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19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 19:42

Hop, retour des aventures. Les épisodes précédents sont classés dans les aventures à quatre mains. Le début de la destruction de nos clones va commencer. Episode entièrement de Pierre.

Lundi 20 mars. Laboratoire de recherche Top secret de l'armée des tueurs de clones

 

 

 

Une paire de lunettes de protection cachant des verres à triples foyers émerge d’un nuage mal odorant de fumée bleuâtre.

 

- Ca y est j’ai trouvé, les clones ont tous de l’encre de poulpe à l’intérieur de leur sang, j’en avais mis dans la cuve afin de les reconnaître. Or le virus de Reynolds©, aussi appelé syndrome de la page blanche se développe dans l’encre de poulpe. Jadis il était utilisé pour faire de l’encre sympathique. Il se trouve que ce virus est mortel, il éliminera tous les clones sans jamais faire de mal à un humain.

 

- Effectivement, y'a beaucoup d'innocents qui ont perdu la tête à cause de nous, faut dire que les décapiter pour voir s'ils sont le sang bleu, c'est peut être pas la meilleure des méthodes.

 

- Faire perdre la tête a l’ennemi, c’est la guerre psychologique, mais rien ne vaut l’arme bactériologique.

 
 

- Et gros malin le virus de la page blanche, tu vas le trouver où ?

 

 

 

En tant que bon scientifique je lui aurais bien répondu dans ton cul, afin de perpétuer une tradition remontant au doux temps ou je vivais encore dans l’oisiveté sereine de l’étudiant. Mais Francis ne me semblait que très peu disposé à subir une coloscopie. Il existe des profondeurs de l’être humain qu’il ne vaut mieux pas explorer. Je préférais donc plonger à la recherche d’une solution dans les profondeurs abyssales de l’océan.

 

 

 

Au fond d’un vieil hangar désaffecté, entre de vieilles conserves de sardines et des combinaisons d’homme grenouille. Le temps était passé sur ces lieux et la grue, hier encore si droite, s’était affaissée le poids (au moins 10 tonnes) de son aimant, tallé de moisissure.

 

 

 

Heureusement le sous-marin de poche ou de cornet comme on dit dans l’est était toujours là.

 

Quelques lichens avaient élu domicile sur la coque, entre une colonie de moules desséchées et quelques traces de rouille, mais seule la couche superficielle avait subi les outrages du temps et de la corrosion. Je chassai l’araignée qui avait élu domicile dans un renfoncement du cockpit, et grâce à une raclette, j’entrepris de décoller la poussière noire qui masquait le nom du bâtiment. « Le Coucou » était peint en bleu sur la coque jaune délavé, au dessus d’un pavillon suisse. Alors que je faisais les dernières vérifications d’usage, j’espérais intérieurement que l’engin n’allait pas coucouler pour l’éternité.

 

Francis ouvrit l’écoutille, avec la clef mangée par la rouille trouvée dans un coin poussiéreux du hangar, alors que j’allais Mont-d’or mir sur le fauteuil du capitaine.

 

 

 

-G..e..n..è..v..e p..a..s v..e..n..i..r a..v..e..c t..o..i, disait Francis en traînant des pieds. Mais un rapide coup d’œil par la fenêtre le fit soudainement changer d’avis. En effet pas loin de là des clones en furie décidés à nous éliminer venaient de mettre le feu au lac, ou plutôt à la marre, d’un lancer malencontreux de cocktail Molotov. Une vache rincée à l’eau et à l’essence courait pour échapper aux flammes qui la poursuivaient Entremont et vallées, tandis qu’un camion blanc rempli de clones en furie nous fonçait dessus. J’ai comté au moins 25 adversaires sanguinaires, ça en était trop pour nos muscles de fromage mou, entraînés à remplir les formulaires.

 

 

 

Francis affolé bondit sur le vieux zodiac à vapeur, amarré au port et dans un vrombissement de moteur me tracta avec le sous-marin en plein milieu de l’océan. Lorsqu’il y eut de l’eau à gauche, de l’eau à droite de l’eau devant, de l’eau derrière et de l’eau dessus, parce qu’il pleuvait, nous nous décidâmes à plonger.

 

 

 

Le clong sinistre de l’écoutille scella l’atmosphère moite de notre frêle bâtiment de verre et d’acier. Le ciel disparaissait au fur et à mesure que les ballasts se remplissaient d’eau, et le clapotis de l’eau sur la lourde coque s’atténuait de plus en plus. Le dernier rayon de lumière solaire pénétra le hublot central. Plongée.

 

Bleu, gris noir, noir noir… Seule la lumière verte et intermittente du sonar éclairait vaguement la cabine. Au détour d’un angle de visage, elle illuminait un reste blafard d’humanité perdu dans ce monde aquatique. La cabine, jadis tiède et accueillante, était maintenant glacée. Un frisson brisa temporairement le silence, avant d’aller se perdre dans les abîmes océanique.

 

Aussi calmement que possible je comptais les mètres qui nous séparaient de notre destination sur le sonar. Quand à Francis , il maintenait l’immobilité du sous marin en contrôlant la gîte grâce aux propulseurs auxiliaires. Dans cette immensité oppressante, l’envie d’allumer une lampe était grande, mais lorsque nous serions au fond nous aurons besoin de toute la puissance électrique. Il ne nous restait plus qu’à attendre.

 

L’immense pression faisait couiner les jointures et grincer le métal. Une odeur de sueur ou de transpiration mentale flottait dans l’atmosphère huileuse et viciée du système d’air. Instinctivement je contrôlais les concentrations en CO2 et en oxygène. Elles étaient satisfaisantes mais un sentiment d’asphyxie écrasait péniblement mes poumons. Les machines résistaient beaucoup mieux que moi à la claustrophobie. 5 minutes avant arrivée.

 

 

 

Mon corps transpirait à grosses gouttes, alors que je grelottai dans une couverture de survie. Avec mon accord Francis m’avait attaché sur mon siège et éloigné des commandes. Il hurlait calmement des mots inaudibles qui me détruisaient la tête et les oreilles, qui résonnaient à l’infini dans cet espace clos. Le temps estimé par le sonar était comme figé, et même les secondes semblaient enfermées dans l’oppressante carlingue de verre et d’acier. Une seule chose comptait : remonter, le plus vite possible, vers le haut, si il y avait encore un haut dans cette immensité noire, vers la lumière, respirer, respirer de l’air, de l’air de dehors, de l’air frais, et non cette immonde atmosphère moite, dense, putride, usée, sursaturée en huile et en vapeur d’eau. Respirer, quitte à exploser sous la décompression, il me fallait sortir, tout remonter, à la nage, à la main. Sortir, sortir de cette boite de conserve infernale qui n’arrêtait pas de rétrécir. Echapper aux murs de métal hurlant, qui se tordaient, qui m’enfermaient. Tout pesait, j’allais mourir écrasé, sous la pression, sous les murs, sous toutes ces tôles qui me retenaient, sous tous ces flots en furie, immobiles. Ils me comprimaient, ils me compressaient. Il faisait chaud, il faisait froid, il fait vide, il fallait que je sorte

 

 

 

J’inspirais avec difficulté ma dernière bouffée d’air, lumière, un rayon flou parcourut mes yeux parsemés de larmes, et l’émerveillement pris le pas sur la terreur, parmi les millions de particules en suspension dans le faisceau trouble du projecteur, des crevettes rosées dansaient au côté de petits poissons translucides. Un véritable ballet aquatique se déroulait devant nos yeux ébahis : une méduse faisait danser sa longue chevelure filamenteuse, qui capturait les moindres particules de lumière du sous marin, ses extrémités mortelles donnaient un dernier baiser venimeux à un poisson translucide à l’intérieur duquel palpitait encore une guirlande de ganglions. Figé sous le venin, je vis son squelette disparaître dans les profondeurs alors que de nouveaux animaux, avides de lumière, se projetaient contre la vitre du cockpit.

 

 

 

Sur la vieille carte marine qui tenait au plafond par un vieux morceau de ruban adhésif jauni, je regardais la route. Plus que quelques milles à longer les récifs avant destination…

 

 

 

Francis me regardait incrédule, en train de faire de savants calculs de trajectoire. Il savait que j'avais une destination, mais n'en comprenait pas plus. Je ne pouvais pas lui avouer que lors de ma seizième année d'existence, alors que je passais de mornes vacances en compagnie de mes parents, sur les plages radioactives de la Hague, j'avais fait une rencontre surprenante. En effet, je ne voyais poindre a l'horizon ni jolie bretonne, ni belle touriste, et la plage était totalement dépourvue de cette faune farouche que l'homme aime tant admirer, alors j'ai décidé de faire une bataille de varech dans un coin sombre d'un rocher que les grandes marées estivales avaient découvert. Inutile de dire qui de moi ou du rocher gagna, mais dans une sombre anfractuosité, je découvris un humanoïde blessé. Il tenait plus de la carpe que de l'homo sapiens, et ses grands yeux globuleux, que le soleil asséchait semblaient m'appeler à l'aide. La puanteur fétide qui se dégageait de ce corps agonisant failli me faire défaillir mais je réussit tout de même à remettre l'étrange créature à l'eau. Je ne sais si elle coula ou si elle nagea jusqu'à sa maison, peut être avais-je simplement jeté un cadavre échoué, je n'en savais rien, et j'ai passé le reste de ma journée à me baigner pour faire partir la puanteur et le mucus gluant qui entourait mes mains. Cette sordide histoire était restée enfouie dans ma mémoire pendant de longues années, mais à mesure que je m'immergeais dans l'océan, elle refaisait surface. Cette créature, répugnante semblait m'appeler, elle n'avait certainement pas le charme d'une sirène, mais elle en avait l'attrait, je savais qu'il me fallait aller rejoindre sa maison, au plus profond de l'océan Pacifique.

 

 

 

La carte ne m'était plus d'aucune utilité, seul l'instinct me guidait, et je ne la regardais que pour gagner la confiance de Francis , qui visiblement se posait de plus en plus de questions sur ma manière de la lire, et je dus reconnaitre qu'une carte de la Méditerranée n'était pas ce qu'on pouvait trouver de plus utile, mais n'ayant que ça il fallait bien faire avec.

 

Il m'avait déjà grillé pour la carte, je me demandais ce qu'il allait penser lorsqu'il verrait la bête censée nous fournir de l'encre de poulpe… mais je préférais sagement attendre le moment venu avant de lui en parler, "les innocents sont bénis" et je ne voulais pas qu'il me mette des bâtons dans les hélices.

 

 

 

Je longeais la déchirure rougeoyante d'une dorsale d'où s'écoulaient lentement des coussins de basalte, qui me rappelaient les cours de prépa passés à dormir sur des coussins de coton diablement plus confortables que de la pierre vitrifiée. L'eau turbide nous empêchait de voir à plus de 3 mètres, les particules métalliques en suspension détraquaient les radars, et seul mon instinct guidait la machine dans ce labyrinthe basaltique. D'un rapide mouvement de la barre de plongée je dirigeais le sous marin dans une anfractuosité rocheuse qui se poursuivait par un tunnel. Lorsque Francis se rendit compte que je slalomais à l'aveugle dans une ancienne cheminée magmatique, entre les jets de lave et les colonnes d'obsidienne, il faillit m'assassiner pour prendre les commandes, mais se contenta d'un immonde flot d'insultes qui faillit nous noyer sous sa grossièreté.

 

 

 

Les moteurs tournaient à plein régime, les écueils rocheux défilaient autour du frêle sous-marin à une vitesse astronomique alors qu'il fendait l'eau sur un rythme effréné. Je pilotais dans un flot dynamique de blocs de pierres qui tombaient du plafond, de jets de lave qui surgissaient des parois, et de puissants dégazages qui montaient du sol. Tout s'accélérait, mon cœur battait à 100 à l'heure, celui de Francis encore plus vite, le plafond s'écroulait, j'évitais un bloc, un autre. Les bulles de vapeur roulaient sur le cockpit, on ne voyait plus que quelques ombres passer dangereusement près des hublots, puis, le calme plat.

 

Ca y est nous étions arrivés, dans cette cité sous marine, sorte d'alliage improbable entre des pierres millénaires, couvertes d'algues luminescentes, et des bulles d'air prisonnières de filets de lumière. Une construction cyclopéenne, sorte de havre intemporel coincé entre l'eau glacée de l'océan et la fournaise du manteau. Irréelle, dangereuse attrayante.

 

Je restais en retrait, près de l'ouverture infernale qui nous avait conduits ici, comme si la présence d'un ridicule petit sous marin de poche allait briser le fragile équilibre qui maintenait cette cité titanesque en place. J'écoutai longuement le parfait silence de mort qui régnait en ces lieux, puis Francis , dont la patience avait atteint ses limites me dit

 

- C'est pas bientôt finit ce merdier, tu joue au pilote de baignoire en faisant la course avec la mort et t'oses même pas t'approcher d'un tas de cailloux… C'est pas que mais je te rappelle que j'ai laissé un fluide glacial sous le feu des clones dans le bunker, alors j'aimerais bien le lire avant que ce con de poulet m'le picore.

 

Ne voulait pas briser l'élan de courage de mon ami, qui se serait uriné dessus de frayeur il y a quelques secondes si l'accélération n'avait pas plaqué ses fluides puants contre le fond de sa vessie, j'entrepris de m'approcher.

 

 

 

De près la cité ressemblait à une énorme fourmilière, grouillante de répugnantes créatures, aux mains palmées, aux yeux globuleux, et aux corps parsemé d'exobranchies. En tant que bon halieut, Francis trouvait ces horribles choses très charmantes, et je crus même le voir sourire lorsqu'une sorte de poisson femelle, à la peau laiteuse comme un mort délavé, traversa le faisceau du projecteur en faisant onduler sa chevelure bleuâtre parsemée de filaments de varech.

 

 

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commentaires

F
J'ai adoré l'anal-ogie avec les profondeurs abyssales (très sales), de l'eau-séant !Et puis tout le récit d'exploration qui suit prend une toute autre dimension  :-D 
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