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30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 20:42

Une récente discussion sur facebook m'ayant rappelé la misère (soigneusement entretenue) de ma vie sociale, j'en profite pour tirer un instant ce blog de sa torpeur béate.

Car en effet, je n'ai vu personne d'autre que des membres de ma famille (et associés) depuis bien quatre mois, à l'exception de collègues de bureau (que je n'ai pas vus depuis un mois et demi et la fin de mon contrat). Je suis bien parti pour battre mon record d'asociabilité (en fait, il est possible que je l'aie déjà battu, mais je tiens quand même à le faire aller le plus loin possible).

Car cette asociabilité me permet de cacher un grave défaut de ma personnalité : je radote. Je me suis découvert (ou plus exactement, on m'a gentiment signalé, à de nombreuses reprises) ce travers il y a quelques temps maintenant, et je ne peux rien y faire : les trente premières minutes de notre rencontre, je serai le plus charmant des convives, jusqu'à ce que j'aie épuisé la totalité de mes anecdotes et que je commence à tourner en rond, ce qui est pénible non seulement pour mon interlocuteur mais aussi pour mon ego. Je me verrai alors forcé de quitter brusquement notre conversation, avec mes cliques et mes claques, et de rentrer chez moi pour pleurer sous la douche en me reprochant le manque d'initiative qui fait que mon stock d'anecdotes est constitué pour la majeure partie depuis avant ma naissance, tandis que je n'ai su l'enrichir que par une ou deux touristas qui sont mon entrée en matière favorite dans les conversations.

Afin de m'éviter ces moments douloureux (ainsi que d'économiser sur la facture d'eau), j'ai décidé de prendre les devants et de tout vous révéler ici, ce qui me permettra, si jamais nous nous rencontrons, de me défaire de toute contrainte conversationnelle, et ainsi de me bourrer tranquillement la gueule et de vous écouter en hochant la tête de temps en temps. (ceci est non contractuel, je me réserve le droit de vous pointer du goulot de ma bouteille en disant « ha mais carrément ! » et en hochant la tête un peu plus vigoureusement si l'envie m'en prend).

Prenons les choses dans l'ordre :

1) D'après les recherches généalogiques de mon papy, je suis le descendant (sans doute un poil indirect) de Saint-Pierre. Ça claque, hein ? Bon, pas LE Saint-Pierre qui m'assurerait une place au Paradis, mais Saint-Pierre Fourier, 9 décembre, qui m'assure (ou à ma descendance, je présume) une place au couvent des Marguerites (ou des Oiseaux, je me souviens plus. L'un ou l'autre), ce qui est pas si mal. C'est un peu la classe, parce que c'était pas le dernier des salauds, apparemement, impliqué dans la promotion de l'enseignement des filles et des trucs comme ça. Ça impressionne, hein ?

2) Moins impressionnant, pour compenser les gentils, on a des méchants dans la famille : mon papy (encore lui) a retrouvé des protestants qui s'étaient exilés en Allemagne durant les guerres de religion, dont les descendants se sont vus anoblis, puis officiers dans la Wehrmacht. Pas glop. Pas glop non plus, les émigrés de la famille partis en Afrique du Sud, possiblement des tortionnaires de l'apartheid.

3) Une de mes préférées : si je suis né, c'est grâce aux maîtresses de Paul Claudel. Plus exactement, c'est parce que mon arrière-grand-père a pu divorcer en faisant chanter Paul Claudel. Plus exactement, il a dû embaucher un détective privé pour faire suivre Paul Claudel parce qu'il refusait de le divorcer d'avec la femme qu'il avait épousée et qui couchait avec un médecin de l'armée et qui en était tombée enceinte. Et c'était Paul Claudel qui devait prononcer le divorce parce qu'il était consul en Indochine et il refusait de le faire parce que sa religion lui interdisait mais finalement quand le grand-papy l'a menacé de révéler toutes ses maîtresses locales il a bien voulu le divorcer et du coup grand-papy a rencontré grand-mamy et paf, ça a fait des chocapic. Heureusement que la chair est faible.

Pour être honnête, celle-là, la tante qui me l'a raconté prétend ne pas s'en souvenir. Mais peut-être que ce sont les descendants de Paul Claudel qui cherchent à la faire taire.

4) En plus du couvent des Marguerites (ou des oiseaux), normalement, on a aussi droit à l'entrée gratuite à la tour Eiffel, parce que c'est nous qui avons fourni les câbles des ascenseurs. J'espère quand même qu'ils ont été changés depuis. Comme nous sommes des gens simples, on est jamais allés réclamer.

5) Mon grand-oncle était poursuivi par Al-Qaeda. Qui introduisait des rats chez lui. Par hélicoptère. (Alzheimer peut être drôle, des fois (mais bon, c'est rare quand même)).

6) J'ai été mordu au genou par un poney, une fois. Du coup, j'ai eu droit à un tour gratuit. Ce fut un des plus beaux jours de ma vie, loin devant

7) Mon premier (et jusqu'ici, unique) strip-tease en public sur la place de Cayenne. À cause des fourmis. Parce que je m'étais endormi sur une fourmilière. Et qu'elles me sont toutes grimpé dessus, avant de mordre toutes en même temps. Du coup, hop, strip-tease. Sans réfléchir. Mais bon, c'était moins pire que ma tata qui a eu une fourmilière qui lui est tombée sur la tête depuis un arbre pendant qu'elle aidait à trimballer une pirogue et qui a dû se désaper et se jeter à l'eau devant ses collègues ravis (j'en ai parlé avec un d'entre eux, il s'en souvenait encore après vingt ans).

8) En parlant de mes tatas, il y a une malédiction dans ma famille qui fait que toutes les filles perdent un bout de doigt : ma première tante dans un transat agressif, ma deuxième dans une manoeuvre sur un voilier, ma troisième en nettoyant un couteau, ma quatrième je sais pas comment mais ça lui est sans doute arrivé (elle a réussi à se couper la jambe en trébuchant sur sa charrue dans son salon, au grand désarroi de son assureur), une cousine dans une porte, sa soeur aussi (je crois), ma soeur aussi (je sais) et mon autre soeur dans le mixer, en poussant les poireaux. Le destin est foufou.

9) J'ai déjà eu des voeux qui se sont réalisés pour de vrai, une fois en lançant une pièce dans une fontaine à voeux (j'ai demandé un frère et une soeur et j'ai eu les deux d'un coup)(et normalement, ma mère était pas enceinte à l'époque)(ou en tous cas, j'en savais rien), et une autre fois en voyant une étoile filante, j'ai fait le voeu de trouver des coquillages fermés parce qu'il y en avait marre des coquilles vides, et la nuit même il y a eu une tempête qui a fait échouer des milliers de palourdes sur la plage, pour enchanter mon réveil (et empuantir la plage pendant des jours).

10) Je n'ai pas vraiment vécu de moment que je pourrais qualifier d'"intenses", mais ce qui s'en rapprocherait le plus, outre le coup de la tempête de coquillages, c'est cette occasion où, lors d'une mission de pêche scientifique dans la mangrove sénégalaise, j'ai été pris, durant le repas, d'une crise de tourista que des prises régulières et prophylactiques d'imodium n'ont pas suffi à réfréner. Et bien, se retrouver aggripé à la rambarde d'un bateau de huit mètres, les reins ceints d'un bout de corde, les fesses au ras de l'eau, et se vider bruyamment d'un liquide pâle et abondant à quelques mètres des collègues en train de bouffer, c'est une expérience qu'il faut vivre une fois.

Le problème est qu'étant donné la nature de la tourista, je l'ai vécue trois fois en vingt minutes. Heureusement qu'il faisait nuit et que la circulation autour du bateau était limitée.

(quand le pilote est à un mètre cinquante de vous, c'est également un peu crispant. Mais se crisper ne sert à rien contre la tourista. Ça régule un peu la pression du jet, c'est tout.)

11) Enfin, j'ai fait du chinois et du tricot. Mais je ne saurais pas dire "je fais du tricot" en chinois.

Voilà, vous savez tout de moi. Oui, c'est un peu triste. Nous pouvons donc continuer à ne pas nous voir. Nous nous en porterons tous mieux, j'en suis sûr.

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commentaires

G
&gt; je n'ai vu personne d'autre que des membres de ma famille (et associés) depuis bien quatre mois<br /> <br /> Respect.
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F
Merci. Ce n'est pas si difficile, en fait, il faut de la volonté.
M
ha ha ha mais quel fou rire ce matin merci
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R
ben ? et tu racontes pas ta tourista sur le bateau ? comment faire caca le cul par dessus bord en se tenant comme on peu ( et en abandonnant toute dignité surtout )
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