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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 11:42

Non, je ne parle pas de la fin de la terre dans un nouveau big bang ou un trou noir dû à l'audace de scientifiques inconscients, ça a été bien assez abordé et de toute façon, c'était faux, la preuve, on est là. Non, je parle de la fin de mon temps. Je ne suis plus rien.

Il y a peu, encore, je faisais partie d'une élite : j'étais ingénieur agro-halieute spécialisé en gestion des zones côtières. En réorientation plus ou moins subconsciente, peut-être, mais néanmoins l'heureux produit d'une formation présentée avec de gros égards pour notre ego et celui du professeur responsable de ladite formation, aujourd'hui retraité.

Si je me souviens bien, il devait y avoir des mots qui sonnaient bien dans l'intitulé de notre spécialité, comme « gestion » (ça, j'en suis à peu près sûr ), « développement », « intégration », « durable », j'en passe et des meilleurs.


C'était des beaux mots, dont l'application sur notre amour-propre apaisait la brûlure de la conscience de notre inutilité et de la vanité de notre existence. Mine de rien, ça soulageait un peu, tout ça. Ca nous faisait oublier que ce qu'on avait appris de plus important en trois semestres, c'était de pas mélanger rouge et rosé au même repas.


Puis on était ensemble dans cette formation, un tiers de notre promotion de vaillants halieutes, rudes au mal, au visage tanné par l'air rude de la Bretagne intérieure, de fines rides au coin de nos yeux constamment agressés par le brassage d'air constituant nos cours. Un fameux tiers, y'avait Coin-coin, le plus gentil de l'école, y'avait Edouard, le psychopathe à capuche, Alex qui portait une peau de bébé phoque sur la têtee, et co-fondatrice du CCC (Comité Contre les Cétacés), et y'avait les autres, et on était là, soudés, un groupe dans un groupe, une élite GIZC dans une élite halieute, ça donnait du baume au coeur et du Guy Cotten dans les armoires, on était beaux, on était fiers, on était vivants, on sentait bon la marée matinale.


Aujourd'hui, ma vie s'est effondrée, et des larmes salées comme la mer que ma formation voulait me faire protéger roulent le long de mes joues, coulent dans ma barbe, éclaircissent ma soupe aux nouilles. Ma raison d'être, l'ultime étape de ce que devait être ma formation, ce vers quoi devait tendre ma vie, la spécialité GIZC de l'ENSAR, mon école, a disparu.


Notre usurpation a été mise à jour. L'inutilité publique de tout ce à quoi on croyait a été reconnue officiellement. Nous ne sommes plus rien. Je ne suis plus rien.


Comme me le disait avec optimisme Alex, nous sommes des collectors. Mais un collector, c'est rarement un truc que tu vends des mille et des cents sur eBay, c'est plutôt un truc que tu mets au placard sans le sortir de son emballage. Que tu regardes à peine. Dont tu espères vaguement qu'il prendra de la valeur mais sans trop y croire, car quelles sont les chances ? Infimes.


Nous sommes finis. Bon, c'est pas comme si on s'y attendait pas un peu, hein. Déjà, un an avant la fin de la formation, on suppliait les plus jeunes de ne pas faire la même erreur que nous. On savait que la vie ne nous réservait rien de bon. D'ailleurs, Alex, elle bosse chez Nathan, maintenant, bien loin de l'halieutique, des zones côtières et des embruns.


Chienne de vie.


Nous ne sommes plus rien. Et maintenant, je me rends compte qu'on n'a jamais rien été.


Snirfl.

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commentaires

F
Grnx >> oué, on fait ça où ? Un pitit pèlerinage à Rennes ?Yoze>> Haha, j'y avais pensé, à ton cas. Vas-y, tu atteindras des sommets.Donio>> C'est les copains qui devraient m'inviter à picoler pour oubliercubik >>De ce point de vue, y'a du vrai...Aurélie>> Ca fait plizir de te voir ici :D Et si les normands veulent passer sur Paris, on se fera des bisous et on se racontera des histoires du bon vieux temps en buvant des bières à 5 euros aussi :)radasse>> je veux pas me lever tôt, moi. C'est pour ça que je continue les études.
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R
encore un coup de la jungle des études supérieures.j'avoue que le concept me plairait, mais qu'il m'enquiquinerait tout autant. c'est beau, tout de même, la france qui se lève tôt pour gagner plus. 
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A
Mooooooooooooh !! Allez Gaspard, relève la tête !!! C'est juste que la GIZC ça commençait à faire un peu trop bling-bling, tout le monde utilisait ce sigle à tort et à travers... Parce que, si on regarde bien, le fameux "GPECC" (imprononçable - au contraire de la "gisque" - à moins d'être un raccourci de "j'pue d'bec" ou j'ai mal aux pecs" ?) passons... Donc le fameux nouveau "GPECC" n'est finalement qu'une spé GIZC déguisée avec un nouveau nom histoire de ne pas faire trop d'ombre aux autres spécialités qui n'attiraient plus guère les foules !!! ;o)La creutitude du contenu... c'est une autre histoire ! et ça n'est dû qu'à ce que les étudiants ont envie de faire pendant ces 3 mois de sorties terrain : à la sortie de l'école on en a pour pas loin de 50 ans à essayer de sauver la planète bleue, alors autant profiter de notre jeunesse pour écumer les bars côtiers (non pas les poissons!)Sur ce bon courage pour la reconversion et si l'envie te prends de venir t'aérer en Normandie, tu es le bienvenu !tcho
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C
ah ben quand même! l'état fait enfin son travail >)
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D
Waaaaah, quand tu te sera vendu n'oublie pas de garder un peu de sous pour payer un coup à boire aux copains hein.
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