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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 14:42

Je me souviens.


J'ai été au Québec, une fois. A Québec. Apprendre la vraie belle langue aux autochtones patoisants et leur apporter la culture délicate de la métropole. C'était mon destin, mon sacerdoce. Avec l'apprentissage des boisés urbains, de l'horticulture en milieu froid et de la nutrition américaine que j'allais étudier au passage, mais bon, hein c'était accessoire.


J'allais leur apprendre la langue de leur mère patrie, la France, terre des Lumières, des Arts, des Belles-Lettres, du fromage coulant et de l'imparfait du subjonctif. J'étais donc parti, la fleur au fusil, des rêves de cariboux plein la tête, et l'espoir de montrer à ces gens de quoi qu'y s'agissait que le vrai français, nom d'une pipe. Et tant pis si je devais pour ça perdre mes deux genoux dans une expédition hasardeuse en raquettes, tant pis si je devais me nourrir de gâteaux au sirop d'érable pendant quatre mois parce qu'ils n'ont ni Prince de Lu ni saucisson digne de ce nom, tant pis si je devais me farcir la cassette de Les Boys et la version doublée en québécois des Simpson (franchement, la française est mille fois meilleure, y'a pas de comparaison, les enfants).


Ce serait dur, mais j'allais leur apprendre que leur accent était ridicule et tue-l'amour (bien pour ça que j'ai soulevé aucune québécoise), qu'ils devaient pas pavoiser en prétendant que leur français était plus pur que le nôtre vu que c'est l'accent des bouseux normands (et il est peu de régions aussi bouseuse que la Normandie, sinon éventuellement la Creuse ou la Haute-Marne).


J'allais leur faire comprendre que leur tendance à la francisation massive de termes anglo-saxons était ridicule, que la belle langue qu'est le français s'était forgée par intégration de mots étrangers, et qu'il n'y avait aucune honte à faire du shopping tandis que le magasinage faisait plutôt penser à du travail de manutention pour intérimaire mexicain.


J'allais aussi leur démontrer que le fromage pouvait prendre bien d'autres formes que l'espèce de pâte jaune et sans goût qu'ils appellent cheddar (qui n'est déjà pas un vrai nom de fromage).

J'allais leur apprendre que le vin de glace ne valait pas le Saint-Emilion, ni les fraises de l'Île d'Orléans celles de Plougastel


Ca allait être l'oeuvre civilisatrice de ma vie. Apporter la connaissance à des personnes privées des lumières de la France.


Et j'allais commencer par mes collègues étudiants de l'Université Laval, ouais ! Ils allaient voir ce qu'ils allaient voir ! D'abord, en trouver, puis sympathiser, puis les convertir à la pensée vraie, c'était mon programme !


Peine perdue.


Les Québécois ne font pas la cuisine dans les cuisines géantes de l'université. Ils se cachent.

Du coup, je n'ai pu illuminer que des Mexicains et des Belges. Et des français. C'est toujours ça, mais bon.


N'empêche que j'aurais bien aimé voir à quoi ça ressemblait, un québécois.


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commentaires

E
Hey nous on a des quebecouais, ici, tabeurnach, et puis aussi du cheddar et beaucoup de gens a civiliser.Bien nous voir!
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