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FIGB recrute




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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 19:42

Cette histoire est celle de Chrysostome. Chrysostome est un brave type. Il habite chez sa mère, travaille dans une agence d’assurances, collectionne les galets rigolos en forme de coeur et les comics.

 

Sa vie pourrait être un rêve, mais Chrysostome a un problème : il est gros. Pas un peu enveloppé, une gentille bouée autour des reins, hein ! Nan, VRAIMENT gros. Il a oublié combien il avait d’orteils depuis longtemps, Chrysostome. S’il n’y avait pas cette foutue dignité, il mettrait un soutien-gorge, afin de ne plus être tiré vers le bas par cette poitrine qui lui pend presque jusqu’au nombril. Alors que ça le gratte horriblement, il s’est laissé pousser la barbe pour cacher ses cinq mentons.

C’est pas qu’il soit particulièrement gros mangeur, hein, pas plus que ça, mais c’est ces saletés d’hormones, c’est le docteur qui l’a dit. Et contre les hormones, on peut pas faire grand-chose, c’est la nature, les hormones, et sa maman, elle dit qu’on va pas contre la nature, tu reprendras une crêpe au Nutella ? Et Chrysostome reprend une crêpe au Nutella, parce que c’est pas la peine de lutter contre la Nature, elle sera toujours la plus forte. Et là, sa Nature, elle lui dit que si il y a une chose dont elle a envie, c’est qu’il reprenne une crêpe au Nutella. Pauvre Chrysostome. Il avale, et il sent la pâte et le chocolat descendre dans son estomac, et de là se dissoudre dans le gras qui l’entoure, fffffuiitttt. Il sent une nouvelle couche molle se déposer de l’intérieur autour de sa taille. Ca le rend triste, Chrysostome.

Alors, pour oublier, il reprend une crêpe.

 

Mais un jour, dans sa vie bien organisée, une petite chose arrive. Une petite chose de 1m60, avec de longs cheveux bruns, des jambes fines, des petits pieds mignons cambrés dans des talons aiguilles et un décolleté vertigineux, une petite chose nommée Natacha, nouvelle assistante de direction de l’agence. Et ça, ça change la vie de Chrysostome.

 

Dès qu’il la voit, une grosse boule remonte dans sa gorge et lui bloque la respiration, et ses mains commencent à trembler. Ca ne serait pas si grave si le tremblement de ses mains ne se tranmettait pas à ses avant-bras, puis à ses bras, puis à ses épaules, et tout son être se retrouve secoué en une vague bloblotante et gélatineuse. Et à chaque fois qu’elle voit ça, Natacha, elle aussi, même si elle est d’une grande délicatesse d’esprit, se retrouve secouée d’un haut-le-corps, et ça désespère Chrysostome.

 

Alors, il décide de prendre le taureau par les cornes. Puisque son corps dégoûte Natacha, il va en changer, et au diable la Nature. Et pendant des mois, il va tout tenter : le régime brocolis-biscottes, le régime au thé, tous les programmes Slim Fast ® et Weight Watchers ®, et comme c’est un homme de volonté, il les fait tous en même temps. Sans résultat.

 

Ne reculant devant rien pour que Natacha puisse un jour le voir svelte et élancé, il accepte de tester pour un laboratoire pharmaceutique un programme nutritionnel ambitieux, à base d’enzymes brûle-graisses.

 

Et là, miracle, ça marche. Ca marche si bien, même, qu’en quinze jours son épaisse couche de gras se retrouve réduite à néant, et Chrysostome est enfin mince comme un danseur de tecktonik. Malheureusement, il reste un problème : sa peau n’a pas eu le temps de s’adapter à sa silhouette, et de grands pans de peau pendent sur sa carcasse, comme un sac démesuré. De plus, les enzymes brûle-graisse provoquant la production d’une grande quantité de chaleur, Chrysostome se voit obligé de vivre en slip, avec un mot d’excuse du médecin dans son sac. Qu’il porte devant lui, parce qu’il se tire la peau en arrière, pour pas marcher dessus. Et il la noue avec un ruban, au niveau des omoplates.

Il est content d’être tout mince, maintenant, Chrysostome. Tout fier et confiant, il invite Natacha au café de la Paix, en face de l’agence, pour prendre un café, après une dure journée de travail. Natacha accepte, et Chrysostome ne se sent plus de joie. C’est la première fois qu’une fille accepte de boire un café avec lui. Puis, une fois leur café bu, ils ressortent dans la rue, et, en bafouillant, Chrysostome, poussé par l’adrénaline qui le fait bégayer, lui demande si elle veut bien sortir avec lui.

Natacha, quelque part, ça l’émeut un peu, cette déclaration d’adolescent, mais si elle aime bien Chrysostome parce qu’il est gentil, elle est désolée, mais elle ne peut pas sortir avec lui. Elle prend comme excuse que ce serait mauvais pour l’ambiance au sein de l’agence, et elle est désolée, elle prend le métro ici, on se revoit demain ? Désolée.

 

Et elle disparaît dans la bouche du métro, avalée par l'escalator.

 

Et Chrysostome reste là, dans la rue, tétanisé, en slip, et il regarde l'escalator, la bouche ouverte sur un cri silencieux, et il commence à pleuvoir, et son ruban glisse, et sa peau tombe à terre, et il tombe à genoux, et pendant que la pluie s’intensifie, il s’enroule dans sa peau comme dans une couverture, et, se repliant en position fœtale, il sanglote doucement.

 

Les heures et les badauds passent, ne prêtant aucune attention à l’homme prostré sur le trottoir ni aux gémissements qui s’échappent de sous la peau du dos qu’il a tirée sur son visage.

 

La nuit tombe sur l’homme qui pleure.

 

Puis, soudain, Chrysostome s’arrête. Il se relève, l’air déterminé, se mouche dans un pan de son aisselle gauche, puis prend le métro et descend à Champ de Mars.

 

Il regarde la tour Eiffel. Il fronce les sourcils, prend un billet et monte. Tout en haut.

Par chance, les gardiens ont enlevé le grillage de protection pour le nettoyer. Il prend appui sur la balustrade, passe une jambe par-dessus, puis l’autre. Le dos collé contre le métal froid et glissant, il regarde en bas les fourmis minuscules qui s’agitent, les toits luisants qui reflètent la lueur de la lune, les étoiles. Il ferme les yeux, pensant à Natacha, ses yeux, son sourire, son décolleté. C’est la dernière image qu’il veut emporter.

 

Il lâche tout.

 

Le vent siffle à ses oreilles. Instinctivement, il ouvre les yeux sur le sol qui s’approche, et il écarte les bras.

L’air s’engouffre dans les plis de sa peau, qui se tendent. D’un coup, sa chute se ralentit, et prend une direction horizontale.

 

Chrysostome plane silencieusement au dessus de Paris.

 

Il tourne ses yeux vers l’horizon. A titre expérimental, il agite les bras et bat des pieds. Aussitôt, il reprend de l’altitude.

Un sourire se dessine sur son visage.

Il disparaît dans la nuit.

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25 janvier 2008 5 25 /01 /janvier /2008 18:42

J’aime pas me réveiller à quatre heures du matin et me retrouver à tenter de reconstruire mon indice de pression anthropique sur les masses d’eau estuariennes pour mon stage d’il y a deux ans. J’aime pas me demander « pourquoi on avait mis un écart-type, déjà ? Pfff et ces merdes d’agences de l’eau même pas foutues de filer des données qui aient la moindre chose à voir les unes avec les autres faudrait leur dire».

J’aime pas chercher en anglais des réponses cinglantes au créationnisme (Gold told us to procreate a big fat lot of kids, right ?So why, if he created Earth, did he put so damn little continents ? He should have calculated it would never be sufficient to feed us all once we’re many many ? So, either he’s fucked up, either he didn’t do the job at all, which would be less shameful for him)

J’aime pas rester dans mon lit avec une envie de pisser, parce que j’ai encore moins envie de sortir que de pisser.

 

Mais surtout, j’aime pas me réveiller à quatre heures du matin pour penser à ça jusqu’à six.

 

*sommeil*

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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 12:42

Vous n’êtes pas sans le savoir, amis lecteurs, comme tous les ans, Angoulême, le célèbre festival international de la Bande Dessinée, arrive avec ses gros sabots, cette année sous la présidence de José Muñoz, grand parmi les grands auteurs argentins et mondiaux.

 

J’aurais pu faire dans la simplicité et vous balancer un panégyrique bien senti du bonhomme, récoltant ainsi les acclamations de trois personnes férues de culture, et l’indifférence maussade de tous les autres qui n’ont jamais entendu parler de ce grand homme.

Comme je préfère collectionner les coms, et que par ailleurs je n’ai jamais rien lu de cet auteur majeur, je vais parler de quelque chose de plus racoleur.

 

Car la Bande Dessinée, si elle est comptée comme le neuvième art, est incontestablement le premier dans un domaine qui nous passionne tous : la femme à poil.

 

Oui, la femme à poil est infiniment plus présente dans la BD que dans l’architecture ou la musique, plus que dans la poésie, plus que dans la sculpture (malgré de louables efforts), et même plus que dans le cinéma.

La femme à poil est devenue la raison d’être de la BD moderne. Les auteurs déploient des trésors d’inventivité pour enrober la femme à poil dans des scénarios complexes et prenants, qui cependant ne font pas oublier qu’ils ne sont là que pour mieux nous y amener.

 

En ce qui me concerne, c’est justement par la femme à poil que je suis arrivé à la BD, en l’occurrence par Animah, dans l’Incal de Moebius et Jodorowski. Si je m’en étais tenu aux élucubrations mystico-anarcho-science-fictionnelles de Jodo, j’aurais sans doute abandonné la BD là parce qu’à six ans, c’est pas facile de comprendre (d’ailleurs, à 24, je comprends toujours pas). Mais il y avait Animah, à laquelle le trait de Moebius avait offert une perfection sculpturale qui faisait complètement oublier à mon petit cerveau innocent qu’il y avait un scénario autour.

 

Curieux, j’ai exploré plus en détail le monde grouillant de la femme à poil dans la BD.

 

Il y en a vraiment pour tous les goûts. On trouve aussi bien des femmes à poil barbiesques, aux seins hauts et fermes, aux fesses en pomme et aux lèvres pulpeuses (au pif, Barbarella, les héroïnes de Manara ou Marini) que des adipeuses avec une bonne couche de cellulite et des nichons gros comme ça qui pendent sur un ventre flasque pleins de plis et de replis (au pif, les femmes à poil de Loisel).

 

On trouve même des femmes à poil aux formes humaines basiques, comme dans les histoires de Martin Veyron ou Jean-Claude Denis. Si ça c’est pas merveilleux.

 

Et si vous êtes fan de célébrités historiques, là encore vous pouvez trouver votre bonheur, entre Agrippine (dans Murena) et Jeanne d’Arc (Jehanne au pied du mur).

 

Comble de la perversité des auteurs, des séries complètes se construisent autour de l’absence de la femme à poil, qui saute aux yeux à la lecture, poussant le lecteur frénétique à se ruer fiévreusement chez son libraire pour avoir la suite de l’histoire, espérant avoir enfin la chance de voir Falbala se baigner sous une cascade ou la maman de Boule dans sa baignoire.

 

Ceux-là, on leur en voudrait presque de nous les montrer enfin, cassant tous nos fantasmes, comme par exemple Laureline dans Otages de l’Ultralum.

 

Mais ces pervers-là ne sont pas majoritaires dans le monde de l’art narrativo-séquentiel à phylactères incorporés, et la plupart des auteurs nous offrent sur un plateau la plus belle collection de femmes à poil qui se puisse imaginer (en dehors des maisons closes des pays de l’est).

 

 

Et c’est bien. Ce n’est que comme cela, par le développement d’un engouement de bon goût pour elles et par leur banalisation que l’on pourra faire évoluer les mœurs, qui sont encore trop intolérantes vis-à-vis des femmes à poil.

 

Car oui, les femmes à poil sont ostracisées, victimes d’une pernicieuse discrimination.

 

Sortez dans la rue, vous y trouverez des noirs, des jaunes, des arabes, même des gros et des moches, mais jamais ou presque vous ne croiserez de femmes à poil (des vraies, pas plates enfermées sur des affiches de 4 mètres sur 3).

Et pourtant, elles, on aimerait bien en croiser plus*. Mais non. La femme à poil, honnie, se cache, elle s’enferme dans son boudoir, se roule dans sa couette, se planque derrière la vitre en verre dépoli de sa douche, victime de la société.

 

Mais, grâce aux efforts des auteurs de BD, on arrivera bientôt au jour où les femmes à poil pourront se comporter avec autant de liberté que Daisy, qui se promène cul-nu dans Donaldville, sans arrière pensée.

 

Confiance.

 

 

* Ceci est bien sûr une touche d’humour de mauvais goût. Je sais bien que croiser des arabes, des noirs ou des jaunes ne vous dérange en rien (et moi non plus), du moment qu’ils ne sont pas gros et moches.

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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 22:42

Bon, je me dépêche de vous torcher une note bâclée, amis lecteurs, parce que là, on m’invite à bouffer en ville, ce qui ne me laisse que peu de temps pour vous faire part de mes récriminations quotidiennes de mauvaise foi. Oui, parce que quand on est étudiant et pingre, on hésite pas quand on nous propose de nous inviter à bouffer en ville, d’autant plus quand on a des chances de choisir le resto.

Et d’autant plus quand on a jusqu’ici eu une journée merdique au niveau gastronomique. Scandaleuse, même (d’où le titre).

 

Car mettez-vous à ma place. Je sais que c’est votre rêve le plus fou.

 

Ce matin, vous avez mis le réveil à 9h15. A 10h15, vous vous levez, les yeux dans graisse de bines à cause de conversations sur MSN tardives le week-end, vous vous grattez les fesses, allez faire le popo du matin en lisant le même Métro qui y traîne depuis un bail (edit : 9 novembre), et que vous commencez à bien connaître, vous vous habillez avec votre T-Shirt « Sauvez un Lundi Matin, Mangez un Patron » parce qu’il est bien rigolo, tentez vainement de remettre en place cet tas de tifs sur le côté qui veut pas s’aplatir, renoncez, allez allumer l’ordinateur pour consulter vos messages, découvrez que Free vous fait encore chier, et partez à la fac le sac au dos, les paupières sur les genoux et l’estomac dans les talons parce qu’avec tout ça, vous n’avez encore pas pris de petit-déjeuner, zut.

 

Jouissez gentiment du fait que vous emmerdez les autres sans complexe en téléphonant dans le RER (coucou Coin-Coin, ça m’a fait bien plaisir de te parler, tu savais que Pierre était maqué ?), et, finalement, arrivez à la fac, faites pipi et vous rendez en cours de chinois pour apprendre à écrire alcool et papa en sinogrammes, malgré les harpies derrière qui en plus vous vouvoient (je peux me vouvoyer dans un article, ça n’empêche que ça me fait mal au cul de me faire vouvoyer par des sales jeunes qui le sont à peine plus que moi, mais bon, mettons ça sur le respect dû à ma barbe fleurie), et malgré votre voisine qui fait rien qu’à vous forcer à discuter, du moins c’est ce que vous direz à monsieur Nghia (prononcer Yi) quand il vous grondera pour cause de bruit au deuxième rang.

 

Allez faire pipi, en vous disant que commence à faire faim, quand même, puis revenez en cours apprendre à dire l’heure en chinois (c’est à peu près pile-poil comme en français, juste les mots qui changent, c’est facile comme de trouver une pouffe en collant et mini-jupe dans les couloirs de la fac). Tentez de ne pas prêter attention aux groulements incessants qui montent de votre estomac, à croire qu’il est tellement abandonné que les loups sont revenus hurler à la lune.

Tenez le coup. Pensez à la cafette (à trois heures, faut pas compter sur la cantine), au bon sandouiche que vous allez dévorer, accompagné de sa boisson rototogène et de son palmier plein de sucre qui colle aux dents.

 

Enfin, sān diăn arrive, allez faire pipi puis faire la queue à la cafète.

 

Et là, horreur.

 

Plus de sandouiche à la bonne viande de cochon reconstituée. Pas même de sandouiche aux miettes d’animal indéfini.

Il ne reste plus que des paninis aux légumes grillés.

 

Un sandouiche aux légumes grillés. Si. La tête de ma mère, oualalaradime c’est vrai. Un sandouiche aux LEGUMES GRILLES. J’en pleurerais presque. D’autant plus que j’en ai pris, de cette chose.

Je me la suis fourrée dans le gosier, j’ai avalé sans trop mâcher, révolté par ma propre lâcheté d’avoir cédé à l’appel de mon estomac, en contradiction totale avec les messages hystériques de mon cerveau paniqué non non non n’y touche pas tu seras corrompu un sandouiche aux légumes, c’est la porte ouverte à la macédoine bonduelle à la maison n’y touche pas n’ytouchepasn’ytouchepas beeeeeeeeerk.

 

Je ne parviens toujours pas à comprendre comment cette hérésie a pu voir le jour. Un sandouiche, c’est deux tranches de pain, avec de la viande dedans, d’un beau rose chimique ou d’un rouge sang séché, qui se déchire sous la dent et exhale une saveur forte et salée, avec si possible une petite odeur d’urine en note de fond. Jamais, au grand jamais, cette chose, ce tissu de fromage blanc élastique emprisonnant des micros-cubes à peine craquants aux couleurs du drapeau de la Jamaïque.

Je l’ai mangé quand même. Moi.

 

J’ai honte.

Saurais-je me pardonner un jour ?

Je m’en vais de ce pas me faire un bon bout d’animal, avec des nerfs et des marbrures de gras si possible.

 

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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 22:42


J’aime bien la fuite. C’est une solution à plein plein de problèmes, la fuite. Je parle pas de la fuite d’eau, qui pose des problèmes, ni de la fuite de gaz, qui peut se révéler la solution à tous les problèmes, mais de la bonne fuite si poétiquement décrite par le dico comme « l’action de fuir ».

 

Je suis devenu très fort en fuite. Tous les genres de fuite.

Enfin, les deux types principaux : le direct et le fourbe. Qui sont tous les deux leurs avantages.

 

D’abord, la fuite fourbe. La fuite de fouine. Ca demande pas mal de discrétion, la fouine. Mais des fois, c’est indispensable. Tu te sens pas à ta place. Tu t’ennuies. Les gens avec qui tu es n’en ont rien à foutre de toi. Ou toi d’eux. Ou tu les mérites pas. Ou t’as pas envie de t’incruster. Ou juste t’as envie de t’en aller.

Là, deux solutions : quand on t’invite, tu dis « oui, oui, allez-y, je vous rejoins », et tu le fais pas. Ca marchait bien, à l’école.

Ou alors, si tu es déjà dans la place, tu te lèves, tu dis « je vais pisser », et, pendant que personne regarde, tu prends ton manteau et tu t’en vas en faisant le moins de bruit possible, en espérant (ou en sachant) que personne le remarquera. 

 

 

Mais c’est quand même moins jouissif que la fuite directe. Le direct, je l’utilise essentiellement en famille. La famille, c’est connu, quand on la fréquente plus d’une heure d’affilée, ça a tendance à taper sur les nerfs. Et que ça râle, et que ça se plaint, et que pourquoi t’as fait ça, et que pourquoi t’as pas fait ça, et que pas question que j’aie pas de place assise dans le train…

Comme j’ai tendance à prendre assez rapidement la mouche, surtout quand les autres ont raison, là, en général, je pars. Si on est en train de marcher dans la rue, j’accélère le pas, si on est dans la gare, je fais demi-tour et je me barre. Je rentre la tête dans les épaules, j’enfonce les mains dans mes poches, je prends un air mauvais pour bien faire comprendre aux gens que je croise que je suis pas content.

Et je rumine. J’aime bien ruminer. Généralement, ça tourne autour du thème « grmpf pff font chier connards grpff non mais putain, pas m’faire chier quoi, pour qui s’prennent merde font chier mrpf ».

Le genre de litanie parfaite pour une petite balade dans la rue, de préférence avec une petite pluie fine, les écouteurs vissés dans les oreilles. Si le portable sonne, j’éteins Ouais, quoi, non mais des fois mpf quoi, pfrait chier, merde. Même po envie de vous parler. Nan mais, quoi. Des fois. Ho. P’tain. F’chier, quoi.

 

C’est d’un agréable, ça, comme fuite. Puis après, on fait comme si rien ne s’était passé. Ou alors, au coup de fil du lendemain, si le ou la responsable de la fuite lève le sujet, hop, raccrochage au nez. J’aime bien raccrocher au nez, aussi, des fois. C’est une autre forme de fuite. Ca soulage, d’un coup, une bonne giclée de plaisir dans la cervelle. L’inconvénient, c’est la descente, des fois.

« Holala j’aurais pas dû et s’il mourait dans un attentat j’aurais des remords là quand même » (oui, la descente reste égoïste).

Mais bon. Je fais avec.

 

C’est pour mon âme immortelle.

Car si le salut est dans la fuite, je crois que le père Bon Dieu peut renier son fils et m’adopter. J’ai un CV de fuyard sûrement plus béton que le ptit Jésus.

 

 

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17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 11:42

Exclusif ! Pour la première fois sur le blog aux poils, découvrez le processus de création d’un article ! Entrez dans la tête de l’auteur ! Rien n’est caché à votre curiosité malsaine ! Même pas les scènes coupées au montage !

 

Bonjour. Ou bonsoir, je ne sais pas quand vous lirez ça.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’être un précurseur, et de vous faire découvrir la genèse d’un article à l’intérêt discutable.

 

En fait, l’idée de l’article précédent m’est venue cette nuit. Comme je suis allé boire dans un bar le soir avec des amis (Sauvignon sec et Coteaux du Layon, merci Tristan) je me suis réveillé cette nuit, vers quatre heures du matin, la bouche un peu pâteuse, alors je suis allé dans mes cabinets pour pisser un coup et boire un peu de ma bonne eau du robinet.

Et là, j’avais oublié le tome 1 de Srangers in Paradise, de Terry Moore, que j’avais décidé de relire parce qu’il m’avait servi à gagner à un jeu sur internet (merci cubik).

Bon, une fois mon pipi fait et mon eau bute, je me suis suis remis au pieu en pensant à cette BD, et en me rappelant quelque chose de très juste que j’avais lu dessus, à savoir que ça a beau être une histoire (en partie) d’amour, c’est pas mièvre du tout ni rien, et j’ai horreur du mièvre, et je me suis vaguement dit que j’avais bon goût quand même (oui, bon, on est tous comme ça hein). Puis ça m’a fait penser à Titanic, et à ce copain de troisième, qui était allé le voir sept fois au moins. Y’a un saut de logique, mais bon, il était quatre heures du mat’, hein. Et là, au moment où j’écris, pas loin de cinq heures, si vous voulez tout savoir.

 

Et donc, la première phrase de l’article m’est venue comme ça. Ensuite, je me suis dit que ça serait sympa, comme note de blog (oui, je pense d’abord à mon blog, même si j’ai moins de lecteurs), un truc sur la mièvrerie et le gnangnan. Mais j’avais pas d’idée.

 

Puis j’ai eu un flash et je me suis dit que le comble du sentimentalisme, ce serait de pleurer la mort des Lemmings® (le super jeu vidéo de mon enfance, pas les bêtes poilues) et là, je me suis dit qu’il faudrait placer ça, donc j’ai pensé mettre en balance le jeune con qu’a rien à branler des scènes d’amour (en me disant qu’il faudrait que je place Hugh Grant, comme quoi je me sentais content pour lui qu’il tire son coup, puis, pour être rigolo, je me suis dit qu’il faudrait que je dise que je réalisais après coup qu’il s’était sans doute déjà tapé l’actrice. Finalement, comme vous l’avez constaté, je l’ai pas mis, pourtant c’est rare que je manque une occasion d’être vulgaire.) et le jeune con qui pleure à Titanic.

 

Bon, ensuite j’ai essayé de m’endormir, mais ça continuait à tourner dans ma tête. J’arrivais pas à trouver comment tourner l’article, si ce serait pour ou contre le cucul, en pensant à ma réputation sur internet, je me suis même dit qu’à la limite je commencerais une phrase, puis je mettrais à chaque fois « Nan, ça c’est faux » à la fin (parce que ce le serait), ou à faire dans l’art conceptuel, et ne pas mettre de conclusion et dire que finalement, je n’avais pas compris où je voulais en venir, et que je laissais au lecteur le soin de penser ce qu’il voulait.

 

Mais je tournais et me retournais dans mon lit sans parvenir à m’endormir, alors j’ai allumé ma lampe de chevet, j’ai pris un feutre qui se trouvait par chance sur mon bureau à côté de mon lit (mon bureau est coincé par mon lit, il ne me sert absolument à rien), j’ai attrapé un bout de papier qui traînait sur ledit bureau (une photocopie de carte Vitale avec un début de note de blog dans un coin), je l’ai posé sur Francis Blaireau Farceur, et j’ai écrit les trois premiers mots. Puis je me suis rendu compte que ce bouquin était trop petit, j’ai pris le DVD de Sin City, trop petit aussi alors j’ai pris le Hors-Série des 15 ans de Courrier International. Et l’article s’est écrit tout seul, assis dans mon lit, sans revenir en arrière, et j’ai décidé de faire dans le hautain pour finir, mais j’étais pas vraiment satisfait du résultat.

 

C’est là que j’ai pensé au bonus, à cause d’une note de Boulet (celle où il a le making-of d’un rêve), et je me suis dit que ce serait rigolo comme idée et un peu original.

 

J’ai continué à écrire, je suis arrivé au bout de ma feuille, j’ai continué sur une enveloppe qui était tout ce que j’avais sous la main, je l’ai remplie des deux côtés, et j’ai écrit sur une enveloppe qu’il y avait à l’intérieur de la première, qui date de quand j’étais allé chercher le permis de ma sœur à la préfecture, qu’ils m’avaient envoyé à la poste acheter une enveloppe normale et une recommandée, que j’ai payée la peau du cul et qui finalement n’a servi à rien parce qu’ils m’ont finalement donné le permis en main propre quand je suis revenu de la poste.

Quels enfoirés.

 

Puis je me suis dit que ce serait rigolo comme anecdote d’avoir écrit sur une enveloppe, parce qu’à cinq heures et quart du mat on a pas le même humour.

Allez, pipi et je me couche.

Demain, j’envoie tout ça.



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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 21:42

-Quoi, t’as pas pleuré à la fin de Titanic ? Attends, moi je l’ai vu douze fois, à chaque fois j’ai pleuré !

Telles furent les circonstances de la découverte de ma différence. Ravalant la réplique cassante qui me montait aux lèvres (-Pourtant, tu devrais t’y attendre à ce qu’il meurt à la fin, Léo, au bout de onze fois, nan ?)(en fait, elle m’est venue là, maintenant, mais bon, hein, faut pas se priver), j’en vins à m’interroger : pourquoi ne pleuré-je pas devant une scène pourtant éminemment triste ?

 

Pourtant, j’avais été un petit garçon normal. Je m’étais inventé tout un scenario pour me convaincre (et mes petits frère et sœur) que la maman de Bambi n’était pas morte (en fait, les chasseurs travaillaient pour un zoo, ils avaient des fusils à fléchettes endormissantes pour l’endormir. Et sans doute qu’un jour ils allaient la relâcher et qu’elle allait retrouver Bambi et se faire des léchouilles sur le museau, c’est pas possible autrement). Je sentais toujours une grosse boule dans ma gorge quand j’avais failli à un de mes Lemmings® qui explosait dans une petite gerbe de pixels multicolores par ma faute (Ho No !). Je ne zappais même pas la chanson du Rêve Bleu dans Aladdin.

 

Mais maintenant, j’ai grandi, et mon cœur est sec. Je suis content pour Hugh Grant quand il finit avec la gentille bonnasse, mais sans excès. Je ne mouille pas mes mouchoirs pour autant (ni de larmes, ni de RIEN sauf si je suis enrhumé).

 

Et ça m’attriste un peu. Pourquoi ? Pourquoi la mièvrerie, le gnan-gnan, le cucul-la-praline ne me touchent-ils plus ?

J’aimerais bien. Et je le dis sans ironie. Ou juste un peu. Ca avait l’air de lui plaire vraiment, à l’autre, Titanic. Il était génuinement (oui, j’aime angliciser mon vocabulaire, il est quand même 4h30 du mat, là) tout plein d’empathie pour les héros. En plus, il paraît que la sensibilité, c’est un aimant à gonzesses.

 

Qu’est-ce qui m’empêche d’être pareil ? Hein ? Hein ?

J’ai l’impression de passer à côté de quelque chose et ça m’agace.

 

J’ai donc fini par faire un choix.

J’ai décidé que si tout ça me passait au-dessus de la tête, c’est que je vous suis supérieur, tas de pleureuses décérébrées satisfaites par les émotions prémâchées, on vous offre du bonheur rose bonbon, et vous avalez ça béatement, en oubliant vos vies de merde quand Jennifer Lopez devient une bombe en enlevant ses lunettes et secouant ses cheveux. Bande de ratés, regardez un peu la vie en face, c’est pas comme ça et c’est tant mieux, on risquerait le diabète rien qu’à respirer une atmosphère aussi sucrée que celle de vos bluettes idiotes !

 

 

Haaaaa que ça fait du bien de retomber sur ses pattes. Ca a du bon d’intellectualiser les choses, des fois.

Mais si je fais ça, c’est parce que je suis un peu jaloux quand même, allez.

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14 janvier 2008 1 14 /01 /janvier /2008 22:42

Résumé des épisodes précédents : Bon, ben là, on était partis chercher de quoi exterminer nos clones, et on était arrivés en sous-marin dans une cité sous marine.

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Je suis une merde. Je ne suis pas un homme. Je suis moins qu’une huître du banc des Hermelles. Je suis à peine digne du nom d’être vivant. Je ne suis rien. Pierre… comment ai-je pu te laisser entre les griffes de ces démons ? La vue de ton corps démembré, déchiqueté, mis en charpie, écrabouillé, mâchouillé par des gueules immondes, déshonoré par des membres siffrediens et verruqueux (dans cet ordre, dieu merci) hantera mes cauchemars jusqu’à la fin de mes jours…

 

Pierre ! Ton héroïsme sera célébré des millénaires durant, je te le jure ! Ta vaillance jusqu’à la fin, ta persistance, même sous la torture, à ne pas proférer autre chose que Aaaargh, sera chantée jusqu’à la fin des temps ! J’irais chercher des trouvères et des troubadours, j’en formerai s’il n’en existe plus, je débaucherai Johnny Hallyday, je ressusciterai Serge Gainsbourg s’il le faut, mais je te le promets, ton sacrifice n’aura pas été vain. Mon premier fils, je l’appellerai Pierre, mon second aussi, puis mes filles aussi, et mon chien et mes lapins et mes poissons rouges pour que jamais ton souvenir ne périsse !

 

Je ferai tourner un film sur ta vie par Steven Spielberg, ton rôle sera joué par Tom Selleck (je sais que tu étais fan de Magnum, Pierre), je ne vois pour le mien, si même on peut l’intégrer au scénario (mais comment ne le pourrait-on ? Je suis la cause de ta perte…) que Danny de Vito, tes femmes (elles se reconnaîtront, je n’en doute pas) seront jouées par Catherine Zeta-Jones, Monica Bellucci, Cameron Diaz, Josiane Balasko (je te laisse deviner laquelle, traîtresse !), Cécile de France, Zhang Ziyi, Whoopy Goldberg, Scarlett Johansson et Charlotte Gainsbourg (pour celles d’Agrocampus), tes amis seront interprétés par Sean Connery, Harrison Ford, Arnold Schwarzenegger, Sean Penn, Johnny Depp, Romain Duris…

Je ferai réaliser ta biographie en BD, les dialogues seront de Larcenet, les dessins de Bourgeon, les couleurs de Masbou !

 

Je changerai mon nom, je fonderai une compagnie de beignets de poulpes qui s’appellera Blavy Gump, j’inventerai pour toi un vaccin contre le cancer, et il s’appellera Blavocyne, je créerai une boîte de dentifrice nommée Pierrogencyl, je lancerai une boîte de shampoing et il s’appellera Peter’s Friend !

 

Si tu savais comme je regrette, Pierre…

 

*Flash Back*

 

Notre sous-marin, lentement mais sûrement, s’approchait du centre de la ville. Les rues dans lesquelles nous circulions étaient de plus en plus étroites, et la lumière rougeâtre qui y régnait se faisait plus intense et pulsait sur un rythme qui me rappelait celui du Tango de la Muerte, composé par don Diego della Centauri (en gros, ça faisait pam pampampam pam, papapapapam pampampam pam, mais au lieu d’accords de bandonéon déchirants, on entendait les pulsations lumineuses. Je crois que l’ivresse des profondeurs se manifestait méchamment puissamment sur nous, de manière encore plus efficace qu’un mojito sur une halieute hippopotamophile).

 

Autour de notre appareil, les créatures se pressaient pour mieux nous voir, nous empêchant d’apercevoir quoi que ce soit précisément. Pierre semblait comme en transe, il dirigeait sans hésitations le sous-marin au milieu de la foule, faisant quelques appels de phares de temps en temps pour dégager le chemin.

 

Soudain, il n’y eut plus rien devant nous, qu’une falaise immense percée d’une faille circulaire d’où semblait provenir une lumière sourde. Une petite voix, souvenir fugace de prépa me souffla que c’était sans doute un passage vers une ancienne chambre magmatique, puis une autre lui intima de fermer sa gueule. Le spectacle se passait très bien de commentaires, de la même manière qu’on se passe très bien de savoir ce qu’un cuisinier met VRAIMENT dans la bouillabaisse ou un éleveur dans la nourriture de ses poules.

Je me perdis dans la contemplation de cet orifice béant, semblable à la gueule d’un Léviathan fossilisé, un paysage resté probablement dans cet état depuis des siècles… Un spectacle que nous devions être les premiers humains à contempler, une vision d’un monde inconnu jusqu’alors… Au bout de quelques instants, un profond ennui me saisit. C’est pas que j’ai pas la fibre poétique, mais bon, du caillou ça reste du caillou, et ça a une vie assez peu passionnante.

(*jingle* Pause publicitaire : sauf bien sûr celle de Caillou, un des héros de la BD Lapin, les aventures passionnantes d’un lapin moche en tissu pourri, de Phiip, que vous trouverez sur www.lapin.org

Avec en prime Lapin, Lapin, Ourse Verte, leur enfant Sooper, Y. (yaourt passé maître dans l’art du sabre laser), et bien d’autre…fin de la pause publicitaire *jingle*)

Je me retournai vers Pierre pour lui demander quand est-ce qu’on s’en allait (je sais que ma tournure est incorrecte, mais mettez-vous à ma place, l’émotion m’étreignait la poitrine, je n’avais pas le temps de réfléchir à la grammaire), mais il n’était plus aux commandes : il avait jeté l’ancre (ou ce qui en tient lieu sur un sous-marin, je n’y connais rien, je suis plus doué en conduite de carriole à bras), avait ouvert un compartiment dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence, en avait extrait une combinaison rouge qu’il enfilait.

Pierre ! m’exclamai-je d’un ton suraigu (ce n’était pas de la panique, c’était juste à cause de la profondeur, hein !), tu ne songes pas à sortir avec ce truc, quand même ?

Il leva vers moi un regard vide. Je voulus lui saisir le bras pour l’empêcher de sortir, mais à son contact, une chose étrange se produisit : je me mis à voir par les yeux de Pierre.

Je distinguai nettement les petites veines éclatées dans mon regard fou, mes pores béants suintant d’une sueur âcre et froide entre les poils de ma barbe, le reste de peau de saucisson entre mes deux incisives inférieures…

Je le relâchai et trébuchai en arrière, m’assommant contre la porcelaine du bidet (les Suisses qui avaient conçu ce sous-marin avaient bizarrement suivi les normes européennes sur l’hygiène et la parité dans la Marine).

Lorsque je repris conscience, quelques instants plus tard, Pierre était sorti et ma vision s’était un peu améliorée : je ne voyais plus par ses yeux, mais par des yeux qui le suivaient à courte distance (aparté technique: pas mal la pirouette hein ? comme ça pas besoin de dire comment Pierre est sorti sans remplir le sous-marin d’eau, et en plus je vais pouvoir décrire ce qui va lui arriver, enfin ce qui lui est arrivé, je vous rappelle que c’est un flash-back si vous suiviez pas).

 

Pierre, marchant au ralenti dans ses bottes à semelle de plomb, s’introduisit péniblement dans la fente géologique.

Il marcha. Marcha. Marcha encore.

Et au bout du tunnel se trouvait une excavation immense, aux parois lissées par le frottement d’un corps titanesque. Et Pierre vit la Bête. Et son esprit se remplit d’une terreur révérentielle, car à cet instant, il sut que devant lui se dressait Cthulu l’indicible, Cthulu, l’être suprême, venu par delà les mondes connus, venu sur Terre en traversant l’éther, et plongé dans un sommeil plus profond que les océans de Glapum’t. Cthulu, qui, instillant ses rêves dans les esprits les plus sensibles et réceptifs, a engendré des êtres dont la folie fait frissonner d’une terreur ancestrale, une terreur qui nous a fait émerger de la boue pour y échapper, qui nous a façonnés, qui a créé l’espèce humaine. Cthulu, dont la seule vue aurait dû plonger Pierre dans une démence hurlante, le poussant à s’arracher les yeux des orbites, suite à la perte de 50 points de santé mentale.

 

Par chance, il n’en avait plus aucun.

 

Pierre se dirigea donc vers la tête de la bête, et dégagea sa glande à noir (ou quel que soit son nom, les cours de bio sont flous dans ma tête) d’un amas de tentacules, puis brancha dessus un objet qui ressemblait furieusement au vaporisateur qu’on utilisait pour arroser notre bégonia (on ne vous l’avait pas dit, mais on avait un joli bégonia rouge dans notre tente. Dans un pot en terre. On le sortait dans la journée pour lui faire prendre l’air, et Pierre l’arrosait tous les soirs. Avec un vaporisateur).

 

Une fois l’appareil rempli, Pierre se dirigea vers la sortie. Et c’est là que se produisit le drame.
Une horde de créatures démoniaques, en embuscade à l’extérieur de la grotte, se ruèrent sur Pierre.

Vaillamment, il tenta de résister, balança un ou deux coups de poings, mais, entravé par l’eau et la combinaison, il n’avait aucune chance de les blesser. Il tenta tout de même, il se débattit, mais peine perdue. Comme indiqué plus haut, il fut alternativement démembré, déchiqueté, mis en charpie, écrabouillé, mâchouillé par des gueules immondes, déshonoré par des membres siffrediens et verruqueux, le tout devant mes yeux écarquillés d’horreur. Je voulus intervenir, mais (entre le démembrement et le déchiquetage) Pierre me lança un regard suppliant, qui voulait dire : « Non, n’interviens pas. Ils ne t’ont pas vu, ils ne te feront pas de mal. Fuis, fuis pendant qu’il en est encore temps, fuis, pauvre fou ! »

Alors, je fuis.

 

*Retour au présent*

Mes yeux mouillés de larmes m’empêchent de bien voir. J’ai bientôt franchi les limites de la ville, mais j’ai du mal à manœuvrer. Je crois que je ne m’en sortirai pas sans Pierre…

 

Clong clong clong.

On frappe sur le sous marin ? Je regarde dans le hublot arrière.

C’est Pierre ! Je stoppe le sous-marin et lui ouvre le sas extérieur. Après avoir vidangé et repressurisé, j’ouvre le sas intérieur et me rue dans ses bras. Il me repousse avec rudesse.

-Et ben, t’es gonflé, dis donc ! T’aurais pu m’attendre ! Tu crois que c’est facile de courir avec ces grolles ?

-Mais… Ce regard que tu m’as lancé pendant que tu te faisais démembrer…Il signifiait clairement que tu me poussais à partir, à sauver ma peau !

-Hein ? Je te faisais juste signe d’attendre un instant que j’aie fini de serrer la main à tout le monde. Où tu es allé chercher cette histoire de démembrement ?

-lls te serraient la main ? J’ai dû mal voir… Aussi, l’éclairage était pas top. J’imagine que je me suis fait un film. Désolé de t’avoir laissé, vraiment. Mais je suis content que tu sois là, l’aventure va pouvoir reprendre finalement !

 

Francis

 

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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 23:42

J’aime faire la vaisselle

J’aime faire la vaisselle

Allez, j’y vais

Je ramasse dans le salon les assiettes des colocs

Et les verres

Et les couverts

Et le sel et le poivre

Hop, j’y vais

Oups

J’ai marché dans le vomi du chat

Ca glisse

Même pas tombé

Je crie très fort « Scrogneugneu »

(en vrai je suis plus vulgaire mais chut)

Je vais prendre du sopalin

Je le plie en quatre

J’essuie ma semelle

J’essuie mon carrelage

J’amène l’ordi dans la cuisine

Zut, pas de place sur la table

Je le pose sur une chaise

Je mets la musique très fort

J’ouvre l’eau

J’attends

J’attends

Elle est chaude

Je lave l’éponge

Ouille, ouille, c’est trop chaud

Je rajoute de l’eau froide

Je mets du Paic sur l’éponge

Je rajoute de l’eau chaude

Ouille, ouille, c’est trop chaud

Je frotte les assiettes

Je frotte les fourchettes

Je frotte les cuillères

Je frotte les verres

Je frotte les couteaux

Je frotte les moules à gâteau

Je les pose à côté de l’évier

Ca fait une flaque de mousse

Ca coule dans la poubelle

Flic floc

Je frotte les saladiers

Je frotte les casseroles

Je frotte les poêles à frire

J’ouvre l’eau très fort

Fschhhhhhhhhhh

Je passe une assiette dessous

Je mets de l’eau partout

Oups

J’éponge

Je mets l’eau moins fort

Je rince les assiettes

Je rince les fourchettes

Je rince les cuillères

Je rince les verres

Je rince les couteaux

Je refrotte les moules à gâteau

Parce qu’il reste plein de morceaux

Puis je les rince

Je range tout bien dans le machin

Le truc, là, pour tout sécher

Puis j’éteins la musique

Ha tiens, encore tout un CD

Bon, je rangerai la cuisine demain

 

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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 22:42

S’il est une chose à mettre au crédit de Jean-Pierre Pernaut, en plus de sa coupe de cheveux impeccable, c’est bien son amour des petits métiers de nos campagnes.

 

Hééé oui, qui, à part lui, s’intéresse encore au devenir des maréchaux-ferrants, des santonniers ou des fabricants de brosses en poils de blaireau authentiques ?

Personne, bien sûr.

 

Ceci dit, nombreux sont les gens qui nourrissent une passion incandescente envers le manger, et aimeraient sans doute en savoir un peu plus sur les métiers de la bouche, et en particulier, ceux de ces métiers qui disparaissent, parce que le morbide, les gens aiment bien, quand même, suffit de regarder les entrées à Saw IV. Et ceux-là, on les voit pas à la télé.

 

J’ai donc décidé, par le présent article, de vous présenter quelques métiers de la nourriture injustement oubliés de notre société où l’urbanisme galopant fait cracher au visage buriné par une vie de dur labeur de leurs derniers représentants dont les mornes plaines ont autant oublié la fonction que moi le début de ma phrase.

 

Mais bon, l’essentiel est de faire passer le message : nous allons nous intéresser aux délaissés du JT, ceux que même JPP s’en souvient plus (je ne parle pas de l’ancien footballeur aujourd’hui entraîneur de Lens, qui se voit adjoindre les services de Daniel Leclerq, ce qui me permet de mettre une note d’actualité dans un sujet suintant le passé par tous les pores, ce qui n’est pas un mal en soi, mais même, l’actualité a l’avantage d’être plus présentable, hahaha j’ai fait un jeu de mots vous avez vu ?).

 

Le premier des grands oubliés que j’aborderai aujourd’hui est l’épépineur de groseilles, artisan itinérant, embauché par les grands-mères voulant éviter à leurs petits enfants la désagréable sensation du pépin de groseille coincé entre les dents, qu’on tente vainement de dégager de la langue, allant des fois jusqu’à l’aphte. Cette profession, reconnue d’utilité publique en 1276 par un édit royal (on murmure que la Guilde des Artisans Confituriers-Geléiste ne serait pas pour rien dans cette reconnaissance), vit sa fin aux alentours de 1860, avec l’invention par Jérémie-Victor Opdebec (futur créateur de la pince à linge) de machines à épépiner les groseilles. Une fois de plus, la technologie mettait fin à une profession respectée.

 

Les rémouleurs de céleris, qui ne doivent leur survie précaire qu’aux contacts que leurs représentants ont avec les hautes sphères de l’Education Nationale, risquent également de bientôt disparaître. De plus en plus, les cantines préfèrent les macédoines informes aux tons pastels au céleri-rémoulade qui firent le dégoût de nos grands-parents (mais leur permettait d’être immunisés contre les pires ignominies culinaires, comme les choux de Bruxelles ou les endives au gratin).

 

Toujours en sursis, on trouve les charcutiers-métreurs. Ces scientifiques méconnus sont à la base de découvertes importantes, comme le calcul par Alphonse Allais de la quantité de merde ingérée par les français à chaque Noël. Sans leur patient travail de recueil de données sur la taille des boudins consommés par les français et les calculs de moyenne de crotte contenue dans les boyaux desdits boudins, cette étude aurait été rigoureusement impossible.

Hélas, aujourd’hui, la plupart des découvertes ont été faites dans ce domaine, et les charcutiers-métreurs n’ont plus pour survivre que le rôle de consultants dans les concours de saucisses. Je signale au passage le record que détiennent les charcutiers de Langogne.avec une saucisse de cochon de 23,162 kilomètres, vive la Lozère !

 

Un autre de ces métiers dont les représentants se font rares, c’est celui de dépanneur d’escalopes. Lorsque l’on invite un ami ou un patron à manger, et que l’on a amoureusement préparé des escalopes milanaises, mais qu’il s’avère que l’ami ou le patron a horreur des escalopes panées, tout n’est pas perdu, le dépanneur d’escalopes peut vous sauver la soirée !

Malheureusement, les tarifs de dépannage d’escalopes étant assez élevés (le matériel est pointu, la formation longue et fastidieuse), les gens préfèrent aujourd’hui se faire livrer une pizza et donner l’escalope au chien, avec la panelure. Triste monde.

 

Voilà, j’espère que ce rapide survol vous aura permis de prendre conscience de la déliquescence du tissu social des travailleurs de la nourriture, et que la prochaine fois que vous achèterez un pot de gelée de groseilles, vous vérifierez soigneusement que l’épépinage a été réalisé dans les règles de l’art par un petit artisan français. Vous ferez acte de charité et oeuvrerez ainsi pour la sociodiversité gastronomique.


Edit : comme l'a justement fait remarquer l'Oncle Dick, je n'ai pas cité mes sources. C'est mal. Rendons au plus grand des Francis (après Huster) ce qui lui revient, à savoir la paternité intellectuelle du dépanneur d'escalopes, ainsi que de l'épépineur de groseilles de Jérémie-Victor Opdebec. Quant au chacutier-métreur et au rémouleur de céleri, si quelqu'un sait qui en est l'inventeur, je lui serais extrêmement reconnaissant.

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