroute du Soleil un 15 août, unlit à couvre lit en espèce de velours rose sous lequel je me planquais pour lire mes clubs des Cinq...
Et donc, les toilettes. Au bout d'un couloir, une porte avec une lucarne en verre dépoli, qui s'ouvrait sur une pièce pas plus large que la porte, mais longue comme un jour sans saucisson. Au moins quatre mètres, et, tout au bout, sur une petite estrade, le trône, majestueux, immobile, sa petite chaîne qui pendait sur le côté.
Je n'ai jamais été plus impressionné que lorsque je devais aller dans ces toilettes la nuit. J'avais toujours le sentiment qu'un diable cornu et tout rouge allait sortir de ces toilettes pour m'attraper par en dessous. J'en ai encore des frissons quand j'y pense. (oui, à l'époque, je croyais aux diables rouges et cornus, et ces toilettes ne faisaient rien pour arranger les choses).

Plus tard vinrent les toilettes de chez ma tata. Elles n'ont pas forcément grand-chose pour elles, elles sont même plutôt rustiques, la porte est une plaque coulissante de plastique bleu ondulé bricolée par ma tante, qui se fixe avec un crochet, et laisse un espace libre bien suffisant pour que tout le monde dans la maison soit au courant de ton activité intestinale, et il y fait tellement froid qu'on doit allumer le chauffage avant de pouvoir poser son popotin, aussi protégé par une couche de poils fût-il. Cependant, j'en garde des souvenirs poignants.
En particulier ce douloureux épisode, quand, en l'absence de papier toilette rose triple épaisseur et doux pour les fesses, je dus me rabattre sur des mouchoirs à nez.
Sans me rendre compte, au prime abord, que si ces mouchoirs étaient verts, c'est qu'ils étaient au menthol. C'est une sensation que je ne vous souhaite pas. Imaginez-vous utilisant un Fisherman's Friend comme suppositoire, l'effet "décapage des muqueuses" doit être sensiblement le même. Et ça perdure pendant un bon moment, en plus, comme une haleine fraîche (très très fraîche) exhalée par le fondement. Brrr.
L'avantage de ces toilettes, cependant, reste la fenêtre sur le jardin, permettant d'observer les piafs dans les cerisiers sans avoir à sortir dans le vent. L'inconvénient principal, ce sont les grosses mouches noires, qui reviennent toujours, quel que soit le nombre que vous en écrasez avec les Nouvels Observateurs roulés.


Parm les autres toilettes qui marquèrent ma courte vie (je sais, je sais, la maturité de ma prose tend à me faire prendre pour un grand-oncle à la sagesse tellurique, mais il n'en est rien, je suis aussi jeune et fringant que Paris Hilton), il y a celles de Bréhat.
Là-bas, l'entrée, c'est la cuisine. Et de la cuisine, on a accès directement à la salle de bains, anciennement lambrissée de bois peint en orange vif, puis en jaune poussin. Avec des fenêtres qui donnent une sur la route où passent tous les touristes, et une sur le côté de la maison, par laquelle tu peux engueuler les touristes qui prennent le mur pour un pissotière.
Aujourd'hui, elle est plus lambrissée, et la baignoire où j'ai découvert lors des bains collectifs que les filles (en l'occurence, mes cousines) n'avaient pas la même anatomie que moi a été remplacée par une douche cosmonaute
en quart de cercle avec des manettes à tourner pour choisir la température et la puissance du jet, un must à l'époque.
A une époque, on n'avait que ça pour quinze personnes, donc on ne pouvait pas y passer plus de deux minutes sans que quelqu'un ne cogne, et malheur à l'enfant innocent qui en sortait un Super Picsou Géant à la main...

Mais le grand souvenir que j'en ai est la découverte, par une fade journée d'avril, sur le mur jaune, juste à côté des toilettes, une plaque dégoulinante de moisissure blanchâtre frangée de verdasse, large de cinquante centimètres, qui donnait l'impression, quand je m'y rendais la nuit (en plus, l'air marin me rend incontinent), qu'elle allait allonger un pseudopode vers mes chevilles et me dissoudre à l'aide d'enzymes champignesques. Très X-Files, comme moisissure (et destructrices, il s'est par la suite avéré que c'était de la mérule, une saloperie de saloperie qui bouffe le bois et le portefeuille).
Depuis, la plaque de mérule a disparu et a été remplacée par un chauffage qui brûle les pieds si on a le malheur de penser l'allumer pour compenser la froidure du carrelage. Ca fait mal.

Mais bon, le mieux, c'est encore de pisser au grand air, le vent dans le dos et un paysage paradisiaque autour.
Mon dernier pipi de dehors, c'était hier, là :

chiottes.jpg

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10 mai 2007 4 10 /05 /mai /2007 10:38
Heili-ho, amis lecteurs !

Après quelques notes teintées, je ne vous le cache pas, d'un poil d'amertume, je change de sujet.

Je  vais aujourd'hui tenter de vous apprendre à mieux connaître un animal de nos campagnes et  nos maisons, la souris. Je m’appuierai sur des observations sérieuses et scientifiques, ainsi que sur les publications les plus précises sur le sujet.


 

Je commencerai donc par quelques caractéristiques de la souris : petit animal à la fourrure courte et sale, la souris n’a rien pour elle. Contrairement à la girafe ou au légionnaire, sa démarche n’a rien de noble. Elle consiste essentiellement en une agitation des pattes frénétique et apparemment dépourvue de toute synchronisation, qui ne lui permet qu’un déplacement sans la moindre parcelle de dignité.

Ce manque de dignité est accentué par les moustaches de la souris, qui font vaguement penser à une tentative de jeune dandy anglais du XIXème de prouver sa virilité. C’est grotesque, car il suffit d’entendre le couinement aigu (squiiiiik) d’une de ces bestioles prise au piège sous une cloche à fromage dans votre placard pour que l’illusion tombe : la souris est une couarde sans la moindre goutte de testostérone, et sa moustache une insulte à la mémoire glorieuse de cet organe, fièrement arboré par les sapeurs et autres dragons de nos armées, à l’époque où on savait faire la guerre à l’artisanale et où les gros plumets rouges passaient pour le top du camouflage en terrain boisé.


A noter également que contrairement aux tentatives de manoeuvres de désinformation venues des Etats-Unis, le chant de la souris est très loin d'être le moins du monde articulé. Walt Disney n'avait aucune notion de biologie. Mais il avait une moustache, ce qui bien sûr n'excuse rien.


Paradoxalement, le nom scientifique de la souris est Mus musculus, ce qui est sans doute le facteur qui provoque chez beaucoup de gens la peur de cet animal, croyant que la souris est particulièrement bien charpentée. Cette peur est irrationnelle, il vous faut la combattre. Aussi expressif que soit son nom scientifique, LA SOURIS EST PLUS FAIBLE QUE VOUS. Si vous vous retrouvez un jour forcé de combattre une souris, une simple clé de bras vous fera prendre le dessus à coup sûr. La souris n’est pas un être humain, vous avez même le droit de l’éliminer, si elle menace votre famille. Pour cela, la méthode la plus valide consiste, une fois que vous avez effectué votre clé, à effectuer une strangulation : en maintenant d’une main le bras de la souris derrière son dos, passez l’autre devant sa gorge et serrez tel un étau en bandant vos muscles et en évitant ses petites dents pointues. Son visage devrait prendre une teinte pourpre, ses petits yeux perfides s’exorbiter, puis un petit « crac » annoncera la rupture définitive de la colonne vertébrale de la souris. Saluez ensuite votre adversaire vaincu, puis jetez le à la poubelle. (source : Fédération Française de pancrace, films de JC Van Damme).


 

Il existe cependant toujours le risque de ne pas réussir à mettre la main sur ces bestioles, qui profitent de leur petite taille pour se faufiler partout. Revanchardes comme pas deux, certaines tenteront peut-être de kidnapper vos enfants, voire de leur grignoter les yeux de leurs incisives jaunasses. Pour éviter cela, il peut s’avérer nécessaire de piéger le berceau.


 

Malgré tous ses mauvais côtés, il reste néanmoins le fait que la souris est l’ennemie du chat, j’en veux pour preuve le fait que mon félon domestique se jette sur mon clavier pendant que je tape ces lignes. Peut-être n’est elle donc pas si mauvaise, après tout.

Mais je vais m'arrêter là, parce que ça commence à bien faire, les bestioles.

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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 21:50
Prenez un jeune normal, un gars qui vient faire ses études en France, avec sa copine, qui se trouve être votre soeur. Pas grand, pas petit, beau gosse, un peu bronzé, c'est ses origines sud-américaines qui prennent le pas sur les allemandes. Pas français, donc, mais politisé, un peu à l'ancienne, comme on en fait plus trop, en tous cas comme y'en a peu dans votre entourage.

Un bon gars, un peu naïf, idéaliste, le genre que vous aimez bien charrier un peu, en même temps il le mérite, il sort avec votre petite soeur, c'est pas ce qui s'accepte le plus facilement du monde. Lui, par contre, accepte sans rien dire vos petites vacheries (manquerait plus que ça, tiens).
Puis en même temps, il se prête bien au charriage (au sens psychologique du terme). Un mec capable d'appeler sa copine pour lui dire "y'a comme des cristaux de glace qui tombent du ciel, tu crois que c'est de la neige ?", tout à fait sérieusement, c'est rare. Puis il a des côtés chochottes qui le font sursauter à la vue d'une araignée, ou d'un truc comme ça, en poussant un petit cri aigu, alors se moquer, quand on est le beauf, ça fait partie des attributions du job.

Prenez ce gars, donc, et mettez le à Lyon, pendant les élections.

Lui, comme d'autres, il est triste du résultat. Pensez, il a des idéaux, hein, il est étudiant en Sciences Politiques, a créé un des collectifs de gauche pour trouver un candidat et tout et tout. Alors il descend dans la rue pour dire que lui, comme d'autres, il est pas content du résultat, il est déçu par nos conpatriotes. Mais bon, ces résultats, malgré tout, ça lui a pas fait perdre sa naïveté. Il croit encore à la bonté de l'homme, et même quand il voit arriver les CRS, il se dit qu'ils sont pas là pour la castagne, juste pour éviter les débordements... Alors il continue à marcher, même si sa copine et ses colocs se sont mis à courir, eux.

C'est eux qu'avaient raison.

Parce que lui, il s'est attardé, alors en voyant une nana sur le point de se faire bouffer par un clébard des CRS, ben il s'interpose. Enfin, il tire en arrière la fliquette qui vient de lâcher le chien pour essayer d'agripper le collier. Grave, grave erreur. Ben ouais, elle tombe, et elle se fait une contusion au poignet. Bien sûr, il se fait choper, hop, dans le fourgon, juste le temps d'envoyer un SMS à sa copine pour expliquer. Hop, garde à vue.

Si y'a une chose dont notre ex-ministre de l'Intérieur peut être fier, c'est de l'efficacité qu'il a conférée à la police et à la justice.
Dès le lendemain, comparution immédiate, avec ses collègues casseurs de flics.

Parce que c'est ça qu'il est devenu, entre-temps : une terreur, un mec capable de bousiller une policière, de la rouer de coups. En tous cas, c'est ce qu'il a fini par signer, pendant sa garde à vue. Quand même, hein, ça impressionne, comme ça. Même si c'est pas très flatteur, parce que rouer de coups une policière sans réussir à lui faire un bleu, c'est pas terrible comme résultat. Pas flatteur non plus pour la fliquette, qui prend trois jours d'arrêt de travail, ça doit être parce que ça tire un peu quand elle enlève la muselière de son clébard.
Ca impressionne le procureur, en tous cas, qui demande six mois ferme.

Après délibération, il en prend pour trois mois. Ferme. Il est juste content de pas être emmené direct en taule. On verra plus tard pour l'aménagement de la peine.

Voilà où ça mène, de venir en aide aux jeunes filles en détresse. Sans même le faire avec l'idée d'une petite nuit de gratitude, c'est vous dire s'il était idiot.

Au moins, il aura perdu ses ridicules rêves de jeunesse, ce couillon. Et gagné un casier judiciaire, tant pis pour les portes que ça lui ferme, il l'a bien cherché, aussi.

Comme la plupart des quarante autres qui se sont fait attraper ce soir-là, j'imagine. On va quand même pas cesser de faire confiance à la justice de notre pays pour ce genre de condamnations pour l'exemple, hein ?

(et pour les casseurs qui sévissaient à côté ? un peu de travaux d'intérêt général, ça a pas dû les impressionner, on en a vus cramer une poubelle à la sortie du tribunal)

Allez, pour ceux qui veulent plus d'informations, allez
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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 19:24

Depuis quelques années, je me suis mis de plus en plus à la VO (version originale, pour les ignares).

La VO, c’est bien, à plusieurs égards : d’une part, ça fait plus classe dans les conversations de salon (trèèèès cher, vous n’imâginez pâs le désolant doublage que ces pitres ont infligé à ce chef d’œuvre cinématographique tadjik. On perd tellement de l’authenticité de l’œuvre, c’est désolant ! La version originale est tellement plus pittoresque !), d’autre part, c’est vrai que les doublages foireux me gâchent souvent le plaisir d’un film (par exemple, Taxi 3. Ha non c’est pas doublé. Haha). Quelques doublages s’en tirent, comme les vieux films hong-kongais à qui on a attribué des doubleurs à l’accent parigot (voir un chinetoque en costume traiter ses sous-fifres de « bande de caves » avec une voix à la Gabin, ça n’a pas de prix), mais dans l’ensemble, les termes « baaaaah, caca » reflètent bien mon opinion des doublages.

Mais la VO ne concerne pas que les films : les livres, c’est pareil. Enfin, les livres en anglais, en tous cas. Y’a quelques traductions qui sortent du lot (Patrick Couton, si tu es là, j’te kisse) mais dans l’ensemble les textes en anglais perdent de leur saveur une fois traduits. Même que des fois ils perdent aussi des paragraphes, par exemple Harry Potter, celui qui m’a appris l’anglais et grâce à qui je suis rentré en école d’agronomie (Jika ,si tu es là, pareil que Patrick)

Puis pareil, lire un bouquin en anglais dans le train, ça le fait plus que de lire Entrevue.

Mais il y a des inconvénients, des fois. Par exemple, les progrès. C’est couillon, mais quand on s’exerce, on devient meilleur, on comprend mieux.

Et des fois, c’est dommage, en fait. Parce que moi, j’aimais bien Saïmonne et Garfounequeule

(les deux chevelus américains qui jouent en murmurotant, là).

Puis, un triste jour d’août, j’ai compris les paroles de El Condor Pasa, qui donnent ça :


Je préférerais être un moineau plutôt qu'un escargot

Oui j'en serais un, si je le pouvais, j'en serais un sans nul doute

Je préférerais être un marteau plutôt qu'un clou

Oui j'en serai un, si seulement je le pouvais, j'en serais un sans nul doute

A l'horizon, je préférerais sillonner les flots à l'horizon

Tel un cygne s'éclipsant promptement

Un homme est retenu au sol

Il transmet au monde sa mélodie la plus mélancolique

Sa mélodie la plus mélancolique

Je préférerais être une forêt plutôt qu'une rue

Oui j'en serais une, si je le pouvais, j'en serais une sans nul doute

Je préférerais sentir la terre sous mes pieds

Oui je le ferais, si je le pouvais, je le ferais sans nul doute

 


D’un coup, la magie d’une chanson qui touchait mon petit cœur romantique, elle s’éloigne à tire d’aile, je trouve, quand même.

Mais bon, maintenant c’est trop tard.

Plus moyen de revenir en arrière.

La magie est partie pour de bon.

Quoique… Il me reste un espoir.

Une certitude, même.

Je vais attendre Alzheimer. Avec mes antécédents, j’ai confiance.

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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 11:55

Aujourd'hui, j'ai découvert des bleus sur mon corps d'athlète de canapé.

 

J'en ai un sur le pec (hum) gauche, et un au dessus du pli de gras qui passe par le nombril. Je ne comprends pas. Je ne me suis pas cogné ou rien, je ne me suis pas battu, il n'y a malheureusement pas d'explication licencieuse possible, en bref, le mystère total et complet plane sur ces bleus (enfin, ils tirent un peu sur le jaune maintenant).

 

S'il n'y a pas d'explication rationnelle, faut-il en chercher une ailleurs, dans les limbes ténébreuses de l'obscurantisme rampant, celui qu'on trouve dans les pages des magazines féminins ?

Vérification faite, mon horoscope ne me prédit pas de blessures physiques.

 

Serait-ce une conséquence karmique de mes actes passés ? J'aurais passé une vie antérieure à cogner hystériquement des petits enfants et à torturer des infidèles et suite à une mauvaise manip des responsables du département réincarnation, j'ai été récompensé en étant moi, et pour compenser là on m'envoie des blessures irrationnelles ?

Ca me paraît tiré par les cheveux.

 

Ou alors les services d'En Haut ont décidé de punir ante mortem les gens de leurs méfaits passés dans cette vie ?

Mais bon, je me suis battu qu'une fois dans ma vie (sans compter avec mes frère et soeurs, mais ça compte pas). J'étais en troisième, je rentrais de cours avec un copain, et y'avait des sixièmes qui traînaient derrière en se moquant de mon prénom, mon copain me dit que je peux pas laisser passer ça, alors je jette le môme par terre sans conviction, puis encouragé par mon copain, je balance son sac un peu plus loin en marmonnant quelques vagues menaces. Le tout sans lui faire de mal et en me sentant vaguement mal à l'aise, mais bon, avec un pote avec moi, je pouvais pas ne rien faire. Je lui ai même pas bourré les côtes de coups de latte, ou enfoncé le nez dans le crâne à coups de genou.

Est-ce que ça vaut de me retrouver avec DEUX bleus ? Sans doute pas.

 

Il ne me reste donc plus qu'une possibilité : sont-ce là des stigmates ? Suis-je le descendant de ces prophètes mangeurs de sauterelles dont la piété est telle qu'ils prennent sur eux les blessures du Christ, et comme lui sont là pour expier par leurs souffrances les péchés d'une humanité dont la folie destructrice et la lubricité galopante font risquer au Bon Dieu un manque de bras pour tenir la maison Enfer (c'est le même consortium que le Paradis, y paraît. Mais y'a moins de place) ?

 

En tous cas, ce serait un bon signe pour l'humanité, si c'était le cas. Passer de coups de lance et de gros clous à des bleus jaunes, ça montre une certaine évolution, quand même.


 

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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 01:10

Ca fait sans doute un peu prétentieux, mais des fois, ma propre bonté me redonne espoir en la nature humaine. Je me dis souvent que si tous les gens étaient comme moi, le monde irait bien mieux (sans compter que les auteurs de BD et les éleveurs de cochons vivraient comme des présidents africains et que Lu embaucherait tous les salariés licenciés d’Airbus).

 

Aujourd’hui, par exemple, ma magnanimité envers ma coloc a pris des proportions considérables : en premier lieu, je me suis contenté de lui envoyer un SMS informatif en constatant que son chat avait gerbé ses croquettes sur mon plancher, en empiétant un peu sur mon tapis de prière et des fringues propres qui trainaient par terre. Bon, ça tient un peu au fait que je ne l’ai pas vue en rentrant, mais y’a pas que ça, mes amis ! J’ai également passé trois quarts d’heure à faire une vaisselle que je n’avais pas salie le moins du monde, sans pester une fois à voix haute ni l’engueuler à son retour en disant que c’est bien beau de laisser une casserole sale à tremper pendant deux jours, mais que ça la nettoie pas pour autant.

 

C’est con, mais j’aime pas les conflits, et même le fait de trouver mon bol que j’utilise pour manger mes Chocapic ® tout sale quand je le sors du placard de la cuisine pour mon petit déjeuner devant les informations de 13 heures, ça suffit pas à me mettre en rogne. C’est dire.

 

Dans le même ordre d’idées, je me suis payé de visiter quatre pharmacies ce soir, entre 21h et 23 h, pour aller chercher des médicaments pour mon papa qui s’est chopé une colique néphrétique en sortant de table. Une bonne heure de marche, 16 stations de métro, deux fois trois étages à monter et descendre à pied, le tout pour queud’, tout était fermé à cette heure.
Et qu’on ne vienne pas me dire que si j’ai pas râlé, c’est parce que j’ai pu assister dans le métro à un mini-concert de rap de deux mômes de 17 et 12 ans qui se démerdaient pas mal, ou que j’étais bien content de trouver les pharmacies fermées pour que mon papa culpabilise encore plus de m’avoir envoyé seul battre la campagne parisienne dans la froidure de la nuit (pas plus de 18°C), alors que lui-même était shooté (à la morphine dans la fesse droite, au profenid dans la gauche) et se matait les bonus de Philadelphia Story chez ma tante. Et nous passerons également outre les cadeaux d’anniversaire qu’il m’a offerts, en particulier celui qui me permettra peut-être de mettre plus de photos sur ce blog mais c’est pas dit, puis tous les bouquins et BDs que j’ai achetés en profitant du fait que c’était lui qui payait. Puis les restos, il mangeait aussi, hein.

Non non non, je ne lui devais rien, c’est par pure bonté d’âme, tout ce que j’ai fait pour lui, une bonté d'âme et un dévouement qui charmeront tous vos invités (y'a pas un copyright sur cette expression ?).

Je me fais vraiment chaud au coeur.


Je me rends compte de toute l’humanité de cette phrase de la mère juive, (que ce même papa de moi à l’uretère obstrué me citait tout à l’heure), venant de s’évanouir, à l’infimière : « Vous vous arrangerez pour que mon fils soit prévenu que je ne voulais pas qu’il sache ». Je devais être fait pour être mère juive, mes enfants.

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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 16:12
Personnellement, je n’ai rien contre la discrimination positive. Je serais même plutôt pour à la télévision, considérant que c’est une des missions du service public que de donner une visibilité à des minorités peu représentées dans le PAF (Parc Audiovisuel Français), minorités qui pourtant font la diversité et la richesse de notre pays. Je suis très content que l’on puisse voir sur les chaînes publiques quelques présentateurs arabes (Rachid Arhab, maintenant au CSA), noirs (la nana canon des Maternelles sur France 5), homosexuels (Laurent Ruquier), boudins (Christine Bravo) etc.

Mais il est une minorité dont il me semble que l’on aurait pu la laisser au placard (c’est correct, sur le plan grammatical, ça ?). Une minorité dont l’existence est une insulte au bon goût. Je veux bien sûr parler des porteurs de nœuds papillon, dont un spécimen hante l’hebdo du médiateur le samedi après le journal de 13 heures.

Je n’ai rien contre cette émission, ni contre cet homme en particulier, si ça se trouve il est de charmante compagnie, possède un humour dévastateur et une haleine fraîche et mentholée, mais ce choix vestimentaire pour le moins curieux me bloque. Et non content d’arborer fièrement cet accessoire déjà ridicule en soi, il a le culot d’en avoir un rayé rose et bleu !

Si ce n’est pas de la provocation pure et simple, je ne sais pas ce que c’est.

 

Ceci dit, cette exhibition a eu le mérite de me faire réfléchir, et j’en suis arrivé à une théorie sur l’origine du nœud papillon, et la raison du rejet qu’il inspire.

Le nœud papillon, vous l’avez sans doute remarqué, remplace chez ce jocrisse la cravate moche qu’exhibent la plupart de ses collègues : elle se situe exactement au même endroit (sur le col, entre la tête et les épaules).

Or, comme chacun sait, la cravate, portée à l’origine par les représentants de commerce en aspirateur et épluche-légumes, est un symbole phallique, visant à impressionner les interlocuteurs (Oh, comme sa cravate est longue et pendante, cet homme est un vrai mec, achetons vite ce WillyWaller 2006).

Mais chez l’homme (comme par ailleurs chez les autres mammifères), le pénis est généralement accompagné par sa fidèle paire de testicules, entre lesquels il pendouille sereinement.

Il me paraît donc évident que la cravate, c'est-à-dire le symbole du pénis, était à ses origines accompagné de sa paire de burnes symbolique, deux petits tralalas de chaque côté !

Le temps passant, l’objet s’est quelque peu modifié, et ce symbole du complexe testiculo-pénien s’est vu réduit, d’un côté, à un simple symbole phallique (la cravate), et à un symbole testiculaire (le nœud papillon).

Mais pourquoi ce rejet du nœud papillon au profit de la cravate ? Je pense que l’on peut mettre cela, comme beaucoup d’autres choses, sur le compte de l’évolution des mœurs. La copulation, avant l’apparition de la contraception facile, était à but essentiellement reproducteur. Depuis l’apparition de la pilule, mai 68, tout ça, l’acte sexuel s’est désolidarisé de cette seule vision, on fait l’amour pour le plaisir. Et le plaisir passe essentiellement par le pénis, tandis que les testicules sont associés à la production spermatique.

C’est ainsi que, depuis ces années de libération sexuelle, la cravate, symbole du plaisir orgasmique, a pris le pas sur le nœud papillon, symbole testiculaire de la procréation.

Cette fascinante problématique de l’évolution parallèle entre mœurs et mode fera l’objet d’un prochain article évoquant la relation entre l’apparition du string en Palestine et la deuxième Intifada.  

 

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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 09:51

Chers amis qui suivez ce blog et dont je suis les vôtres pour certains, je ne vous connais pas, mais je m’excuse quand même de mon absence, j’étais au paradis.

 

Un paradis où tu es réveillé trop tôt par les battements d’ailes et les cris des bastons entre goélands et pigeons sur le rebord de la fenêtre.

 

Un paradis où ton petit-déjeuner peut être perturbé par la découverte d’une souris qui court dans le placard à provisions, qu’on piège sous la cloche à fromages avant de la transvaser dans une vieille bouteille de ratafia pour la libérer à côté de chez les voisins, ennemis jurés depuis trois générations, sans que personne puisse te dire pourquoi, mais la tradition familiale est quelque chose de difficile à ignorer, alors tu perpétues.

 

Un paradis où les chasses au trésor organisées par ta tante pouvaient durer trois jours et te faire parcourir, à toi et tes cousins et frère et sœurs, des kilomètres à vélo, vous faire déchiffrer des messages codés, cachés par des elfes dans des endroits où tu devais prendre la marée de vitesse, des chasses au trésor qui vous faisaient passer des heures à élaborer des offrandes en argile dignes de la sirène de la grotte du rocher de devant la maison, fouiller une chapelle abandonnée, pour se conclure, comme toute chasse au trésor le devrait, par la découverte d’un trésor de pièces anciennes enterré dans le fond du jardin.

 

Un paradis où la télé n’a pas lieu d’exister, parce que le temps se passe aussi bien à regarder tes tantes faire les joints des murs, à lire des romans d’aventures maritimes comme celles des cinq jeunes filles sur l’Aréthuse ou du capitaine Hornblower, dans ton lit ou en arrachant sans regarder ce que tu fais les mauvaises herbes qui envahissent les terrasses couvertes de maërl, ou à construire un muret avec les cailloux qui jonchent la plage, ta plage, celle qui est au bout du chemin qui passe devant la maison et donne sur ces cinq mètres carrés de sable volés au voisin, et qui se continue, à marée basse, par des hectares de vase et de rochers couverts d’algues, abritant des milliers de minuscules crabes, qui s’échapperont facilement du petit trou d’eau où tu tenteras de les parquer après les avoir gardés des heures dans un seau. A marée haute, ta plage aura disparu, mais tu pourras te baigner, dans une mer toujours d’huile, parce que les innombrables îlots à quelques centaines de mètres interdisent le passage à la moindre vaguelette.

 

Un paradis où les pêches à la crevette pouvaient rassembler quinze personnes de trois générations pendant plusieurs heures sous le soleil, et se concluaient par des baignades au milieu des herbiers à zostères peuplés de coquilles Saint-Jacques qui s’enfuient à grands claquements de mâchoires, des pêches qui ramenaient de quoi faire un joyeux apéro, ou une soupe où les crevettes pas épluchées, les crabes verts et les gobies passaient tous ensemble dans la moulinette à purée maniée alternativement par les enfants, parce que ça fatigue, de broyer des carapaces.

 

Un paradis couvert de fougères plus hautes que toi, d’ajoncs et de ronces, qui se couvrent à la fin de l’été de mûres petites, noires et acides, que tu passes des heures à ramasser en famille, occasionnant des griffures pour tout le monde et une débauche d’antiseptique au retour, mais qui seront transormées en tartes le soir même, ou en confitures, avec la grande bassine en cuivre qui ne sert qu’à ça, une fois par an.

 

Un paradis cerné par la mer, que seuls des fatras de rochers de granite rose mal rangés empêchent d’envahir les terres, mais elle t’envoie quand même des bonnes giclées d’embruns à la gueule pour se venger, la mer, mais tu t’en fiches parce que t’as ton ciré, et c’est pas un vent force huit qui va t’empêcher d’aller escalader, même si t’iras pas loin, et que ça reste plus agréable de se rouler dans la frange de pelouse rase, jaune et molle comme un tapis de gym qui sépare les ajoncs des murs de rochers.

 

Un paradis où tu passes des heures à monter, en suivant les instructions du manuel gonflé d’eau, un petit catamaran vieux de vingt-cinq ans, un Hoby-cat antique pour deux personnes, sur lequel on monte à quatre, où quand le vent est fort, tu échanges de côté avec ta sœur à chaque bord, histoire d’être celui qui te prendra la flotte dans la figure, inondant tes lunettes et imbibant ton pull en laine, ça te fait grelotter, mais à la fin du tour, c’est plus facile pour se baigner dans l’eau à 16 degrés tellement t’as l’impression qu’il fait plus chaud dans l’eau que dehors, et les algues t’agrippent les pieds quand tu nages, comme si elles voulaient te retenir, mais tu t’en fiches, parce que ça fait longtemps que tu as appris que t’étais plus fort qu’elles.

 

Un paradis où, quand tu viens l’hiver, toute la famille se réunit dans une seule pièce, devant la cheminée, avec des couvertures, parce qu’il fait trop froid pour essayer seulement d’entrer dans le salon, et où seuls les radiateurs électriques te convainquent d’entrer dans la cuisine qui fait l’entrée et d’accepter de poser tes fesses sur les bancs pour manger des pâtes qui seront froides presque avant d’être servies.

 

Un paradis où tu vas retourner les cailloux, à marée basse, dans les flaques, pour trouver des étoiles de mer d’un centimètre, des étrilles agressives qui t’attaquent au lieu de tenter de s’enfuir comme le ferait tout crabe un tant soit peu sensé, et surtout, où tu cherches des ormeaux qui s’agrippent fermement et refusent de lâcher prise, conscients du traitement que tu leur réserves, une fois à la maison : ils seront détachés au couteau de leur coquille nacrée, enveloppés dans un torchon, placés sur une planche à découper et battus à grands coups de maillet ou de galet, avant d’être poêlés avec de l’ail et dégustés par des privilégiés triés sur le volet. Et tant pis si la pêche t’occasionne des piqûres de méduse au creux du bras, qui t’empêcheront de le plier pendant deux jours. C’est le jeu.

 

Un paradis où tu méprises les touristes, ceux qui n’ont pas de maison ici, comme toi, mais tu as un peu de pitié pour eux quand même. Sauf quand ils essayent de monter sur TON rocher à tête d’inca, celui qui abrite la grotte de la sirène, celui sur lequel tu grimpes pour faire tes pique-nique, où tu prétends qu’un crocodile se cache entre les deux rochers qui forment la prison des elfes, à qui tu jettes les bouts de gras de ton jambon. Là, tu es sans pitié, tu fais semblant d’avoir un chien, et tu aboies pour les faire détaler comme des lapins, comme les lapins qui laissent leurs crottes partout, et qui ont tous chopé la myxomatose il y a quelques années, et tu les voyais tremblants au bord des chemins, attendant de se faire dévorer par le chien de ton grand-père, ou par les goélands.

 

Un paradis où tu peux, à marée haute, prendre ton canoë pour aller voir les eiders à duvet, les goélands, les huîtriers pie, les aigrettes garzettes, les sternes pierregarin, les tadornes de Belon, les tournepierre et, si tu as beaucoup de chance, les courlis qui peuplent les îlots innombrables, dont tu ne te souviens jamais du nom, sauf pour l’île de la tortue et l’île aux Moutons, celle qui est juste en face de ta maison et où tu as tourné les scènes d’indiens du film que tu as fait avec tes cousins et tes cousines, celui où un facteur tombait amoureux d’une princesse et l’enlevait en bateau pour finir capturés par les indiens, dont c’était toi le chef, parce que tu avais un arc, et les indiens portaient tous un kalimbé guyanais, parce que ta tante savait les faire, et à la fin les indiens décident de pas manger le facteur et la princesse, mais de les garder parmi eux, et vous, vous décidez de continuer le film l’année prochaine, mais ça se fera jamais, parce que on aura pas les mêmes acteurs en même temps…

 

Un paradis où les fleurs sont partout dans ton jardin, depuis les pâquerettes et les boutons d’or qui envahissent une pelouse à l’implantation aussi hasardeuse que le râtelier de Quasimodo, où tu risques à chaque pas de mettre le pied dans un trou invisible, jusqu’aux massifs d’agapanthes qui dureront tout l’été, qui forment un arc de cercle devant le portail, et aux hortensias qui atteignent trois mètres de diamètre…

 

Un paradis où ta chambre est sombre et lambrissée, rappelant une cabine de bateau, et où tu retrouve chaque année des livres que tu avais oubliés, parfois cachés dans un des passages secrets connus de tous, des livres que tu vas relire, encore une fois, sur ton lit ou en arrachant les mauvaises herbes, retrouvant à chaque fois la même sensation que la précédente…

 

Un paradis où la nuit te voit régulièrement rendre visite au phare, pour écouter le vent et te donner le vertige en regardant, ou en devinant en contrebas les tapis d’écume sur les rochers, un phare dont la lueur est la seule qui ait été gênante quand ton père t’apprenait à reconnaître les constellations d’été, la Grande Ourse, la Petite Ourse dans la continuité du bord de la casserole, l’Aigle et ses trois étoiles alignées, Persée d’où viennent les étoiles filantes, et beaucoup d’autres que tu as oubliées...

 

Un paradis où tu as envie d’inviter tous les gens qui te sont un peu chers, pour boire une caïpirinha à marée haute le soir sur la cale, avant de rentrer faire une grande bouffe suivie d’une partie de mah-jong et d’aller dormir en attendant de recommencer le lendemain.

 

Le seul endroit où tu te sentes chez toi.

 

Putain, je veux y retourner.

 

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