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FIGB recrute




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19 août 2010 4 19 /08 /août /2010 23:42

 

Il a plu, pour la peut-être quatrième fois de l'année. Ca fait pas beaucoup, mais sans doute que ça va continuer, un peu.

D'habitude, j'aime bien la pluie, c'est mon côté breton. J'aime bien les petites bruines, les grains et les crachins, mais pas que. Donnez-moi un orage d'été à Paris, me voilà tout frétillant, à tenter de choper la crève au milieu de la rue désertée par ces couilles molles de parisiens avec leurs parapluies de petits joueurs. En Lozère, j'attends de voir pousser les champignons au son du tonnerre.

En France, j'aime bien la pluie.

 

Ici, heu. La pluie, ici, c'est pas pareil. C'est pas gentil. La pluie française est un petit chaton qui ronronne en boule sur vos genoux. La pluie sénégalaise, c'est Shere Kan.

 

Elle tombe pas en gouttes, la pluie. Elle se jette par terre comme une forcenée, avec l'espoir avoué de transpercer tout ce qui est sur son passage, en particulier le goudron. Et si elle le transperce pas, elle le noie. Ou elle fait les deux. Bon, en fait, elle fait les deux, surtout que la plupart des routes sont pas vraiment faites pour évacuer la flotte.

 

Du coup, ça donne ça.

 

pluie1.jpg

 

Et on ne voit pas bien les trous.

 

http://a.imageshack.us/img838/2040/pluie2.jpg

 

Bon, des fois, c'est pas pratique pour les véhicules. Des fois, on a ça :

 

http://a.imageshack.us/img294/6919/pluie3.jpg

 

Bon, pour être tout à fait honnête, ça, on le voit aussi sans la pluie. Ce qu'on voit moins, c'est les quads qui se plantent, le pilote qui vient dans le restaurant (sur lequel vous vous êtes rabattus parce que c'était pas possible d'aller à la cantine, parce que 100 mètres à pied franchement non, d'ailleurs le lendemain elle était encore inondée donc on a bien fait) pour chercher un tournevis, répare son quad et repart, pour se planter exactement au même endroit. Ca fait plaisir.

 

Ce qui est le plus rigolo, c'est quand même ça :

 

http://a.imageshack.us/img228/371/pluie4.jpg

 

On le voit ptet mieux en vidéo.

 

 


 

 

Heureusement qu'on trouve des vendeurs de serviettes Dora l'Exploratrice pour se sécher.

 

http://a.imageshack.us/img440/6260/p1070498.jpg

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 21:42

Ca y était. Il avait réussi. Après des années de recherche, il y était enfin parvenu. Antoine essuya machinalement la sueur qui lui coulait sur le front d'un revers de main, et poussa un « Merde ! » étouffé en se rendant compte qu'il venait de se maculer le front de sang. Il se rassit sur sa chaise métallique, posa les mains sur ses genoux tremblants, et soupira devant la dépouille de Nicolas. Il se releva, lui ferma les yeux, et entreprit de recoudre son thorax béant. Puis il le prit entre ses bras, avec précautions, comme il eut fait d'un enfant endormi, remonta les escaliers de la cave, et le jeta dans la cheminée qui engloutit le cadavre avec un appétit vorace.

Il s'y était attaché, avec le temps, à ce singe. Mais il y avait des choses plus importantes. En l'occurrence, célébrer. Il se soûla gaiement en mémoire de Nicolas, son ultime expérience, celle qui avait confirmé que son philtre d'amour était enfin au point.

Assis devant la cheminée, il porta la main à sa poche de chemise, en sortit la photo de Julie, tenta de faire le point malgré les deux verres de vodka (à laquelle il ne touchait jamais d'habitude), et sourit. Elle était si belle. Il embrassa la photo, et la remit avec précaution dans sa poche. Bientôt, elle serait sienne, enfin.

 

Pour la première fois depuis bien longtemps, il n'eut pas de mal à s'endormir.

 

Le lendemain se leva sur une migraine lancinante et une question qu'il ne s'était pas encore posée, obnubilé qu'il était par la préparation de son plan.

Comment allait-il faire absorber son philtre par Julie ? Il n'oserait jamais lui adresser la parole. La dernière fois avait été trop blessante.

Et pourtant, malgré sa cruauté, elle lui avait laissé un espoir. Une porte ouverte. Quelque chose était possible entre eux. Mais pour cela, elle devait boire son philtre. Sans ça, c'était inutile. Mais il ne pouvait pas aller la voir et lui donner. Elle ne voudrait jamais. Il allait devoir être malin.

 

Lui envoyer une bouteille de vin assaisonnée était trop risqué, elle pourrait en faire boire à d'autres. Jouer à Cupidon avec une carabine à fléchettes était symboliquement magnifique, mais elle allait se rendre compte qu'elle était canardée, et ce n'est pas le genre d'attention qui met dans de bonnes dispositions. L'idée de la bouteille était plus réaliste. Mais comment s'assurer que personne d'autre n'y touche ? Qu'y avait-il qu'elle ne partagerait avec personne ?.. Ha oui ! Les macarons ! Elle adorait les macarons. Avec ça, aucun risque !

Le lendemain, des macarons soigneusement imprégnés étaient livrés chez Julie, accueillis avec enthousiasme et gobés avec un entrain assez peu féminin.

 

Il allait pouvoir passer à la phase deux de son plan. Et pour ça, il devait aller à New-York. L'Amérique, le carrefour où des gens de partout se retrouvent, avant de se disperser dans le monde entier. L'endroit idéal pour répondre au défi de Julie.

 

Deux mois plus tard, cinquante millions de personnes étaient mortes sur les cinq continents. Au bout de trois mois, on annonçait huit cent millions, sans savoir que c'était le triple. Deux semaines plus tard, on n'annonçait plus rien, les médias n'existaient plus.

Les premières semaines, les scientifiques survivants tentèrent pendant quelques semaines de trouver un remède, mais ils succombèrent au virus d'Antoine avant d'y arriver. Il ne leur avait laissé aucune chance. Il ne pouvait pas se permettre de leur en laisser.

 

Cependant, dans le plan d'Antoine médité depuis des années, il n'avait pas prévu une chose. Julie n'était pas restée chez elle. Aux débuts de l'épidémie, comme beaucoup de monde, elle avait quitté Paris pour la campagne, et il n'avait aucune idée de l'endroit où elle pouvait se trouver.

 

Il passa quelques semaines à hurler de désespoir dans les rues vides de Paris, avec pour seules réponses les glapissements des chiens qui se disputaient les charognes que nul ne ramasserait jamais. Puis il se reprit, et partit à la recherche de Julie.

Il savait qu'elle avait de la famille du côté de la Lozère. Il emprunta une voiture, chargea des bidons d'essence dedans, et prit l'autoroute du Sud.

Deux ans plus tard, ayant exploré la moindre ferme en ruines, il abandonna la piste lozérienne. Il se rappela l'avoir entendue mentionner des origines bretonnes, dans la cour du lycée. Il décida de tenter sa chance. Il ne pouvait imaginer faire autre chose.

 

Un an plus tard, le destin décida enfin d'être clément. Comment pouvait-il ne pas l'être avec le dernier homme sur terre ?

Alors qu'Antoine déambulait sur ce qui restait des routes armoricaines, il passa devant un supermarché, dans ce qui avait été la ville de Lamballe. Il commençait à manquer de vivres, et décida d'y faire un tour. C'est ainsi qu'il avait survécu depuis ce temps, pillant les rayons céréales et conserves, dévalisant les stocks de biscuits qui avaient résisté au temps et aux émeutes du début de son oeuvre de conquête de Julie.

Il dépassait le rayon cosmétiques, quand il entendit le bruit caractéristique d'un sachet de chips qu'on éventre.

Lentement, osant à peine respirer, il s'approcha du rayon apéritif. Caché derrière l'angle des étagères, il risqua un regard, le coeur battant à cent à l'heure.

 

C'était Julie. Un peu échevelée, certes, sentant le fauve à cinq mètres de distance, mais Julie tout de même, toujours aussi belle, même avalant des poignées de chips périmées en poussant des grognements.

 

Il fit un pas hésitant, qui résonna entre les murs du magasin. Julie se tourna. Ses sourcils se haussèrent, elle ouvrit la bouche et poussa un rugissement en se précipitant sur Antoine.

Commentc'estpossiblej'ycroispasilrestedeshumainsjesuispastouteseulel'humanitéexisteencorehojesuiscontentedevousvoirc'estpaspossiblec'estpaspossible et elle pleurait et elle toussait des miettes de chips et elle le serrait contre elle comme il en avait toujours rêvé et sa poitrine se pressait contre la sienne, et de gros sanglots entrecoupaient ses paroles inintelligibles.

 

Antoine prit une grande inspiration.

 

-Alors... Tu veux bien sortir avec moi, maintenant ?

-Pardon ?

Julie l'avait lâché, et avait reculé d'un pas.

-Tu veux bien ? Tu avais promis !

-Hein ?

-Mais... tu te souviens pas ?

 

Le monde d'Antoine s'écroula autour de lui.

Il bégaya :

-En troisième... je t'avais demandé...tu avais rigolé et dit « ouais, si t'es le dernier mec sur la terre ! », tu te souviens pas ?

 

Julie le fixait, l'air ahurie.

-Julie... Je suis le dernier homme sur la terre, maintenant. Tu... tu veux bien sortir avec moi, alors ?

 

-Putain... Antoine ? Le petit bigleux à boutons toujours au premier rang ? C'est toi ?

 

Elle se souvenait de lui ! Antoine crut défaillir de joie, mais n'en laissa rien paraître.

-C'est moi, Julie. Je... Je t'aime. Je t'ai toujours aimée. Tu es la plus belle fille de la terre. Je veux dire, tu l'as toujours été, même avant que tu ne soies la dernière, hein !

 

-Putain, mais c'est dingue, ça ! Il reste peut-être deux personnes sur la terre, et il fallait qu'on se connaisse ? Putain, mais quelles étaient les probabilités ?

 

-En fait... C'est moi qui ai fait ça.

-Hein ?

-Oui. Tu m'avais dit qu'il fallait qu'il n'y ait plus un homme sur terre pour que j'ai une chance avec toi, hé bien... Si c'est ce qu'il fallait pour que tu soies à moi, il le fallait. J'ai fait des études de génétique, d'épidémiologie. J'avais accès aux laboratoires top-secrets, aux souches des virus les plus dangereux... J'ai mis au point la recette de notre amour ! Je n'avais préparé que deux doses d'antidote, et je t'en ai transmis une. Nous sommes seuls sur terre, ensemble. Alors... tu sors avec moi ?

 

Julie continuait de le dévisager, bouche ouverte. Une grosse miette de chips adhérait au coin de ses lèvres. Elle n'avait jamais été plus belle.

-Je... continua Antoine, commençant à paniquer... tu ne comprends pas ? Nous sommes comme Roméo et Juliette, juste à l'envers. En plus beau. Nous vivons, et le monde qui ne nous permettait pas d'être ensemble n'est plus là ! S'il te plaît, Julie, dis-moi oui !

 

Julie continuait de le dévisager, bouche ouverte. Elle n'avais pas bougé. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Ce type a tué le monde entier ! Mais il l'a fait par amour pour toi ! Mais tout le monde, quoi ! C'est un fou ! Un dingue ! C'était un petit boutonneux, au collège ! Il veut sortir avec toi ! Il a tué tes parents ! Il a fait de toi la plus belle fille du monde ! Plus que Vanessa ! Il a toujours des traces de boutons sur la tronche ! Et il a tué tout le monde !

 

-Et heu. J'ai une grosse bite.

-Ha ? Ben d'accord, alors.

 

Ils vécurent heureux (surtout Antoine), mais ne parvinrent pas à repeupler la terre. Trois générations incestueuses plus tard, c'en était fini de l'humanité. Mais les ours blancs étaient sauvés.

 

 

(Total editing time : 02:04:22. Le défi était d'écrire une histoire d'amour en moins de deux heures. Comme j'ai passé cinq minutes au téléphone, j'estime avoir tenu ma part du contrat. Par contre, j'ai eu du mal sur la fin)

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28 juillet 2010 3 28 /07 /juillet /2010 21:00

Ha bé me vlà beau, les aminches. Pfoulala, si vous me passez l'expression.

Enfin, c'est une façon de parler. Parce que bon, j'ai perdu mes ciseaux à barbe (oui, encore), du coup je me retrouve avec une barbe plus touffue que mes cheveux, je suis en short et chaussettes et j'ai le ticheurte qui me colle aux plis du gras avec la sueur (et la poussière qui colle au front, aussi. Ca fait mal quand je gratte). Du coup, esthétiquement, c'est pas trop ça, mais bon, ça c'est pas grave, que reviennent les ciseaux et la motivation à perdre un tas de gras, et je serai l'adonis des hôtes de...

 

De où justement ? Parce que là, je trouve pas. Bon, j'ai pas encore épuisé toutes mes cartes. J'ai tenté deux offres de coloc, mais elles étaient déjà prises. J'ai visité deux appartements trop grands et trop chers (même si l'un avait l'avantage d'être situé au dessus d'une pizzéria), et une villa plus petite mais trop chère et bon, il faudrait que j'élève des poules pour rentabiliser la cour, et les poules me font peur, avec leurs petits yeux méchants. Me reste une visite demain, madame Bobst un peu plus tard (j'essaierai de me faire accompagner), plus ce que je trouverai si j'y arrive.

 

Mais bon, là n'est pas l'origine de mon me vlà beau. Je dis ça, parce que je me retrouve tout seul, dans un monde plein de gens qui ont déjà trouvé leurs colocataires, et de boulot que je ne sais plus comment faire, vu que mon deuxième patron m'a lâchement lâché pour retrouver l'arrière-pays montpellierain.

 

Je n'aime pas trop être tout seul. Enfin si, j'aime bien être tout seul quand je veux être devant internet ou lire un bouquin ou pioncer sur le canapé tranquillement, ce qui est difficile quand mes hébergeurs (enfin, futurs expulseurs, les Brice Hortefeux de la famille*), parce qu'ils insistent pour que je ne jette pas les chats dehors, et quand les chats ne sont pas dehors, ils me grimpent sur le ventre, m'écrasent joyeusement les testicules et plantent leur griffes dans mes cuisses en ronronnant.

 

Mais là, je suis tout seul tout seul. Je viens tout seul au bureau en taxi, je passe la journée tout seul dans mon bureau, à ne pas savoir comment faire ce que je dois faire, comme je n'ai personne avec qui manger à la cantine, je reste tout seul dans mon bureau avec quelques pastilles Vichy, puis je rentre tout seul écrire tout seul des notes de blog et me dire tout seul qu'il faudrait que je cherche mieux des appartements, et pas plus tard que demain parce que là, ouf, j'ai pas le numéro des gens, je l'ai oublié sur mon bureau, ou je l'ai que sur internet et là internet est coupé parce qu'il n'y a pas de courant et qu'en plus le groupe électrogène marche pas, et je réchauffe tout seul, à la lueur d'une lampe frontale, une casserole de patates-saucisses pour une personne qu'Emmanuel a fait tout seul, et je regarde tout seul des épisodes de docteur House parce que j'ai pas envie de regarder tout seul Breaking Bad et que j'ai pas téléchargé the IT Crowd encore, et je vais tout seul entre mes draps que j'ai trempés tout seul de sueur jusqu'à pouvoir m'imaginer que ce sont des serviettes de bain.

 

Heureusement qu'il y a internet pour se croire moins tout seul. Par exemple, j'ai échangé pas moins de 7 messages en une semaine avec un gentil monsieur de chez Rivière Blanche, mais j'ai beau insister pour lui donner mes sous, il arrête pas de me dire que ça sert à rien et qu'acheter l'Importance de ton Regard ne vaut pas le coup**.

 

Bon, plus que 17 mois tout seul (si je trouve un appart) et je serai riche et tout seul.

Parce que c'est quand même le gros avantage d'être tout seul : on fait rien, donc on dépense rien, donc on devient riche comme des Crésus tout seuls.

 

 

*d'où le titre

**pour le moment, parce que son collègue chargé des envois est en vacances, et qu'il faut que je passe ma commande la semaine prochaine, du coup.

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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 19:42

Il doit bien arriver à des gens de se retourner sur leur passé et de se dire que quand même, c'est vraiment trop injuste, et que la vie est vraiment une pute qui te fait payer chacune de ses faveurs au prix fort. Et malgré ça, c'est toi qui te retrouve baisé.

Ce n'est pas mon cas. Pour moi, la vie est une nymphomane avide de s'attirer mon attention et prête à satisfaire tous mes besoins presque avant que je me rende compte que j'en avais.

Par exemple, j'ai envie d'un frère et d'une soeur, comme ça, j'en fais la remarque au bord d'une fontaine à souhaits, et hop, ma mère pond une paire de jumeaux. Je veux une école en particulier à mes concours, celle près de chez mes tantes ? Paf, la voilà. Je commence à m'ennuyer en cours de chinois, pas compliqué, elle m'envoie au Sénégal gagner des sous (immoralement trop de sous, si j'en crois ce qu'on m'a dit des tarifs des missions).

 

Vous direz sans doute que ce n'est que du bol. Du hasard. Peut-être, n'empêche qu'au bout d'un moment, ça devient troublant, qu'on me veuille autant de bien quelque part.

 

Prenez hier. Je bosse sur un base de données de 80 tables, qui se trouve sur un serveur. On me demande de faire un modèle physique de données de ce machin. Si vous êtes comme moi, vous faites : « uh ? » et vous allez voir sur internet ce que ça veut dire, et qu'est-ce qui peut le faire à votre place gratuitement parce qu'il faut pas déconner quand même, on est dans un institut d'état, et que le budget est parti dans un nouveau robinet et un siphon tout neuf aussi dans les cabinets.

Bon, je trouve des logiciels. Oui mais voilà, ma base, c'est pas un machin simple en MySQL ou Access, ce serait trop facile, on est chez des chercheurs là, il faut qu'ils se la pètent avec du matériel que personne ne comprend, sinon ils auraient l'air de guignols, quoi. Donc, on a une base PostgreSQL. Et bien sûr, rien ne marche simplement avec PostgreSQL. Il faut donc, découvré-je au hasard du net, me connecter à la base via ODBC. Ne me demandez pas ce que c'est, j'en ai pas la moindre idée. Une couche d'abstraction, m'a-t-on soufflé à l'oreille quand j'ai posé la question à un coupaing. Ce qui m'a bien avancé, comme vous pouvez vous en douter.

Bon. Tout ça ne serait pas bien grave si les logiciels se chargeaient tout seuls de se connecter par ODBC à la base. Ce qui serait trop simple. Il faut les configurer. Et comment ça se fait, je n'en ai pas la moindre idée.

Je tâtonne donc, me gratte la tête, installe un pilote ODBC-PostrgreSQL, constate que ça ne fait rien, me détend sur une ou deux notes de blogs, cherche un peu sur le net en tapant « installer pilote odbc postgresql », et bon, comme me l'indique le premier machin que je trouve, vais fouiller dans les outils de gestion d'administration windows, et configure au pifomètre ma source de données. Et là, paf, ça marche : windows trouve ma base de données. Ou au moins, quelque chose. Déjà, c'est miraculeux.

 

Mais là où c'est encore plus beau, c'est qu'en allant farfouiller de manière complètement bordélique et déprimée dans les logiciels en essayant de rentrer des machins là où on me demande d'entrer des machins, au troisième coup, paf, ça marche. J'en croyais pas mes yeux. Un ordi qui fait ce que je lui demande sans que je comprenne moi-même ce que je lui demandais, c'était la première fois.

 

Alors qu'en plus, quand je fouillais le net à la recherche d'aide, tout ce que je trouvais sur ces logiciels et leur compatibilité avec Postgre, c'était des messages sur des forums appelant au secours et datant de mai 2005. Les messages suivants étaient du même auteur, pour dire « s'il vous plait, allez, quoi, aidez-moi, mon patron va me virer, je pleure sur mon ordi là, soyez pas chiens ». J'étais un peu triste pour lui, et j'avais un peu peur pour moi.

 

Pas de raison. Le logiciel s'est connecté à la base sans rien dire, et quand je lui demande de faire de la rétro-ingénierie, il me dit « OK, boss ». Comme ça (enfin, presque). Et paf, apparaît sur mon écran, par magie, un tas de tables et de lignes juste comme j'espérais que ça ferait. Jamais dans mes rêves les plus fous je n'aurais pu espérer ça. L'informatique comprend mieux que moi ce que je lui demande.

 

Ça a continué aujourd'hui. J'ai deux ordis en ce moment, si vous avez suivi, un sous windows et un sous ubuntu, et j'appelle l'informaticien pour me les connecter à l'imprimante, et en quinze secondes, j'ai réussi à le faire (sans instruction de sa part) sous linux, alors qu'il lui a fallu une heure sur le PC windows.

 

Décidément, je suis béni des dieux.

 

Maintenant, j'attends que la vie me trouve une coloc (si possible, avec une jolie gonzesse qui fasse la cuisine et le ménage). Je lui fais confiance, elle ne m'a pas encore fait défaut.

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 20:42

 

Je suis né pour être un chancre. Je suis né pour vivre aux crochets de gens dont la seule joie est que je sois à leurs côtés. Ils n'ont pas tort : non seulement j'ajoute une touche fresh and fluffy d'une élégance rare aux canapés, mais je suis en plus d'une facilité à vivre déconcertante, dès lors que je suis nourri, blanchi, et qu'on ne me demande pas de faire la vaisselle ou la cuisine. Je peux même mettre mon linge sale dans un panier.

Ne croyez pas que je ne sois pas capable de servir à quelque chose, ce serait faux, archifaux. Je suis un très éminent fournisseur de bonnes séries télé, et je nourris les chats quand leurs maîtres sont en vacances (sauf ce matin, mais j'étais en retard, puis bon, je suis allé leur acheter à bouffer hier, alors hein).

Mais bon, mon naturel m'incline vers la glande les doigts de pied en éventail.

Je suis fait pour ça. C'est un don, on l'a ou on l'a pas, ne vous frappez pas.

 

Tenez, quand mes parents indignes quittèrent le pays pour aller se la couler douce au Maghreb, j'aurais pu faire comme des amis à moi et trouver un appart crasseux dans les bas-fonds rennais, où j'aurais payé un loyer, fait mon ménage et mes lessives, et même ma cuisine.

J'aurais pu. Mais j'ai su faire face à l'adversité, et profiter d'une paire de bonnes poires (qui ont également la casquette de merveilleuses tantes) pour s'occuper de ma lessive quand je quittais le confort douillet de ma cité universitaire le temps d'un week-end durant lequel la cantine n'était plus assurée.

 

Cela étant dit, mes instincts sont contrariés, en ce moment.

 

Je vous rassure, je suis encore logé, nourri et blanchi. Pour le moment. Parce que figurez-vous que je vais devoir quitter le logement que j'occupe, ses gardiens, son cuisinier et sa connexion internet. Et ses chats, parce qu'il faut bien qu'il y ait quelque chose à quoi le malheur soit bon.

 

Hélas, ça ne va pas durer. Je vais me faire expulser, dans un tout petit mois, par mes propriétaires qui m'abandonnent lâchement pour partir en Bretagne. Alors qu'on a même pas fini les séries qu'on regardait ensemble. Ces gens sont d'une grossièreté rare, mais que peut-on attendre de gens dont la seule réplique, quand on leur raconte que leur saleté de chat a compissé vos vêtements du dimanche, est « Comme elle est mignonne ! » ?

Grossiers, certes, mais ils avaient leurs bons côtés (la maison et ses gardiens, son cuisinier et sa connexion internet).

 

Enfin, je ne suis pas là pour récriminer. Ils sont partis en vacances, cela leur a suffi pour oublier tout ce que je leur ai apporté en termes d'enrichissement intellectuel et de joie dans leur foyer.

 

Je dois m'en aller. Je dois trouver un appartement ou une maison à moi. Je ne veux pas. Ca ne me tente pas le moins du monde. J'ai jeté un oeil, par acquit de conscience, sur les sites d'expatriés. J'aimerais bien, puisque j'y suis forcé, trouver au moins une colocation avec des gens doués en cuisine, en ménage et en repassage. (par contre, je n'envisage pas de me marier, si ça résout ce genre de problème, ça en pose bien trop d'autres).

 

Je ne veux pas chercher. Ça me déprime profondément. Je ne suis pas fait pour chercher. Je suis fait pour que tout me tombe tout cuit dans le bec (sauf les raviolis, je peux les faire réchauffer, si il n'y a pas de coupure de courant).

 

Du coup, que fais-je ? Je me retrouve seul devant mon PC à procrastiner en faisant une note de blog plutôt que de chercher.

C'est mal et j'ai honte. Mais seulement un peu.

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14 juillet 2010 3 14 /07 /juillet /2010 16:42

Ha ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne, ça est le quatorze juillet, sortons les flonflons et dansons la carmagnole !

 

Oui, fêtons tous ensemble la fête de l'indépendance de la France, comme le dit Emmanuel, la main qui me nourrit à la maison.

 

J'avais failli l'oublier, celle-là. Heureusement que mon patron m'a appelé hier pour me dire qu'on ne bossait pas aujourd'hui à cause du 14 juillet.

En fait, la France ne me manque pas trop, là. Je me suis habitué au Sénégal. Je ne m'étonne plus de rien. Même voir des tanks faire la queue à la station-service n'imprime qu'à peine. Ho, des tanks. Ca va pas arranger l'état de la route, ça. Ha oui, c'est les tanks français pour le défilé de demain.

 

Ha si, il y a des trucs français qui me manquent un peu. Tenez, ce matin, réveillé à l'aube par les hurlements des moutons qui squattent sous ma fenêtre (parce la vache, ça braille, ces bestiaux), je n'ai eu d'électricité que vers 13h. Hé ben, ça me fait me dire que le réseau électrique, en France, il est pas si mal.

 

Bon, je critique, mais hier, j'étais bien content : après la série de coupures au boulot (une dizaine dans l'après-midi) prises en charge par le groupe électrogène la veille, il a pas dû tenir le coup, et hier, il a plus marché. Du coup, comme mon ordi rechigne un peu à bosser sans électricité, sur les conseils du patron (pas le patron feignant qu'est en vacances, l'autre), je suis rentré à la maison essayer de bosser. Sauf qu'entre 13h et 20h, j'ai dû avoir une demi-heure de courant à tout casser, juste ce qui était nécessaire pour vérifier mes mails et regarder un peu lemonde.fr, rue89 et lequipe.fr. Le reste du temps, j'ai dû roupiller à moitié sur un bouquin à la couverture attrayante (y'a un mammouth dessus) mais au contenu plus barbant (le PostgreSQL, en fait, ouais, c'est un peu chiant).

Comme j'ai des scrupules à ne rien faire, des fois, et que je sais que mon patron me surveille via ce blog, j'ai quand même essayé de faire un modèle concepturel de données pour créer une base de données avec des machins innommables. Par exemple, pour localiser un échantillon, tu as un village, une station, un site, un transect, une placette et un réplicat. Plus pour certains une benne et une MF (ne me demandez pas ce que ça veut dire, je n'en ai pas la moindre idée). C'est un sacré foutoir. Et je parle même pas de ce qu'il y a dedans, je vais en chier.

 

Mais moins que pour trouver une coloc. Il faut vraiment que je m'y remette. Et c'est là surtout que la France me manque parce que là-bas, au moins, j'avais une maison, même si j'y payais des milles zet des cents pour le gaz (et continue de les payer, d'ailleurs). Pas de souci de ce côté, bordel à cul.

 

Bon. A part ça, et à part les gens, et à part les librairies, la France ne me manque pas.

 

Et je vais m'arrêter là, parce que croyez-le ou non, mais après environ une heure d'électricité, ça vient de recouper, et mon ordinateur vient de m'indiquer quelque chose comme  :

 

Attention, batterie faible. Chargée à 100%, temps restant estimé : 4 minutes.

 

Avec un peu de chance, je pourrai mettre ça en ligne aujourd'hui.

 

 

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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 12:42

Bon.

 

Depuis que je suis rentré du Portugal, force m'est de reconnaître que je ne fiche rien. Je vais au bureau, je tente de comprendre le fonctionnement de bases de données antiques (qui ont été transformées en deux bases de données qui ont été transformées en une base de données qui a été transformée en une autre base de données qu'on utilise pour créer deux bases de données servant à saisir ce qu'on rentrera dans la base précédente en passant par celle d'avant celle-là), je mange, je regarde le foot à la télé, je me fais violence pour regarder les annonces pour colocs à Dakar (si, je l'ai fait, pour de vrai), j'envoie quelques mails pour avoir des devis pour un ordinateur, je regarde la coupe Davis, je dors.

 

Je donne à manger à des chats. Puis je recommence. Ils viennent me griffer les cuisses, me couvrir de poils, me donner des coups de boule dans les mollets, tentent de me tuer dans les escaliers.

 

Et je transpire. Je me vide de litres de sueur, qui va imprégner mes draps et mes fringues. Je pourrai me racler la couche de sel sous mes aisselles avec une truelle et la vendre aux restaurants gastronomiques.

 

Je n'ai envie de rien faire. Surtout pas des notes de blog. Dire qu'on ne fait rien, c'est le degré zéro de la note de blog. J'espérais mieux pour le mien. Mais non. C'est raté, définitivement raté.

 

Au point où j'en suis, je peux même y coller des clips de Lady Gaga.

 

 

 

 

Voilà qui est fait.

Au moins, j'aurai du mal à tomber plus bas.

 

Maintenant, venez me plaindre. C'est un ordre.

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 20:42

Chers petits camarades, je suis sûr qu'une fois de plus, vous vous demandiez, le front plissé par une inquiétude difficile à refouler « mais bon sang, que fait-il ? Pourquoi ne nous fournit-il pas notre dose quotidienne de [insérez ici ce que vous recherchez sur ce blog, personnellement j'ai du mal à comprendre ce que vous pouvez bien fiche ici] ? Est-il retenu en otage par des FARC sénégalais ? »

 

La réponse est simple : j'étais en vacances. Je suis parti découvrir pendant une petite semaine les charmes discrets du Portugal. Car le Portugal, contrairement à ses femmes, n'est pas dénué de charme(1). Enfin, Lisbonne ne l'est pas, du moins, avec ses rues pleines d'arbres, de pastelaria, de jogos, de torre de Belem imposante, de fort de machin avec des bouts de vaisselle dans la cave, d'Assemblée nationale, de bustes en bronze et de plaques.

Car il faut bien dire que si je suis parti à Lisbonne, ce n'était pas que pour faire du tourisme, rire de la défaite d'une autre équipe que la France devant un écran géant, manger de la bacalhau a Bras et des pachteiches de Beleignme et extorquer de l'argent à mes parents.

 

Non non non.

 

J'y étais venu pour renouveler ma garde-robe et aller chez le barbier.

 

Certes, me direz-vous, j'aurais pu faire tout ça à Dakar, mais je trouve beaucoup plus classe d'aller à Lichboua me faire rafraîchir la barbe et les cheveux par un vieillard bossu (en priant pour que mon interprète ne lui fasse pas une traduction fantaisiste de « plus court que maintenant, mais pas trop »), quitte à passer ensuite une demi-heure dans la salle de bain de mon hôte à me faire raboter les tifs qui dépassent par une tante compatissante. De même, je ne saurais acheter mes caleçons sur la route du front de terre, entre le pont de Hann et Capa. Je les achète au Corte Ingles.

Par contre, je me fournis en cravates au musée de la Marine portugais, après avoir admiré les doris de pêche à la morue et les galères imposantes de souverains décadents.

 

Car oui, j'ai mis, pour la première fois de ma vie, une cravate. Achetée au musée de la Marine. Par dessus une chemise classieuse soigneusement rentrée dedans mon pantalon et bloquée par ma ceinture en cuir. (pour la ceinture, mettons que c'était la deuxième fois que j'en mettais. J'ai un ventre qui la remplace avantageusement (2)

Ca fait bizarre, de porter une cravate. Ca pèse comme l'Anneau de Frodon. Mais c'était pour la bonne cause : il me fallait bien ça pour siroter un porto en lisant le Monde économique dans la bibliothèque de l'Assemblée de la République, après la troisième cérémonie d'hommage au grand-père de mes cousines (après le lancement de sa biographie et la pose d'une plaque sur la maison où je me suis fait couper les cheveux, mais avant l'inauguration du buste à côté du siège du Parti Socialiste).

(oui, c'était un grand monsieur, que je vous laisserai découvrir tout seuls, parce que hé, hein, c'est mon blog ici, et même si acheter une cravate est moins passionnant qu'échapper à la police fasciste décidée à vous éliminer, c'est mes aventures à moi que je raconte. Puis je ne prétendrai surtout pas être capable de le présenter comme il le mérite, d'autant que je n'ai rien compris aux cérémonies, vu que je n'entrave pas un mot de portugais. Tout ce que j'ai pigé, c'est que selon le sculpteur, c'était le dernier socialiste qu'il ait connu, ce qui n'a pas dû plaire aux pontes du PS présents).

 

Enfin bon, me revoilà, frais et fringant, et tout seul dans une grande maison à Dakar. Enfin, presque tout seul. Il y a les chats. Ils doivent être contents de me voir, ils ont déjà généreusement compissé mon bac à linge sale. Comme ils sont mignons.


(1) c'est bien sûr faux. Les portugaises sont roulées comme un bon kloug, ont des cuisses longues comme ça et bronzées comme ça, qu'elles n'hésitent pas à exposer à tous les vents. Pour tout dire, je suis revenu avec un torticolis.


(2) Par bonheur, le destin n'a pas voulu qu'il reste des preuves de cette abomination, et a mystérieusement effacé toutes les photos de votre serviteur encravaté, au grand désespoir de mon papa.

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 20:42

Mercredi 23 juin.

 

Retour de mission de pêche expérimentale dans le Sine-Saloum. Mauvaise idée de pêcher en vives-eaux : les poissons se sont planqués. Enfin, après annulation de la mission, désannulation, réannulation et redésannulation, on pouvait difficilement espérer mieux.

 

Temps oscillant entre agréable, très agréable, et ce qu'on connaît dans le monde scientifique comme « une putain de grosse saucée ». Se battre sous la pluie pour fermer la bâche du bateau, se battre avec pour la remonter afin que le pilote puisse voir où il va, on finit aussi mouillé que sans bâche.

 

Pêche anecdotique, donc, mais vu des flamants roses en vol, et des aigles pêcheurs, des sternes et des martins-pêcheurs en pêche, ces derniers chassant le poisson juvénile en crise d'adolescence, qui sautille en rond à la surface de l'eau, criant de tout son être « vazy vazy, attrape-moi si tu peux », et « haha tu m'as pas eu », jusqu'à ce qu'après deux ou trois tentatives, juste le temps de penser « gloups », il disparaisse dans un éclair argenté (c'est très joli).

 

Ai un peu pêché à la ligne, aussi. Carnage de Brachydeuteurus auritus, plus mon premier thiof, le roi des poissons sénégalais, relâché (parfaitement vif et fringant, il m'a esquinté un doigt) dans un élan de générosité teinté de restes de conscience écologiste auxquels n'ont pas eu droit ces couillons de Brachydeuterus fichus de se piquer à un hameçon sans appât.

 

Ai aussi pu constater que le plaisir de pisser dans l'eau la nuit restait intact. La tête dans les étoiles, le zgueg à la main, la musique glougloutante d'un pissou puissant pour seul son audible dans un paysage fantômatique dominé par les ombres projetées par la lune, on se sent le roi du monde (si on arrive à faire abstraction des ronflements des collègues). Je pourrais rester des heures immobile à contempler la mousse de mon urine dériver vers le lointain, si une obscure pudibonderie ne me poussait pas à ranger à l'abri mon petit matériel, brisant dans ce geste la magie du moment.

 

Ai également pu goûter aux charmes de la sieste après le labeur. Une fois le pont lavé et à peu près sec, me glisser par de savants mouvements de reptation du fessier sous la table, jusqu'à ce que mes pieds soient à l'abri du soleil. Laisser une brise volage s'insinuer amoureusement sous mon t-shirt et me caresser le torse de ses doigts frais.

Quel pied.

Même la réalisation que la réalité photographique (ie : un gros tas qui pionce sous une table en plastique, un Courrier International en guise d'oreiller) est moins romantique n'ôte rien au plaisir.

 

(je profite de cette occasion pour faire la promotion du planning familial : certes, quand vous avez un enfant, c'est tout beau et tout mignon comme ça :

 

 

mais ça finit par se transformer en ça :

 

http://img694.imageshack.us/img694/1179/p1070344i.jpg

 

Signalons au passage que d'abord, j'ai rien bu d'autre que de l'eau à bord, parce que je suis arrivé avec les boyaux un peu retournés, et que décidément, les collègues ont beau être proches de la retraite, ils sont restés très jeunes dans leurs têtes.)

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 19:42

J'ai un instant pensé faire un article insistant une fois encore sur la douleur et les sacrifices qu'entraîne la carrière imposée (parce que non, patron, on peut pas dire que j'ai vraiment eu le choix) de Disciple. Disciple, vous savez bien, celui de Léonard, celui qui « Sert la Science et c'est sa joie ». Celui qui en prend tout le temps plein la gueule.

 

J'ai pensé vous dire le déchirement de devoir quitter son disque dur et ses séries pour partir en réunion de trois jours, sous un soleil de plomb, en attendant des pluies tout aussi lourdes. Le stress provoqué par l'ordre de présenter un power point fait par un stagiaire, pour exposer son travail, quand on comprend à peine de quoi il s'agit, devant un parterre d'éminents et entes scientifiques quand on est soit même qu'un tâcheron bon à faire des pages web avec une légende qui bouge pas en bas à gauche de l'écran. L'angoisse de devoir revoir des anciens maîtres de stage qui vous en veulent encore d'avoir dû, par votre faute, écumer Google Scholar et les divers sites scientifiques, sans compter déranger une bibliothécaire acariâtre (elles le sont toutes), avant de découvrir qu'une des références de votre rapport de fin d'études était une BD (dont vous n'avez aucun souvenir). La réalisation que vous êtes un sacré barbeur à parler de séries télé à un malheureux économiste breton pendant tout un repas.

 

J'ai pensé vous narrer les pénibilités de la route, le harcèlement constant des vendeurs de machins auxquels vous vous sentez obligé d'acheter une bricole pour trois ronds, alors que vous vous enorgueillissiez de votre résistance à la pression des baratineurs, les aisselles moites, le port obligatoire de la honteuse casquette Heineken (1) (parce qu'il fait trop chaud et que vous n'avez que ça pour éviter l'insolation), la recherche infructueuse de distributeurs de billets qui en aient encore, sur douze banques et trois ville, l'obligation de retenir ses pets dans un minibus bondé des éminences précitées.

 

J'ai pensé vous dire tout ça, puis je me suis dit : « Pfff, mais je me fous de la gueule de qui, là ? (2). » Parce que la vérité, c'est ça : je suis parti pour trois jours dans un hôtel où j'ai ma case climatisée perso, avec douche et chiottes, plus grande que ma piaule d'étudiant, je suis cerné par ce que mon sexisme me force à décrire comme une tripotée de belles gonzesses, même si je peux tenter de faire croire que ce ne sont que d'éminentes scientifiques, j'ai trouvé quelqu'un à qui tenir la jambe sur des séries télé pendant le repas, qui est trop poli pour me faire remarquer que je suis un sacré barbeur, il y a des singes et des piafs et des crabes violonistes tout autour de l'hôtel, sans compter les chauves-souris grosses comme ça qui se suspendent aux poutres de la salle à manger, je peux me moquer de mon ancien maître de stage qui paye son taxi vachement trop cher, je peux me faire mousser en racontant aux néo-dépucelés de l'Afrique Noire que mais nan, j'ai trop pas peur du palu, que la malarone c'est bon pour les touristes qui passent que trois jours ici en sous-entendant que je suis trop un aventurier ouf dans sa tête par rapport à eux, je peux plonger dans une piscine trop chaude, j'ai des balades en pirogue qui m'attendent, y'a pas de moustique dans ma case, dire du mal de certains de mes anciens profs (mais pas d'autres) avec des gens sympas (« Lui, il brasse de l'air ? Ha oui, en effet, c'est le moins qu'on puisse dire »), écouter des économistes accoudés au bar dire des présentations pleines de statistiques des halieutes « t'as compris quelque chose, toi ? Ptain j'ai rien suivi », puis passer à un groupe d'halieutes en train de pester « raah, les présentations de ce matin des économistes, j'ai compris deux mots : « Etat » et « géographie », retrouver des gens sympas de votre ancienne école...

 

Tout ça en échange de quoi ?

Ben, à part la présentation du travail de quelqu'un d'autre, pas grand-chose. Assister à des présentations d'autres personnes. Bon, ça peut toujours être intéressant, au moins, j'en sortirai pas plus con.

 

Ouais, en fait, c'est plutôt pas trop dur.

 

(1) Offerte par mon patron, qui l'a gagnée à une soirée sponsorisée par Heineken. Un lot en fonction du nombre de bières achetées. Il a eu deux casquettes, un bob, trois t-shirts, une housse de couette, un assortiment de linge de maison, une tireuse de bar et un dirigeable.

(2) Oui, lecteur, c'est bien de toi qu'il s'agit. Pardon.

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