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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 23:42

Un mien ami, parmi les plus proches qu'il me soit, m'avait un jour, à je ne sais plus quelle occasion, dit (amicalement, du moins je crois, puisque, vous l'ai-je dit ? c'était un ami) : « Nan mais toi, tu balances de la merde en l'air, et t'attends de voir ce qui retombe ».

Force m'est de constater que globalement, c'est pas complètement faux et que cet ami m'avait plutôt bien cerné (1). À mon grand dam. J'eusse préféré qu'il se trompât : j'aime bien être un mystère sur pattes, errant de ville en ville, ne restant dans les mémoires que comme « le ténébreux barbu à l'aura impénétrable qui use de conjugaisons cheloues qu'il est pas loin de maîtriser presque », une image qui, j'en suis sûr, est à l'origine de mon succès auprès de la gent féminine (j'en veux pour preuve que ma vie amoureuse ne s'est jamais aussi bien portée, sauf exceptions).

Afin de parvenir à cet effet, j'ai une technique : je mens. J'aime bien mentir. C'est une espèce d'instinct que j'ai développé je ne saurais dire quand, et perfectionné durant mes années étudiantes, dans un milieu que je pensais cultivé et où les cibles posaient (m'imaginais-je) un plus grand challenge.

Et au risque d'écorner ma modestie, je dois avouer avoir eu quelques petits succès.

Un de mes préférés est d'avoir (je crois l'avoir déjà raconté) persuadé une camarade que j'avais appris à jouer du tin whistle durant les longues heures que j'avais passé en stage à Kuala Lumpur au Tibet, à garder des troupeaux de yaks (parce qu'on a beau m'avoir fait miroiter un stage dans une fabrique de beurre, j'étais le plus souvent de corvée de pâtre, ce qui me forçait bien évidemment à jouer du pipeau pour meubler les longues heures d'ennui). J'ai gardé une certaine sympathie pour cette brave fille.

Avec l'aide d'un autre camarade, nous avions élaboré une autre jolie histoire que nous racontions aux nouveaux élèves (de préférence mignonnes) pendant la journée de présentation des clubs de l'école : le ciné-club (dont je faisais partie) avait créé une sous-section porno, qui réalisait des films avec les étudiants. C'était convivial, on découvrait les gens sous un nouveau jour, 'voyez ? Puis bien sûr, les projections n'avaient lieu qu'entre nous parce que quand même, ce serait un peu gênant d'inviter des personnes non impliquées, on voulait pas de pervers, quand même.

Ha, mes amis, c'était le bon temps des camarades étudiants. Ils étaient jeunes et c...rédules.

Ils ne sont plus jeunes (le temps passe, les fronts se plissent, les cheveux grisonnent, les seins tombent, les enfants pleuvent, les photos de profil facebook se parent de robes blanches et de costumes sombres), mais finalement, ils ne changent pas tant que ça.

Je l'ai découvert en envoyant un mail innocent à une copine qui s'enquérait de la participation de la promo au méchoui de l'école. Ne souhaitant pas plus que ça faire part de mon chômage ou de ma vie chez papamaman à tout un tas de gens avec des enfants qui vivent dans des maisons qu'ils se sont achetées avec les sous de leur CDI, j'ai répondu une connerie.

Pour être précis, j'ai envoyé :

"Désolé, mais pour Frank et moi, c'est un peu compromis : il a été promu en mars (colonel Frank !) et muté à la Réunion, du coup je vous écris depuis la base de Sainte-Marie. Ha, et pour ceux qu'on n'a pas vus depuis le mariage : il a eu la garde des jumelles (on s'y attendait un peu, sa cinglée d'ex est sûrement pas capable de s'occuper d'elles) ! C'est pas évident de gérer deux ados de 14 ans, mais on fait face en hommes.

A une prochaine fois, inch'allah."

Je pensais être tout à fait transparent (après tout, il était notoire à l'école que j'avais été réprimandé par le directeur pour avoir mis enceintes douze de mes camarades et professeurs (malgré l'usage de trois préservatifs à chaque fois, mais je souffre d'hyperfécondité, mes petits nageurs ont cinq flagelles chacun) au cours du premier trimestre, ce qui n'est pas un trait typiquement gay), mais apparemment pas pour tout le monde : un copain m'a envoyé un SMS pour me dire qu'un autre type de la promo l'avait appelé pour lui annoncer la nouvelle avec enthousiasme.

Quelque part, ça flatte, quand même. Parce que c'est pas tout de balancer de la merde, voir qu'elle atterrit, ne serait-ce que sur une personne, c'est ça qui compte. Même si ça n'a aucune espèce d'intérêt par ailleurs.

(1) ça m'est revenu là d'un coup, parce que j'ai vu mes doigts répondre à un libraire qui se plaignait de son livreur qu'il « devrait essayer Amazon, c'est chouette Amazon, j'ai jamais eu de problème avec mes livraisons avec Amazon », sans que mon cerveau n'intervienne en quoi que ce soit dans cette démarche.

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